L’Institut de prévention des sinistres catastrophiques évalue que des incendies qui surviendraient après un séisme grave dans la région de Montréal entraineraient des pertes entre 10 et 30 milliards de dollars. L’organisme, qui est indépendant et formé de 120 assureurs, soutient dans son plus récent rapport que « des secousses fortes dans la région de Montréal causeraient des centaines d’incendies […] ».

Ce montant s’ajouterait aux dommages estimés à environ 61 milliards de dollars que causerait une secousse de 7,1 sur l’échelle de Richter dans le corridor Ottawa-Montréal-Québec.

« Une catastrophe financière »

Si l’avenant contre les tremblements de terre a un faible taux de pénétration au Québec, soit de l’ordre de 4 % selon le Bureau d’assurance du Canada (BAC), les dommages causés par les incendies suivant une secousse sont assurés. En effet, ceux-ci sont couverts par la police d’assurance habitation, rappelle l’Institut de prévention des sinistres catastrophiques.

« Le taux de pénétration de l’assurance en cas de séisme est très bas au Québec, mais les incendies après séisme sont généralement couverts en vertu de la police d’assurance incendie, et non de l’assurance contre les tremblements de terre ou par un avenant sur les incendies après séismes. Par conséquent, les pertes résultant des incendies après séisme sont généralement couvertes pour les titulaires d’une police d’assurance résidentielle », indique Charles Scawthorn, auteur de l’étude.

Les conséquences sur l’industrie financière canadienne d’un séisme important seraient accablantes. Dans son rapport, M. Scawthorn affirme que « la situation semble mure pour une catastrophe financière », citant une étude de l’Université de Calgary, qui révèle que, d’une part, un séisme violent pourrait entrainer la faillite des assureurs canadiens. D’autre part, il souligne le faible taux de pénétration de l’assurance contre les tremblements de terre dans la province.

« Les pertes résultant des incendies viendraient s’ajouter aux pertes causées par les secousses et aux autres pertes (comme l’interruption des activités commerciales), qui seraient assurées dans une moindre mesure. Selon une étude récente, des pertes de cette ampleur entraineraient probablement la faillite de certains assureurs, des pertes secondaires et contingentes, et pourraient potentiellement entrainer une contagion financière », note-t-il.

Des mesures d’atténuation

Les incendies après les séismes sont provoqués de différentes manières, peut-on lire dans le rapport. « Les sources d’incendies sont nombreuses, allant des sources de chaleur renversées, aux fils électriques endommagés et causant un court-circuit, aux produits chimiques renversés causant une réaction exothermique, et à la friction entre des choses. »

La Ville de Montréal peut toutefois prendre des mesures afin d’en atténuer les risques, indique Charles Scawthorn. Pour ce faire, l’auteur suggère d’abord d’évaluer la vulnérabilité sismique de divers bâtiments et infrastructures, comme les casernes de pompiers, les systèmes de distribution et d’approvisionnement en eau et les installations énergétiques.

« Il n’est pas nécessaire que ce risque soit toléré et il est possible de l’atténuer de façon marquée en prenant certaines mesures. Faire de la réduction du risque sismique une priorité pour toutes les parties concernées serait une nécessité », souligne l’auteur de l’étude.

« Cette étude a conclu que les services d’incendie de la région de Montréal étaient très avancés, bien équipés et modernes dans leur organisation, leurs méthodes et leurs tactiques, indique Paul Kovacs, directeur général de l’Institut de prévention des sinistres catastrophiques. Malgré cela, le grand nombre d’incendies simultanés causés par un tremblement de terre pourrait dépasser les capacités des municipalités, à moins qu’ils ne prennent des mesures avant qu’un séisme majeur ne survienne. La bonne nouvelle est qu’il existe plusieurs mesures que les services d’incendies de la zone d’étude pourraient prendre, et celles-ci sont présentées dans l’étude ».

L’étude a été parrainée par le Groupe de réassurance SCOR, Desjardins Assurance, Aviva Canada et iA Groupe financier.