Les femmes ont connu une croissance exceptionnelle de leur degré d’éducation et de leur salaire moyen. Elles demeurent pourtant des épargnantes conservatrices qui ratent trop souvent de belles occasions de rendement. La présidente de Sun Life au Québec veut contribuer à faire migrer les femmes des habitudes de gestion du budget familial vers celles de l’investisseuse aguerrie.

Isabelle Hudon a pris la parole le 21 mars au Cercle canadien sur l’importance de sensibiliser les femmes sur l’importance d’investir pour la retraite dans des véhicules moins conservateurs. La présidente de Financière Sun Life pour le Québec estime que les femmes se sont passablement enrichies ces 35 dernières années dans ce qu’elle a qualifié de Lady boom.

Chez les jeunes femmes de 25 à 44 ans, le salaire moyen de 2008 s’est rapproché à 81% de celui des hommes, a-t-elle cité à partir des données de l’Institut de la statistique du Québec. Chez les femmes de plus de 45 ans, cette proportion se limite à 65 %. D’autres données de l’Institut sont éloquentes : les deux tiers des nouveaux emplois créés entre 1991 et 2006 ont été occupés par des femmes; la proportion des femmes occupant des postes de gestion est en hausse de 31 %; en 2006, 52,3 % des diplômés universitaire étaient des femmes.

« Les femmes sont devenues une composante essentielle de la sécurité financière de leur famille. Cela s’accompagne de responsabilités importantes », a affirmé Isabelle Hudon. Elles devront en effet sortir de leur rôle traditionnel de gestionnaire du budget familial, ajoute la présidente.

« C’est le côté plus entrepreneurial des finances personnelles qu’il leur faut maintenant approfondir : celui qui vise à faire fructifier les avoirs et maximiser leur rendement. » Les femmes sont en effet moins nombreuses que les hommes à souscrire à leur REER, a rappelé Mme Hudon. Lorsqu’elles cotisent, elles optent pour des véhicules d’investissement plus conservateurs.

En entrevue au Journal de l’assurance à la suite de ce discours, Mme Hudon a fait écho à des commentaires de sa force de vente sur l’importance des femmes dans les décisions liées au patrimoine familial. « Les conseillers que j’ai rencontrés m’ont révélé qu’au moment de rencontrer des clients, les femmes sont toujours présentes lorsque les décisions budgétaires critiques se prennent. Le défi que je lance aux femmes : éveiller tout autant vos sens lorsqu’il est question de faire fructifier votre patrimoine. »

Cet éveil est crucial pour les femmes, et le meilleur exemple concerne la planification financière de leur retraite. « Pour un couple dont chaque membre a 35 ans et vise chacun la retraite à 65 ans, la femme devrait épargner 10 % de plus, en raison de son espérance de vie plus longue, a rappelé Mme Hudon.

Régime volontaire

Lors de son discours, Mme Hudon a du même coup loué l’initiative du ministre des Finances provincial d’obliger les entreprises à établir un régime de retraite pour tous leurs employés québécois : le Régime volontaire d’épargne-retraite. Le gouvernement ouvre selon elle une avenue de croissance pour les assureurs privés au Québec, deuxième plus important marché au Canada.

Isabelle Hudon considère qu’il est sage de la part de Raymond Bachand de ne pas avoir forcé les entreprises à cotiser à ces régimes. L’idée que les travailleurs soient automatiquement inscrits mais puissent se retirer ensuite est aussi un plus. « Notre expérience internationale nous a permis de l’observer : ces mécanismes d’adhésion automatique ont un effet majeur dans l’augmentation du nombre d’épargnants », a-t-elle déclaré. En entrevue, Mme Hudon a confié que Sun Life avait mis beaucoup d’efforts à la table de discussion pour convaincre le ministre d’adopter une telle caractéristique dans son nouveau régime.

Elle a aussi rappelé le virage qu’a entrepris Sun Life vers les PME. Elle a mis l’accent sur cette clientèle en assurance et en régimes collectifs ces cinq dernières années.

« Nous avons développé une expertise dans ce créneau et nous connaissons les ambitions et les capacités des PME québécoises. Elles n’ont pas la capacité de se doter de régimes lourds aux frais trop élevés. Cette nouvelle possibilité que nous ouvre Québec va entraîner la création de produit plus souples et plus simples, qui nécessitent peu d’administration », croit Mme Hudon.