Selon l’Indice de santé mentale de juillet 2022, 56 % des Canadiens disent que la pandémie de COVID-19 et ses conséquences survenues au cours des deux dernières années ont eu une incidence négative sur leurs enfants.
Publié par LifeWorks, l’Indice de santé mentale révèle également que les enfants sont anxieux à propos de l’avenir en raison des événements des deux dernières années. C’est ce qu’ont affirmé 27 % des Canadiens sondés. L’Indice résulte d’un échantillon de 3 000 Canadiens qui étaient au travail au cours des six mois précédents l’enquête et ont été sondés entre le 7 et le 12 juillet.
LifeWorks est venu élargir les services de TELUS Santé lorsque la maison mère TELUS Corporation a conclu son acquisition le 1er septembre 2022, au coût de 2,3 milliards de dollars en plus de prendre en charge une dette nette d’environ 600 M$.
Enfants anxieux
Le sondage de l’indice révèle également que les événements survenus au cours des deux dernières années ont eu une incidence négative sur les enfants, selon les réponses de 56 % des Canadiens sondés.
De plus, 27 % des Canadiens affirment que leurs enfants sont anxieux à propos de l’avenir en raison des événements des deux dernières années. L’indice de LifeWorks révèle en outre que les enfants de 15 ans et plus sont plus anxieux à ce sujet, en comparaison à la moyenne canadienne.
L’épanouissement des jeunes est aussi affecté : 24 % des parents disent que les événements des deux dernières années ont eu une incidence négative sur le développement social de leurs enfants.
De plus, 23 % des parents déclarent que les événements des deux dernières années ont eu une incidence négative sur le parcours scolaire de leurs enfants.
Une minorité dit que ces deux dernières années n’ont eu aucune incidence majeure sur leurs enfants. Ce groupe représente 39 % des parents sondés. Il obtient un score de santé mentale de 72,4, un résultat supérieur de sept points à la moyenne nationale, révèle l’Indice de santé mentale.
Une image plus claire
Il s’agit de la recherche la plus poussée à ce jour sur les enfants, a révélé au Portail de l’assurance la directrice de recherche de LifeWorks Research Group, Marilyn Grand’Maison. « Nous avons déjà posé quelques questions dans le passé au niveau de la santé mentale des enfants et de leurs parents. Cette fois, le but était d’avoir une image un peu plus claire. Nous avions vu l’impact des événements sur la santé mentale des enfants dans le passé, mais il s’agissait davantage de statistiques générales. Déjà, les parents notaient un impact négatif de la pandémie sur la santé mentale des enfants », explique-t-elle.
Quant à l’anxiété accrue chez les plus de 15 ans, Mme Grand’Maison estime que les jeunes de cette tranche d’âge sont plus conscients et comprennent mieux les enjeux qui nous affectent. « Nous avons de bonnes discussions avec nos parents lorsque nous sommes un peu plus vieux dans l’adolescence. Dans cette tranche d’âge, la sévérité des mesures sanitaires a été vraiment vécue profondément », ajoute la chercheuse. Les enfants ont aussi perdu des êtres chers et ont vu l’impact sur leurs parents, selon elle. « Les enfants comprennent la gravité de ce qui s’est passé et se passe encore. »
Les jeunes de cette tranche d’âge arrivent à un point où ils doivent réfléchir à comment ils orienteront leur future carrière, rappelle en outre Marilyn Grand’Maison. « C’est déjà beaucoup de stress dans une situation normale ; dans les circonstances vécues ces deux dernières années, cela peut devenir facilement une source d’anxiété : comment s’orienter lorsqu’on voit autant d’instabilité », constate-t-elle.
Le développement menacé
Mme Grand’Maison signale que les parents ayant observé une incidence négative des événements sur leurs enfants affichent un score de santé mentale beaucoup plus précaire que les autres parents. « Un parent sur quatre a remarqué une incidence négative sur le développement social de ses enfants : c’est énorme ! »
Elle y voit les conséquences des mesures d’isolement et de distanciation. « Les enfants plus jeunes développent leurs habiletés sociales et leur cerveau est en pleine effervescence », ajoute Mme Grand’Maison. Selon elle, limiter le nombre d’interactions ou changer la façon qu’elles ont lieu peut avoir un impact. « L’école a recommencé rapidement après le début de la pandémie, mais parfois en présence, parfois numériquement. Ce sont des chamboulements alors que la stabilité est extrêmement importante pour les enfants. »
Les adultes se referment
La directrice de recherche de LifeWorks observe aussi un impact sur les adultes, qui tendent à se refermer. « Dans un rapport précédent, nous avons remarqué que 68 % des gens sont plus à l’aise avec moins d’interaction sociale. »
Or, Marilyn Grand’Maison souligne que l’isolement est un facteur de risque majeur pour la santé mentale. « Avoir des relations saines et fortes avec la famille, les amis, les collègues est protecteur pour la santé mentale. Si l’on s’en prive, c’est un cycle qui peut avoir un effet sur les enfants et les parents. Il est important de créer des opportunités pour les relations sociales, de sortir de notre coquille et d’éviter de tomber dans le piège des mécanismes d’évitement », explique-t-elle.
PAE : la solution ?
Dans ses commentaires sur les résultats de l’Indice de santé mentale, le président et chef de la direction de LifeWorks, Stephen Liptrap dit comprendre la répercussion sur la santé mentale des perturbations et de l’isolement causés par la pandémie. « Elles ont gravement affecté la santé mentale des enfants. Il est compréhensible que cela ait des répercussions importantes sur les parents et les familles », dit M. Liptrap.
« Lorsque les organisations prennent en considération le soutien qu’elles offrent à leurs employés en matière de mieux-être, il est crucial de mettre l’accent sur les besoins des parents et les programmes d’aide aux employés et à la famille (PAE) », ajoute le PDG de LifeWorks. Il pense que ces ressources sont essentielles pour permettre aux employés et à leur famille de s’épanouir.
Sortir de sa tête
Marilyn Grand’Maison exhorte pour sa part l’employeur qui offre un programme d’aide aux employés de le promouvoir et de bien l’expliquer à ses employés. Parmi les solutions offertes par ces programmes, Mme Grand’Maison évoque le counseling familial ou individuel, pour enfant et parent. « Ce service peut les aider à gérer leur stress, à identifier certaines problématiques. »
Elle observe que les parents sont « parfois pris dans leur tête ». Le counseling peut selon elle les aider à en sortir et aider les enfants à se prendre en main. « De nombreuses recherches démontrent que de courtes sessions de counseling aideront à prévenir l’aggravation des problématiques. Nous suggérons aux employeurs de mettre cet élément de l’avant. »
L’employeur aura d’autres ajustements à faire, selon la chercheuse. « Les parents souhaitent plus de flexibilité quant au lieu et l’horaire de travail. Les parents doivent aller chercher les enfants à la garderie, à l’école, aider à leurs devoirs. La flexibilité leur enlève de la pression, ce qui les aide à rediriger leurs ressources mentales pour mieux aider leurs enfants », soutient Mme Grand’Maison. Selon les résultats de ses recherches, environ le tiers des Canadiens estiment que ce sont les modalités de travail flexible de leur employeur qui ont le plus favorisé leur santé mentale.
PAE : trop peu d’utilisation
Marilyn Grand’Maison déplore que trop peu d’employés utilisent les programmes d’aide que leur offre leur employeur. Elle révèle que le taux d’utilisation de ces programmes oscille entre 3 % et 5 %, en moyenne. « Lorsque l’on observe un taux d’utilisation de 8 % à 10 % dans un groupe, nous considérons que c’est excellent, mais c’est encore trop peu », dit-elle.
Elle rappelle que le programme d’aide aux employés est totalement gratuit pour les employés. Marilyn Grand’Maison signale que LifeWorks fournit des services de programmes d’aide aux employés de plus de 13 250 clients au Canada, « dont près de 2 200 au Québec uniquement ». Ses statistiques révèlent que 80 % à 90 % des employeurs en offrent.
Légère augmentation
En juillet 2022, le score de l’Indice de santé mentale s’élève à 65,0 points sur 100, en légère augmentation par rapport au score de 64,1 du mois de juin. Les enfants canadiens subissent les effets négatifs des événements des deux dernières années, ajoute LifeWorks pour expliquer la faible progression de l’indice.
Le Québec obtient le meilleur score. « La santé mentale des Québécois s’est améliorée par rapport à 2020 et à 2021 », note Marilyn Grand’Maison. Si la santé mentale des Canadiens n’est pas à risque, selon les données de l’indice de juillet, elle n’est pas non plus optimale. Elle demeure précaire, rappelle la directrice de recherche. Elle ajoute que la population canadienne a fait du chemin, mais la situation demeure inquiétante.
« Les gens se montrent résilients. Ils ont trouvé certains mécanismes d’adaptation, mais il faut rester à l’affût. On s’améliore, mais on demeure à un niveau plus sensible à de futurs chamboulements. Il faut regarder la progression de l’indice à plus long terme. Généralement, les choses vont mieux à l’été. Il faudra regarder quel a été l’impact de la rentrée scolaire. » Elle apporte un stress additionnel, tout comme le fait actuellement l’inflation, remarque Mme Grand’Maison.