Le sommet de l’inflation à 8,1 % enregistré en juin 2022 semble bien loin. L’inflation mesurée par l’indice global des prix à la consommation (IPC global) a reculé à 2,5 % en juillet 2024. Une baisse par rapport à l’inflation de 2,7 % mesurée par l’IPC global en juin.  

L’historique des données de la Banque du Canada donne l’apparence d’une anomalie au sommet de juin 2022. L’inflation se maintient depuis janvier 2024 en deçà de la partie supérieure de la fourchette cible de 1 % à 3 % de la banque centrale canadienne, comme elle l’a fait pendant plusieurs années avant de partir en trombe en avril 2021. 

Plusieurs composantes liées au logement ont été des contributeurs clés à la croissance globale de l’IPC – Conference Board of Canada 

Dans son clin d’œil économique du 20 août intitulé Pace of Price Growth Moderate Further in July, le Conference Board of Canada (CBoC) mentionne les forces inflationnistes à l’œuvre. « Les prix de l’essence ont augmenté de 2,4 % sur une base mensuelle et ont été 1,9 % plus élevés qu’il y a un an. D’une année à l’autre, les prix des aliments ont augmenté de 2,1 % dans les magasins et de 3,8 % dans les restaurants », énumère le CBoC.  

Le Conference Board of Canada mentionne aussi l’indice de référence de l’inflation, excluant les aliments et l’énergie. Selon lui, cet indice a progressé de 2,7 % en juillet 2024, par rapport à un an plus tôt. « Plusieurs composantes liées au logement ont été des contributeurs clés à la croissance globale de l’IPC », souligne-t-il.  

Prudence en attendant les 2 %  

De son côté, Empire Vie demeure prudent au sujet de l’inflation. Dans un survol macroéconomique intitulé Perspectives semestrielles des marchés pour 2024, l’assureur souligne la différence entre inflation globale et inflation sous-jacente. L’inflation sous-jacente reste selon lui « obstinément supérieure à l’objectif de 2 % fixé par la plupart des pays développés ».  

L’assureur ajoute que certains signes pointent vers une inflation qui se modère à un rythme différent d’une économie à l’autre. « Cela pourrait entraîner une plus grande divergence des politiques de taux d’intérêt, notamment entre le Canada et les États-Unis », peut-on lire dans son survol. 

Dans ses perspectives sur les titres à revenu fixe, Empire Vie s’attend à ce que le sentiment positif des investisseurs qui s’est manifesté à la fin de 2023 demeure largement présent. Un atterrissage en douceur lui semble toutefois un scénario incertain. « Le risque d’un cycle plus volatil est également réel, car des taux plus bas pourraient réintroduire une inflation plus élevée », soutient l’assureur. 

Ralentissement économique 

Il serait selon lui possible qu’un tel scénario incite les banques centrales à revenir à un resserrement monétaire, qui pourrait entraîner un ralentissement économique. « La politique monétaire demeure très dépendante des données, en particulier aux États-Unis où les données restent mitigées », souligne Empire Vie en référence aux données sur l’emploi. 

L’assureur prévoit que l’année finira comme elle a commencé, en termes de perspectives d’investissement. « La politique monétaire, la croissance mondiale, les enjeux politiques et l’innovation ont fait les manchettes en 2024, et nous nous attendons à ce que ces grands thèmes continuent d’avoir une incidence sur les marchés alors que nous entamons la deuxième moitié de l’année », signale son survol macroéconomique. 

Commande de volatilité 

Sébastien Mc Mahon

Entre sa revue économique hebdomadaire du 16 août 2024 et la panique des marchés du lundi 5 août, Sébastien Mc Mahon s’est demandé si quelqu’un avait commandé de la volatilité.

« Nous avons été échaudés, avec des risques de récessions qui sont devenus la trame dominante sur les marchés. La bourse japonaise a reculé de 20 % en trois jours. À un certain moment de la journée, le VIX (indice de volatilité) a monté à 65, un niveau parmi les plus élevés de l’histoire avec la crise financière de 2008 et la pandémie de COVID-19 », a relaté le vice-président, répartition d’actifs, à iA Gestion mondiale d’actifs, et stratège en chef, économiste sénior et gestionnaire de portefeuilles d’iA Groupe financier.  

« Aujourd’hui, je parle de la meilleure semaine sur les marchés depuis de nombreuses années, et la meilleure de l’année pour le S&P 500 », ajoute-t-il. À la fermeture des marchés le jeudi 15 août, l’indice S&P 500 a produit un rendement de 3,77 %. Indice concentré dans les titres de technologies, le NASDAQ a obtenu un rendement de 5,12 %. Depuis le début de l’année, le S&P 500 a connu un rendement de 21,53 % et le NASDAQ un rendement de 22,06 %. Le tout en devises canadiennes. 

L’inflation se normalise 

En ce qui touche les taux d’intérêt, M. Mc Mahon estime que le feu vert brille à la Réserve fédérale, banque centrale américaine, pour une coupure des taux directeurs dès le 18 septembre. « L’inflation américaine continue de se normaliser. Ça prendrait toute une surprise pour que la Réserve fédérale décide d’attendre encore une fois avant de couper les taux », pense M. Mc Mahon. 

Il soutient que le marché du travail américain est lui aussi en train de se normaliser. Selon lui, l’économie des États-Unis s’approche d’un point idéal, avec une inflation qui revient vers la cible et une économie ni trop forte, ni trop faible. « C’est un scénario qui pourrait supporter les marchés dans les prochaines semaines et les prochains mois. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de volatilité cet automne, avant les élections », relativise Sébastien Mc Mahon.