S'il n'en tient qu'à Rowan Saunders, PDG de RSA, sa compagnie sera un joueur important de la consolidation du marché de l'assurance de dommages canadien.Il dit croire que les nombreux défis auxquels devront faire face les assureurs vont accélérer cette consolidation. En entrevue au Journal de l'assurance, il a dévoilé quelles actions il veut entreprendre au Québec.
Selon les données statistiques compilées dans le Rapport Scor 2009, RSA a affiché une croissance de ses primes de 5 % de 2008 à 2009, passant de 1,8 milliard de dollars ( G$) à 1,9 G$. Son bénéfice a crû de 12 %, passant de 132 M$ à 149 M$ de 2008 à 2009. Les résultats techniques de RSA avaient subi une baisse significative de 2007 à 2008, passant de 119 M$ à 20 M$. Ils se sont améliorés en 2009, s'établissant à 54 M$.
Selon M. Saunders, la performance de RSA, qu'il juge satisfaisante, est notamment attribuable à la stratégie de segmentation de la compagnie et au fait qu'elle n'est pas généraliste. « Notre portefeuille est très diversifié. Ainsi, nous ne dépendons d'aucun marché spécifique. La multiplicité de nos marchés nous donne la capacité de servir les consommateurs qui ont tendance à migrer d'une compagnie à l'autre », explique-t-il.
RSA a pour stratégie de se tourner vers de petits marchés qui ont un large appétit, comme les technologies vertes, par exemple. Elle mise aussi sur le secteur manufacturier et de la construction. « Notre objectif est de dominer dans ces segments, car nous avons une bonne expertise pour comprendre les clients et les risques sur ces marchés », dit M. Saunders. RSA est la compagnie qui occupe la première place sur le segment de l'assurance maritime au Canada.
Au Québec, la compagnie a usé de la même stratégie : son portefeuille y est segmenté. « C'est la région dans laquelle nos affaires en assurance aux entreprises ont progressé le plus vite. Elles ont crû de 18 % en 2010. Nous performons très bien dans le secteur de la construction et des énergies renouvelables, dit M. Saunders. Notre volume de primes nettes souscrites est sous la barre des 60 M$ et notre objectif est d'atteindre un volume de 100 M$. La compagnie s'est donnée un autre objectif dans la province : réintégrer le marché de l'assurance des particuliers. C'est un défi car ce marché est très concentré, dit M. Saunders.
M. Saunders a d'ailleurs confié que c'est pour cette raison que RSA garde active sa filiale Québec Assurance. Il dit vouloir saisir l'occasion de réintégrer le marché de l'assurance des particuliers au Québec si jamais elle se présente et garde toujours un œil sur cette possibilité. RSA est aussi présente en assurance des particuliers au Canada. Une partie importante de son portefeuille se trouve dans le marché de l'assurance auto en Ontario. Malgré les difficultés que vivent les assureurs dans ce segment, M. Saunders dit que RSA a réussi à ne pas y être déficitaire.
La compagnie envisage toujours de réaliser des acquisitions. « Nous sommes très actifs en la matière. Nous avons acheté plusieurs compagnies et portefeuilles ces dernières années. L'une de nos équipes cherche en permanence à saisir les occasions. »
Il ajoute s'attendre à ce que la consolidation du marché de l'assurance de dommages se poursuive. « Au cours des prochaines années, les dix principaux assureurs pourraient occuper 70 % du marché, contre près de 60 % actuellement. Nous voulons jouer un rôle dans cette consolidation. Le marché est en mutation, mais le cycle va doucement se poursuivre », dit-il.
M. Saunders s'attend toutefois à un changement radical à un moment. « Certains assureurs feront face à plusieurs défis. Les pertes liées aux catastrophes et au climat seront en hausse. Le segment de l'assurance aux particuliers subit des changements importants. De plus, le marché de l'assurance automobile en Ontario est problématique. Les assureurs devront ainsi revoir leur stratégie, car il y aura une grande divergence dans leurs résultats. Ça entrainera des remous dans le marché et mènera à sa consolidation », dit-il.
M. Saunders affirme que RSA présentera quelques nouveautés en 2010. Parmi celles-ci, un nouveau programme destiné aux petites entreprises. De plus, l'assureur présentera une nouvelle plateforme technologique à ses courtiers au cours de 2010.
Sophie Boltz