Le montant remboursé pour des médicaments par les régimes d’assurance publics au Canada a augmenté de 7,9% entre les périodes de 2021-2022 et de 2022-2023, selon le rapport CompasRx publié en octobre 2025 par le Conseil d’examen du prix des médicaments brevetés (CEPMB). Le rythme de la hausse des coûts s’accélère. Le rapport CompasRX de l’an passé avait révélé une hausse de 6,8 % en 2021-2022, par rapport à 2020-2021. 

Les résultats portent sur les régimes suivants : Colombie-Britannique, Alberta, Saskatchewan, Manitoba, Ontario, Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Île-du-Prince-Édouard, Terre-Neuve-et-Labrador et Yukon. Ces régimes participent au Système national d’information sur l’utilisation des médicaments prescrits (SNIUMP), qui fournit leurs données au CEPMB. 

La hausse des coûts de 7,9% concerne la partie du prix des médicaments prescrits que le CEPMB appelle les « médicaments proprement dits ». Elle ne comprend pas celle des coûts d’exécution des ordonnances, lesquels proviennent de dépenses telles que les honoraires des pharmaciens. Les médicaments proprement dits ont représenté 83% des dépenses en médicaments prescrits. Les coûts d’exécution des ordonnances en ont représenté 17%.

En tenant compte des deux parties du prix des médicaments prescrits, la hausse est plutôt de 7,4% en 2022-2023 par rapport à 2021-2022. Ce qui signifie que le coût des médicaments proprement dits a augmenté davantage que celui de l'exécution d’ordonnances. Le coût total des médicaments prescrits a atteint 14,1 milliards de dollars $ (G$) au terme de la période de comparaison. 

Entre 2017-2018 et 2022-2023, les dépenses totales en médicaments prescrits ont augmenté de 3,4 G$, soit un taux de croissance annuel composé de 5,9%. 

Sous la pression d’une poignée de bénéficiaires 

 Cette croissance est principalement attribuable à une augmentation soutenue de l'utilisation de médicaments onéreux.
– Conseil d’examen du prix des médicaments brevetés (CEPMB)

Pour expliquer la hausse de 7,9% des médicaments proprement dits, le CEPMB pointe du doigt les médicaments dont le coût dépasse les 10 000 $ et la hausse du nombre de bénéficiaires. « Cette croissance est principalement attribuable à une augmentation soutenue de l'utilisation de médicaments onéreux, associée à la remontée du nombre de bénéficiaires actifs à la suite de la pandémie », peut-on lire dans son rapport. 

Le nombre total de bénéficiaires actifs des régimes publics du SNIUMP a augmenté de 7,4% entre 2021-2022 et 2022-2023, pour atteindre 6,6 millions. Le rapport signale qu’il s’agit d’un retour à la tendance de croissance antérieure à la pandémie de COVID-19. 

Les dépenses pour médicaments onéreux proviennent d’un petit nombre d’assurés, souligne le CEPMB. Dans la période de 2022-2023, les médicaments coûtant plus de 10 000 $ par année ont été utilisés par moins de 3% des bénéficiaires, et ont représenté plus de 37% du coût des médicaments. Dans la même période, les médicaments de plus de 25 000 $ par année ont été utilisés par moins de 1% des bénéficiaires. 

Des 6,6 millions de bénéficiaires actifs des régimes suivis par le SNIUMP, 7,6% ont utilisé des médicaments dont le coût annuel a dépassé 5 000 $ en 2022-2023. Ils ont représenté 62,3% du coût total des médicaments assumés par les régimes publics durant cette période. 

Pas seulement les plus chers 

En termes de dépenses, le rapport CompasRX révèle que le Trikafta est arrivé en tête pour la période 2022-2023, après seulement deux ans sur le marché. La cause : le traitement coûte plus de 200 000 $ par année, et son utilisation augmente rapidement. Le Trikafta est un médicament indiqué pour le traitement de la fibrose kystique. 

Cinq des autres médicaments qui ont le plus contribué aux dépenses étaient des médicaments onéreux dont les coûts annuels moyens de traitement variaient de 18 426 $ à 121 279 $. Parmi eux un antiandrogène non stéroïdien, soit un médicament principalement utilisé pour traiter le cancer de la prostate. Le rapport du SNIUMP mentionne aussi un produit d’oncologie orale, un médicament pour le système nerveux et deux immunosuppresseurs. 

Or, les médicaments onéreux ne sont pas les seuls coupables. Selon le rapport du CEPMB, trois antidiabétiques se sont retrouvés sur la liste des médicaments à grande incidence sur les coûts. Ils ont représenté ensemble 1,8% de la croissance des coûts des médicaments. Il s’agit du sémaglutide (Ozempic), de l’empagliflozine (Jardiance) et de la dapagliflozine (Forxiga). 

Les régimes privés n’y échappent pas 

Les médicaments onéreux font aussi pression sur les régimes d’assurance collective privés, dont les compagnies d’assurance sont les fournisseurs. 

Le montant moyen d’une réclamation dans les régimes privés a atteint 1 037,95 $ en 2024, soit une hausse de 3,3% par rapport au montant moyen de 1 005,03 $ observé en 2023, révèle le Rapport 2025 sur les tendances et références canadiennes en matière de consommation de médicaments, de TELUS Santé, l’un des principaux fournisseurs de solutions de paiement pour les assureurs et les promoteurs de régimes privés au Canada.

Vicky Lee

En 2015, le montant annuel moyen n’était que de 667,78 $, note le rapport de TELUS Santé. « Nous prévoyons un taux de croissance annuel entre 3% et 8% au cours des cinq prochaines années, en raison d’une utilisation accrue et d’un plus grand nombre de médicaments à coût élevé », explique Vicky Lee, directrice, services de consultation en pharmacie et services professionnels, solutions pour les payeurs, de TELUS Santé. 

Parmi les autres principaux fournisseurs de solutions de paiement, Express Scripts Canada a observé que les dépenses par demandeurs ont augmenté de 3,1%, dans son édition 2025 du Rapport sur les tendances en matière de médicaments. Le rapport révèle une hausse de 5,8% de la tendance globale en médicaments. 

On peut y lire que le pourcentage de participants de régime à avoir soumis au moins une réclamation (demande de règlement) pour un médicament de spécialité a augmenté de 15,7%. « La tendance à la hausse pour les médicaments de spécialité s’explique par l’augmentation du nombre de ces médicaments et par l’approbation de nouvelles indications pour des traitements contre les maladies inflammatoires, les maladies de la peau et le cancer ainsi que par une utilisation accrue de Trikafta », écrit Express Scripts Canada. 

Au moment d’écrire ces lignes, le rapport sur les tendances en médicaments de l’assureur GreenShield n’était pas encore disponible. Il paraît habituellement au cours du mois de novembre. L’assureur a observé dans son dernier rapport que 53,6% des coûts ont été occasionnés par 5% des participants de régime en 2023. La même année, 30,8% des coûts sont venus de 1% des participants.