Selon une note récente de DBRS Morningstar, les assureurs de dommages canadiens ont la capacité d’absorber les pertes découlant des feux de forêt de l’été 2023. Cependant, à plus long terme, le caractère de moins en moins exceptionnel de ces événements climatiques aura un impact sur les primes d’assurance habitation. 

Selon la note publiée le 8 juin dernier par Marcos Alvarez et Michael Driscoll, tous deux dirigeants de la division des institutions financières mondiales de DBRS Morningstar, la facture consolidée des dommages assurés en Alberta, au Québec et dans les provinces maritimes de l’été 2023 devrait être inférieure au record atteint en 2016. Cette année-là, les feux de la région de Fort McMurray en Alberta avaient entraîné des réclamations de 4,3 milliards de dollars (G$). 

Les pertes assurées déclarées dans les résultats financiers des assureurs canadiens devraient être assez élevées au deuxième et au troisième trimestre de 2023. S’il n’y a pas d’autres grandes catastrophes naturelles qui surviennent d’ici la fin de septembre, les auteurs de la note estiment que les compagnies d’assurance seront en mesure d’absorber ces pertes, et ce, sans impact majeur sur leurs capacités financières. 

Néanmoins, on s’attend à ce que l’augmentation de la fréquence et de la sévérité des événements climatiques, dans le contexte actuel de durcissement du marché de la réassurance et de l’inflation relativement élevée des coûts de reconstruction, ait un impact sur les primes d’assurance habitation à court et à moyen terme au Canada, indique DBRS Morningstar. 

Tendance haussière 

Au fil des ans, les assureurs de dommages canadiens ont été de plus en plus exposés à des réclamations plus élevées découlant des catastrophes climatiques. Depuis 2009, la courbe des coûts de sinistre affiche une tendance nettement plus haussière, selon l’infographie reproduite dans la note de DBRS Morningstar. 

En dollars de 2021, entre 1983 et 2021, on dénombre 15 années où la barre du milliard de dollars en pertes assurées a été dépassée, dont trois avant 2009, soit en 1996, 1998 et 2005. Depuis 2009, il n’est arrivé qu’une seule fois où cette barre du milliard de dollars n’a pas été atteinte, soit en 2015. 

Durant la même période de 1983 à 2021 et toujours en dollars de 2021, on compte six années où les pertes assurées reliées au climat ont dépassé la barre des 2 G$. La première fois que cela est survenu était en 1998. Depuis, cela s’est reproduit en 2013, 2016, 2018, 2020 et 2021. 

En 2022, DBRS Morningstar rapporte que les pertes assurées découlant de catastrophes ont atteint 3,1 G$ au Canada, la troisième pire année de l’histoire après 2013 et 2016. 

Cependant, plusieurs assureurs de dommages canadiens ont rapporté des ratios combinés inférieurs à 90 %, en raison d’une tarification plus adéquate des risques. Les compagnies avaient aussi amélioré leur solidité financière grâce à la sinistralité en baisse des deux années précédentes, durant le pic de la pandémie de COVID.

L’agence de notation constate néanmoins que les assureurs commencent à intégrer dans leur tarification cette tendance à la hausse des pertes catastrophiques liées au climat. « Nous prévoyons que les primes continueront de grimper en raison de cette tendance et du durcissement du marché de la réassurance », écrivent les auteurs de la note. 

En conséquence, la mitigation de l’exposition aux risques climatiques est requise, soulignent les auteurs. Cela passe par des règles plus contraignantes de construction dans les zones les plus vulnérables du territoire, comme le gouvernement fédéral prévoit de le faire pour les zones inondables. La même approche doit être adoptée pour les communautés les plus susceptibles d’être touchées par les feux de forêt, concluent MM. Alvarez et Driscoll.