L’Industrielle Alliance, Assurance auto et habitation, connait du succès avec son nouveau programme Mobiliz, destiné aux conducteurs de 16 à 24 ans et qui fait appel à la télématique.

À partir des données obtenues par un engin installé à l’intérieur du véhicule, l’assureur facture son client mensuellement. Si le client a un bon comportement, sa prime baisse. Elle augmente dans le cas contraire.

L’assureur n’a pas voulu dévoiler ses ventes au Journal de l’assurance. Toutefois, Suzanne Michaud, vice-présidente, expérience-client, à l’Industrielle Alliance, a fait savoir que l’assureur avait récolté 20 000 soumissions en moins de six mois.

« L’intérêt ne se dément pas. On a beaucoup d’appels, de visites sur le site Web et de soumissions. En plus, nous n’avons pas fait de publicité de masse pour promouvoir le programme. Tout ce que nous avons fait est de participer à des activités pour les jeunes, à Montréal et à Québec », dit-elle.

Les jeunes clients de l’assureur semblent bien apprécier la flexibilité que le programme leur procure, aux dires de Mme Michaud. Les irritants n’ont d’ailleurs pas trait aux aspects technologiques du programme, mais bien à certaines limitations découlant de la souscription.

À titre d’exemple, le programme pénalise les jeunes qui roulent à une vitesse dépassant 110 km/h, sur les autoroutes du Québec. Or, il est de notoriété publique que les policiers de la Belle Province ne se dérangeront pas pour donner une contravention tant qu’un conducteur n’excède pas 120 km/h.

Les jeunes conducteurs doivent aussi respecter un certain kilométrage en fonction de la soumission qu’ils ont acceptée, et plusieurs ont exprimé la crainte de voir leur facture d’assurance augmenter s’ils le dépassent, surtout l’été, période où ils se servent plus de leurs véhicules.

Fait cocasse : ils n’ont exprimé aucune crainte quant à l’idée de se faire localiser en tout temps. « Les jeunes savent se servir d’un GPS et cette notion les rebute peu », explique Mme Michaud.

Version 2.0

Compte tenu du succès du programme Mobiliz, l’Industrielle Alliance travaille sur une version 2.0. « Nous avons assez d’éléments en main pour le revoir. La tarification tient la route. On voit d’ailleurs une amélioration dans la conduite des jeunes. Ça nous donne de la marge de manœuvre pour la suite des choses », dit-elle.

Lors du lancement du programme, en avril, l’assureur estimait à 1 200 $ la prime moyenne des jeunes conducteurs. Or, le prix d’appel de l’assureur est de 600 $. En fonction du kilométrage, la prime du jeune conducteur peut augmenter au plus de 100 $.

Seules quatre questions sont posées au client lors de la soumission, soit la marque de son véhicule, son code postal, son âge et son sexe. Il est protégé des « 2 côtés » avec une franchise de 25 $ et peut souscrire une option « valeur à neuf ». Si le jeune conducteur présente un bon comportement de conduite, sa prime peut être réduite de 25 %, au maximum. Toutefois, s’il est irresponsable, la hausse peut atteindre 160 %, au maximum.

Comment son comportement est-il déterminé? L’appareil télématique mesure quatre indicateurs : le kilométrage, la vitesse, les freinages brusques et les accélérations rapides. Le petit engin installé peut détecter si le jeune conducteur dépasse les limites de vitesse. L’assureur a acheté la base de données de Transports Québec et l’a intégrée à la sienne.

Même si le lancement de Mobiliz semble positionner l’Industrielle Alliance comme un leader en matière de technologie en assurance de dommages, Mme Michaud affirme qu’il lui reste encore du chemin à faire avant d’y parvenir. « On ne se le cachera pas, on est encore loin de ce qu’un joueur comme BélairDirect peut faire. On accepte les soumissions par Internet en automobile, mais pas en habitation », dit-elle.

C’est l’une des raisons qui pousse l’assureur à entamer un vaste chantier, soit la refonte complète de ses systèmes informatiques. Une firme californienne a d’ailleurs été embauchée. Elle aura le mandat d’adapter son système à la réalité québécoise.

« C’est un gros chantier dont nous avions amorcé l’analyse en 2010. Le tout devrait être complété à la fin de 2013. On n’implique pas juste nos gens en technologie dans ce changement, mais aussi nos agents, qui sont consultés à chaque étape du processus. On voit la technologie comme une façon de mieux servir le client. On ne veut pas que ce soit développé juste pour que nos agents aient de beaux écrans devant eux », dit Mme Michaud.