L’arrivée progressive des véhicules intelligents sur le marché va transformer le traitement des sinistres en assurance automobile. En plus de faire grimper le cout des réclamations.
La prochaine révolution attendue dans le secteur du transport concerne l’arrivée, dans les prochaines années, des véhicules intelligents sur le marché des voitures de tourisme. Pour l’industrie de la carrosserie et du vitrage automobile, ce virage va pousser l’ensemble du secteur à se réinventer.
À la suite d’un sinistre, la mission du réparateur concernera aussi le calibrage de la caméra située en arrière du pare-brise ou des différents capteurs qui fournissent de nombreuses données au conducteur relatives à la météo, à la conduite, aux conditions de trafic, etc. Il est donc impératif que les techniciens de l’industrie de la carrosserie, du remplacement et de la réparation de vitres d’automobiles soient en mesure de calibrer le tout pour s’assurer du bon fonctionnement des systèmes… et du véhicule. D’autant plus que leur responsabilité pourrait s’en trouver engagée.
Augmentation exponentielle
« Le changement est davantage à venir que présent aujourd’hui. Il y a encore assez peu de véhicules à calibrer, souligne Serge Laporte, vice-président responsable des ventes et du markéting chez Belron Canada. Toutefois, l’augmentation se fera de façon exponentielle. Contrairement à ce qui était prévu initialement, ce type de systèmes ne concerne pas uniquement les véhicules de luxe. Désormais, les manufacturiers posent des caméras sur tous les types de véhicules. »
Même son de cloche chez Carrossier ProColor, l’un des chefs de file dans le domaine de la réparation automobile au Canada. Son directeur, Sylvain Dufault, s’attend à des changements drastiques qui vont affecter l’industrie dans les années à venir.
« Ce phénomène a déjà commencé, mais il va aller de façon exponentielle. Toutefois, l’industrie de l’automobile a toujours montré qu’elle pouvait s’ajuster », dit-il. Avant de préciser que les voitures intelligentes vont avant tout devoir s’adapter au climat québécois, ce qui risque certainement d’entrainer un peu de retard dans leur généralisation.
Des formations nécessaires
Pour se préparer à cette mutation majeure dans leurs processus de réparation, carrossiers et vitriers ont déjà pris les devants en misant notamment sur la formation de leurs équipes. « C’est un enjeu majeur pour les prochaines années, poursuit Sylvain Dufault de ProColor. Pour l’ensemble des franchisés, il faut de la formation et les certifications demandées par les constructeurs. Les inscriptions aux formations vont devenir obligatoires. Le futur est à la formation et à la prise en charge du client. »
De son côté, Belron, en plus de miser sur la formation de ses équipes, lancera dans quelques mois un service de calibration dans 25 à 30 grandes villes canadiennes afin de pouvoir certifier la qualité de la calibration des caméras embarquées. Pour ce faire, l’entreprise a mis de l’avant un programme de formation de ses salariés, s’appuyant sur des outils de calibration exclusifs. Ces centres permettront aussi d’améliorer la relation client en facilitant la gestion des sinistres et des réparations qui s’ensuivent.
« Notre volonté est de bien servir le client ou l’assuré, de lui proposer un même lieu, un one stop shop, pour la pose et la calibration de son pare-brise. Nous lui fournissons également une preuve de calibration, afin de le mettre en confiance », explique Serge Laporte.
L’assuré qui souhaitera faire remplacer son pare-brise sera donc dirigé vers l’un de ces centres de services et se verra remettre une preuve de calibration à transmettre à son assureur. À Montréal, trois de ces centres devraient ouvrir leurs portes prochainement sur la Rive-Sud, la Rive-Nord et le Centre de l’île.
Hausse du cout des réclamations
L’autre conséquence de la mue opérée par l’industrie de la réparation automobile concerne évidemment les assureurs automobiles. Car qui dit nouvelles techniques, nouvelles machines et nouvelles formations… dit aussi hausse des couts de réparation. « La calibration va générer un prix associé qui aura une répercussion au niveau de l’assureur », confirme Serge Laporte de Belron. Autrement dit, les réclamations automobiles risquent de couter plus cher aux assureurs.
« Les véhicules intelligents vont générer des couts plus élevés, c’est certain, confirme M. Dufault. Il risque aussi d’y avoir plus de pertes totales. Ce sera d’ailleurs intéressant de voir comment les constructeurs automobiles vont s’adapter. »
Selon lui, avec l’arrivée des véhicules intelligents, il faudra donner la part belle aux réparations, plutôt que de miser sur les changements de pièces pour être compétitifs. « Il faudra plus de réparation et moins de remplacement pour augmenter la rentabilité et diminuer le nombre de pertes totales », conclut-il.