Une association mondiale de chefs de la direction de compagnies d’assurance et de réassurance demande aux gouvernements de partout dans le monde de devenir des « assureurs de dernier recours » pour pallier le manque de protection actuel contre le risque de pertes d’exploitation en cas de pandémie.

L’Association de Genève — dont le conseil d’administration est composé de chefs de la direction de compagnies d’assurance, notamment Charles Brindamour, d’Intact Corporation financière, à la présidence — affirme dans une série de rapports que le risque de pertes d’exploitation en est un que les assureurs ne peuvent pas assumer seuls. À l’échelle mondiale, les sinistres survenus en 2020 à cause de la pandémie s’élèveraient à plus de 4 000 milliards de dollars américains. Or, l’industrie de l’assurance de dommages n’aurait reçu que 1 600 milliards de dollars en primes annuelles. Et de ce montant, seulement 30 milliards de dollars étaient des primes d’assurance contre les pertes d’exploitation.

Un risque impossible à modéliser et à tarifer

« La COVID-19 a montré que les interruptions d’activités liées à la pandémie sont directement liées aux mesures de confinement imposées par les gouvernements, ce qui en fait un risque impossible à modéliser et à tarifer », dit l’association. Elle ajoute que le risque est de nature systémique, donc susceptible d’entrainer des pertes financières généralisées et simultanées. « Le marché privé ne peut pas offrir des montants de garantie adéquats, en raison des capitaux trop élevés que cela demande. L’État doit absolument intervenir pour que tout le monde soit mieux préparé et plus résistant aux bouleversements causés par une pandémie. »

Dans son rapport intitulé Public-Private Solutions to Pandemic Risk : Opportunities, challenges and trade-offs (solutions public-privé aux risques des pandémies : occasions, défis et compromis), l’association propose quatre systèmes de financement dans lesquels les gouvernements pourraient jouer un rôle de premier plan. Ces systèmes sont : une assurance directe obligatoire ou facultative offerte par le gouvernement et administrée par les assureurs privés ; une réassurance fournie par le gouvernement en appui à une couverture obligatoire ou facultative du secteur privé ; une assurance sociale obligatoire ; ou une aide financière offerte après un évènement.

Atténuation des risques et préparation

« Chaque solution a ses forces et ses faiblesses. Cela dit, l’approche la moins efficace est probablement la distribution d’argent après coup, qui rend inutile tout avantage que peuvent procurer l’atténuation des risques et la préparation », peut-on lire dans le rapport. « L’assurance, la réassurance ou l’assurance sociale qui serait fournie par le gouvernement sont toutes des solutions très valables sur le plan économique. Le choix final dépendrait des compromis associés. » Le rapport poursuit avec une évaluation des avantages de chaque système proposé en fonction des objectifs d’ordre public. Il tente aussi de répondre à deux questions : Pourquoi trouve-t-on toujours aussi peu d’assurances contre les pertes d’exploitation en cas de pandémie sur le marché ? Que faudrait-il pour permettre un certain degré de transfert de risque ?

« Les mesures de confinement adoptées par de nombreux gouvernements pour contenir la COVID-19 ont plongé l’économie mondiale dans la pire récession depuis la Deuxième Guerre mondiale, peut-on lire dans le rapport. Ce bouleversement a braqué les projecteurs sur les importantes lacunes en matière d’assurance contre les pertes d’exploitation. Des quelque 4 500 milliards de dollars américains que la pandémie aurait fait perdre au PIB mondial en 2020, moins de 1 % sont probablement couverts. Les gouvernements doivent prendre les devants et assumer la plus grande part du risque afin de mettre à profit la capacité éprouvée de l’industrie à atténuer les risques. »