Aon va-t-il pouvoir mettre la main sur Willis Towers Watson ? La balle est actuellement dans le camp de la Commission européenne.

L’institution, qui élabore la stratégie globale et les orientations politiques de l’Union européenne, a annoncé le 21 décembre l’ouverture d’une « enquête approfondie » sur ce projet de rachat sous le prisme du règlement de l'Union européenne sur les concentrations.

Assurer le maintien d’une « concurrence effective »

La Commission dit en effet craindre que la fusion de Aon et Willis Towers Watson « ne puisse réduire de manière significative la concurrence » sur les marchés où les deux courtiers en assurance et en réassurance sont présents, soit le courtage en assurance des risques commerciaux, le courtage en réassurance et la fourniture de services de retraite, de santé et de protection sociale aux clients commerciaux.

« Nous avons ouvert une enquête approfondie afin de déterminer soigneusement si l'opération pourrait avoir des effets négatifs sur la concurrence, réduire le choix et augmenter les prix pour les clients européens sur le marché du courtage en assurance des risques commerciaux », a ainsi commenté Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive de la Commission chargée de la politique de concurrence, dans un communiqué.

Les conclusions de l’enquête initiale

L’ouverture de cette enquête fait suite à une enquête initiale menée par la Commission.

Celle-ci a en effet « mis en évidence un certain nombre de sujets de préoccupation » concernant la fourniture de services de courtage commercial, en particulier aux gros clients multinationaux dans les classes de risque de dommages, de services financiers et professionnels, de crédit et risque politique, et de cyber et maritime. Ces gros clients multinationaux dépendent en effet de courtiers « disposant d'un haut niveau d'expertise et d'une présence mondiale », dit l’institution européenne.

La Commission craint également que l'opération ne réduise la concurrence dans les services de courtage fournis à des clients de toutes tailles en matière de risques liés à la fabrication spatiale et aérospatiale, ainsi que dans quelques classes de risque supplémentaires sur certains marchés nationaux.

« À ce stade, la Commission considère qu'Aon et Willis Towers Watson sont deux des très rares courtiers qui sont en mesure de fournir ces services à une échelle multinationale », dit-elle.

Risque pour la réassurance ?

La Commission va par ailleurs examiner de plus près les marchés sur lesquels Aon et Willis Towers Watson sont toutes les deux actives.

Pour le marché du courtage en réassurance par exemple, la Commission note en effet que la transaction « combinerait deux des trois principaux courtiers en réassurance et pourrait ainsi réduire le choix des compagnies d'assurance qui confient leurs risques à des compagnies de réassurance ».

90 jours ouvrables

La Commission, qui indique coopérer avec les autorités de concurrence du monde entier, a jusqu’au 10 mai 2021 pour prendre une décision dans ce dossier.

Dans un communiqué publié le 21 décembre, Aon parle d’une étape « courante du processus d'examen d'une opération de cette taille et de cette complexité ». Le cabinet de courtage indique être sur la bonne voie pour conclure la transaction lors des six premiers mois de 2021.

Un an après avoir fait marche arrière, Aon avait annoncé en mars 2020 son intention de faire l’acquisition de Willis Towers Watson, l’un des plus gros courtiers d’assurance au monde. Les agences de notation avaient alors réagi.