L’économie n’est pas prête à faire face à la prochaine crise financière. En posant cet énoncé, Swiss Re joint les rangs des firmes qui ont cette inquiétude.

Mais ce n’est pas tout. Swiss Re, affirme que les sociétés d’assurance vie pourraient être parmi les joueurs les plus éprouvés lors de la prochaine chute marquée des marchés boursiers.

À la suite de la tenue du sommet annuel du G20 et des conférences annuelles de la Banque Mondiale et du Fonds monétaire international, Patrick Saner, économiste global senior chez Swiss Re, a posé ce constant dans une note du bulletin Economic Insights. Le Journal de l’assurance en a obtenu copie.

Dans sa note, M. Saner affirme qu’il y a un manque de volonté pour augmenter la résilience du système économique. Pourtant, la marge de manœuvre des banques centrales sera plus limitée lors de la prochaine crise financière, prévient-il.

« Pas de nouvelles ne veut pas dire nécessairement bonne nouvelle. La communauté internationale n’atteint pas de consensus sur quelle doit être sa vision pour assurer une croissance des marchés. Les économies sont pourtant plus intégrées, incluant celle des marchés émergents. Les niveaux de dette publique sont plus élevés. La disparité des revenus entre riches et pauvres est plus marquée. Les défis sont bien plus grands que par le passé. Malgré cela, les décisions économiques sont plus décentralisées », analyse M. Saner.

Une solution : réduire les barrières à l’investissement

Pour Swiss Re, il est important de réduire les barrières à l’investissement pour favoriser la réalisation de divers projets. M. Saner dit croire que l’industrie de l’assurance en bénéficierait, tant du côté de la souscription de risques que de l’accumulation d’actifs.

« La prochaine crise présentera à peu près les mêmes caractéristiques que les autres : les banques centrales réduiront leur taux et achèteront des actifs. Le problème est qu’elles n’ont pas toutes la même marge de manœuvre. Toutefois, vu le manque de solutions économiques concrètes et durables, attendre est la seule option réaliste », dit M. Saner, qui a utilisé l’expression anglophone kicking the can down the road pour illustrer son propos.

Swiss Re dit aussi croire que l’industrie de l’assurance vie en souffrira, tout comme ses titulaires de police. « Avec de très faibles rendements, les gens auront moins tendance à se fier aux couvertures d’assurance vie. Cela fera augmenter l’écart de protection entre les gens assurés et ceux qui ne le sont pas. »

La réassurance et le protectionnisme

Swiss Re a aussi fait écho à sa précédente prise de position sur le protectionnisme, s’attardant cette fois-ci sur des impacts d’une guerre commerciale sur l’industrie de la réassurance. Deux éléments en ressortent. Le premier, si l’économie ralentit, la croissance des primes ralentira aussi. Les réassureurs l’ont vécu lors des dernières crises financières, dit Swiss Re. Ensuite, si l’inflation est plus élevée que prévu, les résultats des assureurs et des réassureurs s’en ressentiront.

« Une guerre commerciale est le risque numéro un de nos prévisions économiques. On ne peut exclure que les tensions tarifaires actuelles mènent à un commerce plus équitable. C’est un scénario très incertain, mais le G20 ne l’exclut pas », termine M. Saner.