L’Association canadienne des automobilistes (CAA) a lancé, le 26 novembre, une campagne publicitaire numérique et sur les médias sociaux d’une durée de six semaines visant à sensibiliser la population aux risques de conduire après avoir consommé des produits comestibles au cannabis. Cette initiative repose sur une étude financée par la CAA et menée à l’Université de la Saskatchewan, qui conclut qu’une dose de 10 mg de THC (nom commun du tétrahydrocannabinol, le principal composé psychoactif du cannabis) suffit à altérer les facultés de conduite des jeunes adultes. 

En parallèle, un sondage mené en septembre 2025 par la CAA auprès de 2896 Canadiens apporte un éclairage plus large. « Une personne sur cinq au Canada (20 %) aurait déjà conduit sous l’influence du cannabis ou été à bord d’un véhicule conduit par une personne sous l’influence du cannabis », indique l'organisation. « Depuis la légalisation du cannabis, des études ont montré une préférence marquée pour les produits comestibles à ingérer plutôt que pour le cannabis à fumer, une tendance surtout observée chez les jeunes. Cette préférence croissante pour les produits comestibles est préoccupante en raison du délai d’apparition des effets, qui peut prendre les personnes au dépourvu et entraîner une altération de leurs facultés de conduite. » 

L’étude de l’Université de la Saskatchewan, réalisée à l’aide d’un simulateur de conduite, révèle que plusieurs habiletés essentielles sont altérées après l’ingestion de 10 mg de THC, dont les temps de réaction, la stabilité dans la voie et le contrôle de la vitesse. « Le risque de collision augmentait même considérablement après la consommation de produits comestibles, résume la CAA. À peine une heure et demie après la consommation, près d’un tiers (30%) des participants étaient impliqués dans une collision. Ce chiffre est passé à 44% au bout de deux heures et demie et a atteint un pic de 58% après quatre heures, ce qui souligne les effets prolongés du THC sur les facultés de conduite. » Les effets du cannabis consommé sous forme comestible persistent jusqu'à six heures après la consommation, « peut-être même au-delà », précise les chercheurs de l'étude. 

Cinquante participants ont complété l’ensemble de l’étude. L’âge moyen des participants, recrutés parmi des jeunes adultes de 19 à 30 ans, était de 23,8 ans. Un sur cinq avait reçu une contravention dans l’année précédente, le plus souvent pour excès de vitesse. 

L’étude, intitulée Effets des produits comestibles du cannabis sur la santé cognitive et la conduite sur simulateur chez les jeunes conducteurs adultes, souligne que 32% des jeunes de 20 à 24 ans et 27% de ceux de 16 à 19 ans consomment du cannabis. « Ces préoccupations coïncident avec le fait que les jeunes conducteurs âgés de 18 à 25 ans sont considérés comme un groupe à haut risque porté à adopter des comportements dangereux sur la route (ex. distraction au volant, excès de vitesse) », indiquent les auteurs du rapport de recherche, en précisant que ce groupe d’âge affiche les taux de collisions les plus élevés au pays. 

Les chercheurs notent également que les produits comestibles sont devenus la forme de consommation de cannabis la plus répandue : 53% des utilisateurs de cannabis déclarent en consommer sous cette forme.