Sans une bonne planification, tout ce qui a rapport aux successions peut donner du fil à retordre aux conseillers financiers et à leurs clients. C’est particulièrement le cas des testaments et des fiducies.
John Natale, chef du service fiscalité, retraite et planification successorale, gestion de patrimoine, à Manuvie, a abordé cet enjeu au sommet de l’Independent Financial Brokers of Canada (IFB) qui s’est tenu à la mi-octobre. Selon lui, les conseillers financiers sont parmi les mieux placés pour s’assurer que tous les aspects de la succession de leurs clients sont réglés rapidement et dans les règles de l’art.
« Je crois que la clé réside dans la planification, dans sa valeur et ses avantages pour les clients. Pour que les actifs qu’ils ont accumulés à la sueur de leur front soient remis aux personnes de leur choix, comme ils le veulent, rapidement et avec un minimum d’impôt à payer », souligne-t-il.
Quelque 1 000 milliards de dollars à transférer
La question est plus importante que jamais, puisqu’on estime que les transferts de patrimoine s’élèveront à 1 000 milliards de dollars dans les dix prochaines années.
Il faut dire que les règles qui s’appliquent aux successions peuvent changer en fonction de différents facteurs, dont la province. Un exemple? L’an prochain, en Ontario, un mariage n’entraînera plus la révocation du testament.
John Natale recommande aux conseillers de faire tout changement de bénéficiaire d’une assurance vie directement auprès de l’assureur.
« Si vous faites une désignation de bénéficiaire sans utiliser les formulaires de la compagnie d’assurance vie, il faut aviser celle-ci pour que le dossier soit à jour et que l’argent aille à la bonne personne. »
Il ajoute par ailleurs qu’il est toujours important de nommer une personne de confiance lorsque le bénéficiaire est mineur, soulignant au passage que dans certaines provinces, le parent survivant doit présenter une demande au tribunal en disant pourquoi on devrait lui confier la gestion des fonds. « Tout ça demande du temps et de l’argent, et on peut facilement l’éviter en planifiant les choses comme il faut. »
Frais juridiques
Le client qui fait son testament a de bonnes chances d’éviter les gros problèmes s’il réunit sa famille pour expliquer à tout le monde ce qui a motivé le choix de ses bénéficiaires. Le risque, ici, c’est qu’une part importante de la succession soit entamée par des frais juridiques.
Comme on a pu le voir dans de nombreux cas qui ont fait les manchettes, la situation peut tourner au vinaigre quand une personne n’est pas nommée dans le testament alors qu’elle croyait faire partie des bénéficiaires. L’affaire finit souvent devant les tribunaux.
Et c’est parfois pire quand on est riche et célèbre. Parmi les Canadiens connus dont la succession a dû être débattue en justice, citons Honey Sherman, un philanthrope torontois, et Toller Cranston, artiste accompli, tous les deux décédés sans testament. Renata Ford, la veuve de l’ancien maire de Toronto, Rob Ford, a dû payer près de 300 000 $ en frais juridiques relativement à la succession de celui-ci. L’interprète et auteure américaine Aretha Franklin, quant à elle, avait plusieurs testaments. Après des procédures devant le tribunal, 45 % des revenus de sa succession ont dû servir à régler sa facture fiscale.
Événements marquants
M. Natale recommande aux conseillers d’éviter de supposer que leurs clients ont un testament. Et à ceux qui en ont un, il est important de demander de le réexaminer de temps à autre, surtout lors des événements marquants qui nécessitent un changement de bénéficiaire.
« Mettez-nous au centre du plan successoral de vos clients. C’est vous qui êtes dans la meilleure position pour aider vos clients et leur éviter certains de ces désastres. »
De plus, les conseillers doivent s’adresser aux deux membres du couple lorsqu’ils abordent les points importants.
« Quand il est question d’argent, les femmes sont tout aussi judicieuses que les hommes. Elles n’ont peut-être pas eu l’occasion d’apprendre à gérer leurs finances, tout simplement », fait remarquer Amy D’Aprix, fondatrice de Life Transitions, une entreprise de Toronto. « Il est très important de ne pas traiter les femmes comme l’extension de leur conjoint », ajoute-t-elle.
Parfois, dit-elle, même s’ils ne s’en rendent pas compte, les conseillers regardent seulement l’homme quand ils parlent de planification successorale, même si la conjointe est présente à la rencontre.
« Faites participer les femmes en nouant une relation qui tient compte de leurs valeurs, de leurs objectifs et de leurs priorités. Si vous le faites, les recommandations vont déferler sur vous. »