Tandis que le passage de l’ouragan Irma sur l’arc antillais a déjà entraîné des pertes estimées à plusieurs centaines de millions de dollars, l'ouragan Maria risque de mettre à l’épreuve la solidité financière des assureurs de dommages qui concentrent une bonne partie de leur risque dans les Caraïbes. Avec des vents soutenus de 260 km/h, Maria a déjà dévasté l'île de la Dominique, les îles Vierges américaines - déjà concernées par Irma - et désormais, Porto Rico.
Un rapport de l’agence A.M. Best révèle que Maria risque de faire pression sur les assureurs des Caraïbes à court et à long terme, et ce, pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, en touchant Porto Rico, Maria pourrait impacter des zones où les valeurs assurées sont plus élevées. En outre, les zones qui ont déjà subi des dommages pourraient à nouveau être frappées, ce qui entraînerait de la confusion quant à savoir quel événement est responsable de quels dommages.
Tous les assureurs ne pourront pas couvrir un troisième phénomène
De plus, les limites de réassurance après l'ouragan Irma doivent encore être rétablies. Bien que la plupart des assureurs aient déjà prévu une couverture de réassurance pour se protéger contre un deuxième événement, toutes les entreprises de l’industrie ne sont pas prêtes à couvrir un troisième phénomène. Certaines d’entre elles sont encore en train de négocier les termes pour rétablir tout ou une partie de leurs limites initiales. Si elles subissent d'autres pertes en raison de l'ouragan Maria, cela pourrait leur coûter encore plus cher que si elles avaient prépayées leur couverture de réassurance.
La question du partage des bénéfices
Troisièmement, de nombreux contrats de réassurance contre les catastrophes comportent des dispositions liées au partage des bénéfices, selon lesquelles un pourcentage du bénéfice de souscription est retourné à la société cédante. Or, plusieurs des assureurs exposés à l'ouragan Irma avaient déjà perdu des millions de dollars en raison du partage de bénéfices consécutif au passage de l'ouragan Matthew en 2016. Ces mêmes entreprises risquent donc de perdre encore des millions de dollars en raison des ouragans de cette année.
Enfin, il faut noter que la fréquence croissante des ouragans majeurs dans les Caraïbes pourrait entraîner des coûts de réassurance plus élevés lorsque les contrats seront négociés l'année prochaine.