La productivité de l’industrie de l’assurance stagne depuis plus d’une décennie. Ce constat est celui de la firme McKinsey & Company, qui, dans son rapport The Productivity Imperative in Insurance, a conçu un indice mesurant l’évolution des dépenses d’exploitation d’une industrie par rapport à ses bénéfices. L’industrie de l’assurance se démarque par la hausse de ces dépenses, contrairement aux autres industries.
Qu’est-ce qui explique que des secteurs comme ceux des télécommunications, de l’automobile et de l’aviation ont pu améliorer leur productivité, alors que l’assurance ne cesse de gaspiller de l’argent ? Les consultants de McKinsey avancent que l’industrie n’a pas su capitaliser sur ses investissements en technologie au cours des dix dernières années, notamment.
Simplement couper dans les couts n’a pas été suffisant non plus, tandis qu’acquérir pour accroitre sa taille n’a bénéficié qu’à certains leadeurs de l’industrie, disent-ils. Les consultants de McKinsey ont aussi appuyé leur analyse par des entretiens avec plus de 200 dirigeants d’assureurs à travers le monde pour bâtir leur argumentaire, et ce, tant en assurance vie qu’en assurance de dommages.
Pas de temps à perdre !
Les assureurs doivent voir grand, et vite, affirment les analystes de McKinsey dans leur rapport. Il ne s’agit plus pour eux de mettre en place de simples stratégies de réduction de budget. Ils doivent en venir à établir des changements structuraux plus ambitieux à leur modèle d’affaire, pressent-ils.
Ceux-ci estiment qu’une compagnie d’assurance de taille moyenne (1 milliard de dollars de primes) gaspille annuellement 27 millions de dollars de bénéfices vu sa mauvaise gestion des couts. McKinsey a aussi divisé son échantillon de compagnies d’assurance en quintile. Le quintile le plus performant a cumulé des bénéfices moyens de 764 M$ par année. Ceux se situant dans le dernier quartile dépensent en moyenne près d’un milliard de dollars par année, rapporte McKinsey.
4 leviers pour redresser la barre
Analysant la performance des assureurs qui ont réussi à mieux gérer leurs couts d’opération, les consultants de McKinsey ont dégagé quatre leviers sur lesquels les assureurs peuvent s’appuyer pour améliorer leur productivité.
Le premier a trait à leur excellence de fonctionnement. Il s’agit de cibler une activité, la souscription ou les réclamations par exemple, et d’en accroitre les capacités. Plus facile à dire qu’à faire ? McKinsey rapporte qu’un assureur présent dans plusieurs segments de marché a mis en place une structure unique pour réaliser son markéting et favoriser la coordination entre les marques, lui permettant de réduire la duplication des tâches.
Vient ensuite la simplification de la structure pour en améliorer la productivité. Un assureur scandinave actif en assurance de dommages a mis de côté son système patrimonial (legacy system) pour le transporter dans un logiciel informatique payé par forfait. Ses dépenses de fonctionnement ont diminué de 25 %, en plus de lui permettre d’atteindre un niveau d’automatisation de 80 %.
Troisième avenue : transformer l’organisation. Une approche plus drastique, admettent les experts de McKinsey. Ça peut aller à lancer un joueur numérique, ou vendre un bloc qui est fermé aux ventes, par exemple. Un joueur actif dans le domaine des régimes de retraite au Royaume-Uni a complètement revu son modèle d’affaires pour permettre à ses clients de se servir à partir de ses portails. Ses couts directs ont diminué de 30 %. Sans compter que l’entreprise a réduit de 60 % ses capacités de gestion d’arrière-guichet (back-office).
Dernier pilier : miser sur l’agilité de l’entreprise. Il s’agit grosso modo de trouver des moyens pour canaliser l’innovation au sein d’un assureur, mais aussi de s’assurer que le tout est communiqué clairement.