Analyste de marché principale de la plateforme d’investissement Capital.com, Daniela Sabin Hathorn a commenté l’effet Jerome Powell sur les marchés. Le 23 août 2024, le président de la Réserve fédérale a implicitement confirmé que la banque centrale américaine coupera ses taux directeurs à la mi-septembre. L’annonce sur les taux à venir sera la dernière avant les élections présidentielles du 5 novembre.
Dans son commentaire dont une copie a été envoyée au Portail de l’assurance, Mme Sabin Hathorn constate que les marchés réagissent au discours de M. Powell avec un regain d’appétit pour le risque, dans son commentaire intitulé Markets React to Powell Speech with 'Risk-On' Sentiment, et publié le 23 août.
« Lors de son discours au symposium de Jackson Hole vendredi dernier, Powell a confirmé une réduction des taux en septembre, soulignant que les risques de hausse de l’inflation se sont atténués et qu’un nouvel affaiblissement du marché du travail serait indésirable », commente l’analyste de marché principale de Capital.com.
Lors de la réunion de septembre, la banque pourrait vouloir corriger son erreur d’avoir maintenu les taux inchangés en juillet – Daniela Sabin Hathorn
Elle ajoute que les marchés ont réagi positivement, avec une hausse de l’appétit pour le risque dans les actions, accompagnée d’un renforcement des matières premières et d’un affaiblissement du dollar américain.
Conférence internationale des banquiers centraux organisée par la Réserve fédérale de Kansas City, le Jackson Hole Symposium se déroule chaque été à Jackson Hole dans le Wyoming, depuis 1981. Il y a une Réserve fédérale dans 12 villes à travers les États-Unis, dont à Boston, à Chicago, à New York, à Philadelphie et à San Francisco. Agence fédérale qui supervise le système de la Réserve fédérale américaine, le Conseil des gouverneurs (Board of Governors) est situé à Washington.
Corriger le tir
Daniela Sabin Hathorn observe en outre une augmentation des anticipations du marché pour une réduction de 50 points de base. La limite supérieure de la fourchette du taux cible de la Réserve fédérale se trouve actuellement à 5,50 % (550 points de base). Elle explique que certains négociateurs ont interprété le discours de Jerome Powell comme « étonnamment accommodant ».
Oubliez les Oscars. La saison des bénéfices a été un véritable spectacle partout dans le monde – Capital Group
« Lors de la réunion de septembre, la banque pourrait vouloir corriger son erreur d’avoir maintenu les taux inchangés en juillet. Avec une semaine plus légère à venir sur le calendrier, l’élan dépendra probablement du sentiment du marché et de l’évolution des attentes concernant la réduction des taux dans les jours à venir », pense Mme Sabin Hathorn.
Spectacle-bénéfice
À Capital Group, la confiance règne envers les actions. Dans une analyse du marché des actions intitulée 5 raisons pour lesquelles les actions pourraient défier les attentes, trois spécialistes de Capital Group soutiennent que la croissance des bénéfices sera le principal moteur des actions.
Il s’agit de Maria Karahalis, Marc Nabi et David Polak. Les trois sont responsables de placements en actions à Capital Group, et Mme Karahalis en est aussi gestionnaire de portefeuille.
« Oubliez les Oscars. La saison des bénéfices a été un véritable spectacle partout dans le monde », écrivent les auteurs. Selon eux, les bénéfices des entreprises américaines inscrites à l’indice S&P 500 semblent vouloir se redresser en 2024.
Dans un graphique portant sur le taux de croissance des bénéfices depuis le premier trimestre de 2022, ils ont dessiné deux périodes de comparaison d’un an (glissement annuel) qui révèlent un revirement de situation. Du deuxième trimestre de 2022 au premier trimestre de 2023, la tendance des bénéfices a été à la baisse. Du premier au quatrième trimestre de 2023, Capital Group s’attend au contraire à une reprise des bénéfices, d’après ses données réelles enrichies de ses estimations.
« Les entreprises du S&P 500 ont vu leurs bénéfices augmenter de 9,8 % au quatrième trimestre de 2023 en glissement annuel, et les estimations consensuelles pour 2024 suggèrent un rebond soutenu des bénéfices », signalent les auteurs de l’analyse.
Ils ajoutent que 73 % pour cent des entreprises du S&P 500 ont dépassé les attentes en matière de bénéfices au quatrième trimestre, tandis que 63 % ont déclaré des revenus plus élevés que les prévisions des analystes, selon l’Institutional Brokers' Estimate System de LSEG Data & Analytics, filiale de London Stock Exchange Group et fournisseur américo-britannique de données sur les marchés financiers.
Selon Capital Group, les estimations consensuelles des analystes pour les bénéfices du S&P 500 prévoient un gain de plus de 11 % en 2024, contre 0,8 % en 2023. Sur les marchés émergents, les estimations consensuelles tablent sur une croissance de près de 18 % cette année, contre une baisse d’environ 10 % en 2023.
Les auteurs citent les propos de Chris Buchbinder, gestionnaire de portefeuille de Capital Group, selon qui « les actions suivent les bénéfices, et les bénéfices suivent les fondamentaux ». Gestionnaire de portefeuille pour le Fonds Capital Group actions américaines au Canada, M. Buchbinder dit voire encore des occasions relativement attrayantes sur le marché. Il s’attend toutefois à des rendements variés selon les entreprises, « en particulier parmi les chouchous technologiques, où des entreprises et des équipes de gestion exceptionnelles se démarqueront du peloton ».
Pas exagéré, le ratio
À l’examen de la fourchette des ratios cours-bénéfice sur 10 ans pour la plupart des secteurs, les trois auteurs de l’analyse de Capital Group constatent qu’il reste encore un certain potentiel d’appréciation. « Malgré leur envolée, les évaluations des actions américaines ne semblent pas exagérées, au vu des prévisions de croissance, surtout si l’on tient compte de la vigueur récente des bénéfices », écrivent-ils à propos des évaluations d’une poignée de secteurs du S&P 500 qui peuvent sembler élevées.
« La croissance des bénéfices sera un facteur clé pour déterminer si les actions continueront à monter, contrairement à la décennie précédente au cours de laquelle l’expansion multiple et un environnement de taux d’intérêt très bas ont généré de solides vents contraires », estiment les auteurs de l’analyse de Capital Group.
Ses auteurs estiment que la toile de fond économique des États-Unis demeure favorable : un atterrissage en douceur leur semble plus probable qu’une récession.
Des inquiétudes attiseront la volatilité
Ce ne sera pas un long fleuve tranquille pour autant, selon leurs propos. « Nous nous attendons à quelques épisodes de volatilité sur les marchés, en raison des inquiétudes persistantes quant au rythme et à l’ampleur des réductions de taux d’intérêt et des données relatives à l’inflation », écrivent les auteurs de l’analyse.
Ils donnent en exemple les chiffres de l’inflation plus élevés que prévu en janvier 2024, qui ont suscité des inquiétudes sur le marché concernant la date à laquelle la Fed pourrait entamer la réduction des taux d’intérêt.
Selon eux, les actions américaines devraient toutefois bénéficier d’un soutien, « tant que la croissance des bénéfices continue de répondre aux attentes, voire de les dépasser, et que le marché de l’emploi reste solide ».
Les entreprises bien implantées seront moins malmenées par les mauvaises nouvelles, selon l’analyse de Capital Group. « Les entreprises dont la trajectoire de croissance des bénéfices est claire, qui disposent d’un pouvoir de fixation des prix et qui sont capables de conserver leurs parts de marché devraient être en mesure de résister à d’éventuelles tempêtes », soutiennent ses trois auteurs.