Jean-François Desautels a un message pour ceux qui croient qu’Intact Assurance compte délaisser le courtage à la suite de l’annonce du lancement de son réseau d’agents exclusifs.
« Le courtage est et restera notre principal mode distribution au Québec. Le modèle d’agents exclusifs est une option que nous ajoutons pour ceux qui se sentent à l’étroit dans la définition demandée pour être courtier », a affirmé le premier vice-président d’Intact Assurance au Québec, en entrevue au Portail de l’assurance.
Combien de cabinets de courtage seront intéressés par cette approche, considérant qu’une centaine des 500 cabinets qui traitent avec Intact ont l’assureur pour actionnaire ou concentrent du volume auprès de lui ? Impossible de le dire pour le moment, affirme M. Desautels.
Il précise toutefois que des discussions ont cours avec plusieurs cabinets, et ce, de toute taille. Les discussions se font cabinet par cabinet, mentionne-t-il, car chaque cabinet a une réalité différente des autres. Il dit néanmoins s’attendre à ce que des cabinets fassent des annonces au cours des prochaines semaines.
L’importance de traiter avec des entrepreneurs
M. Desautels réitère ainsi que le modèle est rendu disponible pour répondre aux besoins de certains distributeurs. « On s’est inspiré de ce qui se fait aux États-Unis. Progressive a un tel modèle. Il en va de même en Europe pour ING et AXA. Certains connaissent du succès, alors que pour d’autres, l’expérience est plus mitigée. On s’adapte au marché actuel. Ce qu’on privilégie, c’est de traiter avec un entrepreneur investi dans la direction de son entreprise. »
Au cours de l’entrevue, M. Desautels a souvent répété cette notion d’entrepreneur investi dans son entreprise, qu’il soit un courtier ou un agent exclusif. Il rappelle qu’Intact Corporation financière est aussi propriétaire de l’assureur direct Belair. « On connait les avantages et les limitations de ce modèle », dit-il.
Puis, il rappelle que plus de 85 % des activités menées par Intact au Canada et aux États-Unis le sont via le courtage. « L’entrepreneur est un levier très puissant de croissance pour son entreprise. On veut continuer à profiter de cela », a ajouté M. Desautels.
Confusion possible ?
Dans les plans actuels, les agents exclusifs proposeront aussi des produits d’Intact Assurance, marque qui jusqu’en début de semaine, ne vendait ses produits que par le courtage. Y aura-t-il une confusion aux yeux des consommateurs ?
Pour Jean-François Desautels, c’est la divulgation qui sera faite au consommateur qui fera la différence pour éviter cette confusion. « Nous devrons nous assurer que le client comprenne. On n’entrevoit pas de problèmes en ce sens. En ce moment, au Québec, il y a des assureurs qui sont actifs à la fois dans le courtage, en distribution directe et dans l’univers numérique. On trouvera la meilleure façon de faire cette divulgation. »
M. Desautels a aussi précisé que la tarification des produits sera la même pour les courtiers que pour les agents exclusifs. Il ajoute que les deux réseaux auront accès aux mêmes développements technologiques, au même service d’indemnisation et de souscription ainsi qu’aux mêmes outils publicitaires.
Est-ce que cette décision pourrait varier dans le temps ? Pas à court ou moyen terme en tout cas, affirme M. Desautels, en précisant que ce n’est pas son intention de les distinguer.
Le taux de commission sera-t-il aussi le même ? Le tout reste à définir. M. Desautels veut toutefois s’assurer que les entrepreneurs qui choisiront de devenir des agents exclusifs aient droit à des rendements intéressants. Il ne s’attend pas à voir de grandes différences entre les deux au bout du compte.
M. Desautels se dit aussi convaincu que les deux modèles cohabiteront bien. Il affirme qu’il y a une place dans le marché pour les agents exclusifs d’Intact.
Celui-ci se dit plus préoccupé par la vitesse et par l’agilité que devront avoir ces entrepreneurs pour intégrer le numérique dans leurs activités et répondre aux attentes des consommateurs en ce sens. Il cible d’ailleurs l’assurance des entreprises à ce propos, soulignant qu’un sérieux coup de barre doit être donné pour moderniser ce segment, vu la vétusté des systèmes utilisés par plusieurs des joueurs qui y sont présents.
« Il ne faut pas penser que notre option d’agents exclusifs va régler tous les problèmes. C’est la gestion de l’entrepreneur qui fera la différence dans ce modèle », dit-il.
Par Hubert Roy et Serge Therrien