À la faveur de marchés boursiers haussiers, les assurés ont davantage choisi les options de placement à gestion active dans leur police de vie universelle au détriment des fonds à indices.Jadis l’apanage de quelques compagnies, les options de placement liées à des fonds d’investissement ou à des portefeuilles de fonds prolifèrent maintenant dans le marché des produits d’assurance vie universelle. Les envolées récentes des marchés boursiers ont fait oublier aux investisseurs les jours sombres de l’ère post-Enron.
Des noms de compagnies de fonds communs connues comme AGF, AIM-Trimark, Bissett, CI, Fidelity, Mackenzie et Templeton figurent régulièrement dans l’éventail des choix offerts dans l’ensemble du marché.
Selon le vice-président et actuaire en tarification pour les produits d’assurance vie chez Transamerica Vie Canada, Joe Kordovi, cette tendance chez les investisseurs de lorgner les stratégies plus risquées comme la gestion active est très nette.
Ces investisseurs se divisent d’ailleurs en trois camps, ajoute M. Kordovi. « Le vent change depuis 2004. Maintenant, un tiers des investisseurs vont vers les fonds communs, un tiers du côté des fonds indiciels et un autre tiers vers les certificats de placement garanti (CPG). Ce qui attire maintenant, ce sont les portefeuilles de fonds et les fonds communs avec des frais de gestion plus bas », constate-t-il.
Il rappelle à ce titre que Transamerica a ajouté douze fonds communs à sa gamme de produits en novembre dernier afin de répondre à la demande des courtiers.
Conseiller, développement des produits, assurance individuelle à l’Industrielle Alliance, Martin Vézina abonde dans le même sens. « Ce sont les comptes à gestion active par des gestionnaires externes qui sont les plus populaires. Les gens préfèrent ces derniers pour leur potentiel plus grand de rendement et leurs bonnes feuilles de route. »
L’Industrielle a aussi élargi la gamme de ses placements à gestion active, ajoutant huit nouveaux fonds à sa police.
Accès à l’expertise
Les assurés qui investissent au sein des polices de vie universelle veulent se donner un accès direct à l’expertise de gestionnaires actifs.
Les investisseurs n’hésitent plus à opter pour des fonds de portefeuille d’actions canadiennes, même les plus dynamiques, parce qu’ils peuvent bénéficier de la connaissance des gestionnaires de fonds, croit pour sa part Saundra Edwards, vice-présidente adjointe, marketing, assurance vie individuelle pour Great-West, Canada-Vie et London Life.
Présentement, les fonds d’actions canadiennes allant des fonds équilibrés aux fonds dynamiques sont les plus populaires, fait observer Mme Edwards.
Parmi les familles qui remportent beaucoup de popularité chez les investisseurs, elle cite Greystone. London Life a d’ailleurs ajouté trois fonds de cette famille à son produit. Les fonds ABC, au sein du produit de Canada-Vie, remportent aussi un franc succès.
C’est que l’assuré investisseur est plus sophistiqué que jamais, croit Saundra Edwards. Plus près de sa retraite, il veut des choix; il veut accéder à ses fonds communs préférés, poursuit-elle.
Des risques calculés
Avec ce vent en faveur de la gestion active, les investisseurs veulent prendre plus de risques qu’en se limitant à un indice passif. Mais ils veulent aujourd’hui prendre des risques calculés. Fini l’époque des grandes spéculations, clament les experts en vie universelle.
Martin Vézina se rappelle l’époque, où les investisseurs n’en avaient que pour le fonds Nasdaq. « Beaucoup de gens voulaient en avoir dans leurs investissements de vie universelle. Aujourd’hui, il connaît peu de popularité. Les gens recherchent maintenant des produits plus sûrs », signale-t-il.
Chez Standard Life, le directeur du développement et de la gestion des produits d’assurance, Jean Roy constate cette tendance à la sécurité. Toutefois, il émet un son de cloche discordant: il dit ne pas observer d’engouement particulier pour les comptes à gestion active.
Les clients de son produit de vie universelle tendent en effet à favoriser davantage les comptes indiciels que les comptes à intérêt et ceux à gestion active. « Ils achètent plus du côté indiciel que des fonds fixes. Les fonds d’indice canadiens, par exemple, produisent beaucoup d’entrées de primes excédentaires. » Il observe par ailleurs que la clientèle choisit souvent des fonds équilibrés.
Si l’assurance vie universelle rallie un nombre croissant de clients malgré les dernières années difficiles, c’est que le produit a su s’adapter aux nouvelles tendances, croient ses partisans.
Parmi ces tendances, le vieillissement de la population, qui laisse envisager encore beaucoup d’expansion dans ce marché.
Joe Kordovi considère en effet que le transfert de fortune entre générations produira une source importante de placements au sein des polices de vie universelle. Selon lui, la vie universelle constitue une façon efficace de transférer ces fonds, puisque la prochaine génération reçoit le montant sous forme d’un montant d’assurance vie libre d’impôts. En attendant cette éventualité, les rendements de la police croissent eux aussi à l’abri de l’impôt.
Dans la même foulée, Saundra Edwards dit cibler les baby-boomers de 45 ans et plus avec ses trois produits (Canada-Vie, Great-West et London Life).
À son avis, cette génération est plus philanthrope que les générations précédentes. Elle entend laisser un effet durable derrière elle. Elle cherche à céder ses actifs, parfois en faisant un legs à la société.
Cette tendance donne lieu au développement, selon elle, d’un nouveau marché, celui des dons planifiés aux œuvres de charité. Il peut s’agir aussi de la volonté pour un grand-parent de léguer certains avoirs, non pas à ses enfants, mais à ses petits-enfants. Il peut vouloir aider ses petits-enfants à commencer leur vie d’adulte. Il y a de nombreuses options possibles, dit-elle.
Les primes renouvelables gagnantes
Selon Jean Roy, c’est l’assurance vie universelle sur base renouvelable annuellement qui recueille le plus la faveur des investisseurs. « C’est une bonne année pour augmenter les ventes dans ce créneau », croit-il.
Transamerica a connu une tendance similaire en 2005. Selon les données de Joe Kordovi, les primes renouvelables annuellement ont recueilli la faveur de 62 % des assurés de Transamerica contre 38 % pour les primes nivelées.
M. Kordovi fait aussi valoir que quelque 10 % des ventes d’assurance vie universelle réalisées en 2005 ont découlé d’une transformation d’une temporaire à taux privilégiés vers une vie universelle, également à taux privilégiés.
Saundra Edwards remarque également que le marché haussier fait en sorte que les assurés injectent beaucoup plus d’argent excédentaire dans leur police d’assurance vie universelle qu’auparavant. L’assurance vie universelle à prime renouvelable annuellement le favorise puisque son coût d’assurance est faible les premières années.
Par ailleurs, les assureurs sont souvent discrets sur leur part de marché dans des produits spécifiques. Parmi ceux qui ont levé le voile, Joe Kordovi a révélé que sa part de marché (primes sous gestion) selon les données de LIMRA International s’est établie à 12,3 % au pays.
Saundra Edwards a quant à elle révélé que Great-West a fait passer sa part de marché en assurance vie universelle de 6 % qu’elle était en 2004 à 9 % en 2005.
Un succès en partie ebgendré par une importante croissance des ventes du produit de Canada-Vie. C’est le produit le plus populaire actuellement, note la vice-présidente adjointe. Dans l’ensemble, les ventes d’assurance vie universelle de la Great-West, de la London Life et de Canada Vie ont augmenté de 13 % en 2005, ajoute-t-elle.
À la lumière de son rapport annuel 2005, l’Industrielle Alliance a réalisé 63,6% de ses ventes d’assurance vie individuelle sous forme de primes en produits d’assurance vie universelle à coût d’assurance nivelé ou renouvelable annuellement. L’assureur s’est classé premier au Canada en ventes de polices universelles selon LIMRA en 2005, recueillant une part de marché de 16,9 % dans ce créneau.
Desjardins Sécurité financière, RBC Assurances et la Financière Manuvie ont décliné les demandes d’entrevue du Journal de l’assurance sur l’assurance vie universelle.