Les assureurs sont plus sélectifs envers les sociétés de fonds communs avec lesquelles ils décident de faire affaire, affirment les intervenants de l’industrie.À l’époque nous avions plus facilement accès aux grandes compagnies d’assurance », lance Drew Wallace, premier vice-président, ventes, chez AIM Trimark. Elles sont de plus en plus sélectives lorsque vient le moment de choisir leurs gestionnaires externes, précise-t-il : « Et cette tendance à devenir toujours plus sélectives s’accélère très, très rapidement. »

Cette prudence accrue des assureurs s’explique partiellement par leur besoin de s’associer à des sociétés de fonds d’investissement parfaitement outillées pour satisfaire aux réglementations toujours plus exigeantes, en vigueur aux États-Unis et au Canada, explique M. Wallace.

Éviter le scandale

Les scandales comme ceux de Portus et de Norbourg sont également à la source de ce comportement, croit-il. « On se tourne massivement vers la qualité, vers les marques solides et fiables. »

Geraldo Ferreira, vice-président, développement et mise en marché de produits d’investissement, à AEGON et Transamerica Vie Canada, signale que son entreprise fait appel aux sociétés de fonds d’investissement « de grande envergure et très réputées », qui appliquent de bonnes pratiques d’affaires et disposent d’excellents gestionnaires. Il est extrêmement important que le fonds puisse offrir ces qualités à l’assureur, dit-il.

La réputation revêt de l’importance des deux côtés de la clôture, ajoute-t-il toutefois. « Les sociétés de fonds d’investissement, comme les compagnies d’assurances, tiennent à s’associer à des entreprises respectables. »

Brian Gooding, vice-président principal, répartition des alliances, à Fidelity Investments, constate lui aussi que les assureurs sont de plus en plus prudents lorsqu’ils choisissent une société externe pour gérer leurs fonds distincts.

Il rappelle qu’à l’époque des lancements d’envergure dans ce marché, comme la première gamme de fonds distincts FPG de Financière Manuvie en 1997, il y avait prolifération d’alliances avec des tiers administrateurs pour les fonds distincts offerts par les assureurs.

Moins de gestionnaires

Actuellement, M. Gooding remarque une certaine « régression » du nombre de gestionnaires externes retenus par chaque assureur, C’est le cas du moins chez tous les grands, croit-il, tels Manuvie, Financière Sun Life, Great-West (Canada-Vie) et Industrielle Alliance. Parfois, il faut tout simplement comprendre que l’assureur préfère ne pas se retrouver devant trop d’alliances différentes dans sa gamme de fonds distincts, précise-t-il.

Fusions de fonds

Depuis quelques années, on a de fait assisté à « une rationalisation des gammes de produits » qui a donné lieu à la fermeture de petits fonds et à une refonte de leurs actifs dans des fonds de plus grande envergure.

Les petits fonds sont moins rentables, estime M. Gooding, car chacun fait l’objet d’une mise en marché et de contraintes juridiques distinctes.

M. Ferreira, de Transamerica, a lui aussi constaté que les compagnies d’assurances rationalisent leurs gammes de fonds. De plus, elles rapatrient parfois sous leur toit les actifs auparavant gérés à l’externe. Du côté de Transamerica, toutefois, on confie de plus en plus d’actifs en gestion externe (voir encadré).

Pour ces raisons, la concurrence entre les sociétés de fonds désireuses de rester dans « les étalages » des assureurs augmente dans cesse.

« Nous avons de la chance d’être auprès des assureurs depuis longtemps », signale M. Gooding. L’entreprise gère actuellement 4,4 milliards d’actifs en fonds distincts. Parmi leurs partenaires : Manuvie, Industrielle Alliance, Sun Life, Canada-Vie, Desjardins Sécurité financière, Aegon Canada et Co-operators, compagnie d’assurance-vie.

Dans la lutte pour les parts du marché des assurances, les grosses sociétés de fonds l’emportent, dit M. Gooding.

M. Wallace, d’AIM Trimark, reconnaît lui aussi que cette tendance à se faire sélectif joue en faveur des grands noms déjà connus. Les assureurs veulent se coller à des marques de commerce solides pour compléter et renforcer leurs propres marques, explique-t-il.

De son côté, M. Ferreira, de Transamerica, déclare que sa compagnie n’est pas intéressée à faire appel à des gestionnaires additionnels, même si elle augmente son offre avec ses gestionnaires externes actuels.

Transamerica reste quand même très sollicitée par les sociétés de fonds désireuses de se tailler une place sur le marché des fonds distincts, affirme M. Ferreira.