Les effondrements de toitures dus au poids de la neige causent bien des soucis aux assureurs du Québec. Or, ce ne sont pas les seuls. Les réclamations sont de tout type, ont confié certains représentants au Journal de l’assurance, et ce, tant en assurance automobile qu’en habitation.

Les réclamations ont atteint un niveau particulièrement élevé, en comparaison avec les chiffres de la dernière décennie. « Ce qui est marquant cette année c’est la fréquence, mais surtout la sévérité des réclamations. Il y en a beaucoup plus cet hiver. Il est difficile de les identifier en type de perte, mais, globalement, il y a plus de réclamations », explique Pierre Duchesne, coordonateur en assurance des particuliers à La Capitale.

Effondrements de toitures : la situation diffère de 2008

Les effondrements de toiture suivent, de façon générale, un cocktail météorologique ou des conditions hors normes. Cette année, la densité et le nombre de précipitations sont les marqueurs qui affectent le plus les causes de réclamations, comparativement à 2008 où les rafales de vent étaient à l’origine de la plupart des dommages, explique le météorologue du laboratoire de recherches d’Intact Assurance, Jonathan Gadoury.

« Le vent crée des amoncèlements de neige et disperse inégalement le poids de la neige sur le toit ou dans le comble d’un bâtiment. D’ailleurs, le comble est souvent la faiblesse structurale d’un immeuble. Donc, si la neige s’y accumule en raison des vents, elle peut causer beaucoup de dommages, prévient M. Gadoury. Le gel et le dégel peuvent aussi créer des plaques de glace qui empêchent la neige et l’eau de s’écouler. Ça ajoute du poids à la toiture, ce qui augmente le risque d’effondrement. »

La prévention est la clé, disent les assureurs

Le mot d’ordre des assureurs est, sans contredit, la prévention. Chacun y va de sa technique pour alerter les assurés. La Capitale opte pour les publications sur les réseaux sociaux, les blogues et son site Internet.

Intact Assurance fait campagne dans les médias sociaux et les médias de masse, en misant sur son programme de prévention ciblé, développé par son équipe de scientifiques de données, dans son laboratoire de recherche DataLab. Ce dernier compile, entre autres, les données météorologiques de chaque région administrative, en temps et en heure. Il alerte automatiquement les clients qu’un risque les guette. Intact les recommande ainsi à ses assurés de prendre les mesures nécessaires pour éviter les bris ou, pire, un effondrement.

Intact dit aussi compter sur une brigade de 55 préventionnistes dans ses rangs. « Ceux-ci contactent régulièrement les assurés pour donner des trucs et envoyer des fiches pratiques dans le but de les préparer aux risques auxquels ils sont sujets, explique Arnaud Collinet, vice-président aux assurances des entreprises chez Intact Assurance. Leur rôle est d’aider, éduquer, donner des conseils et faire des recommandations aux clients », dit-il.

De plus, chez Intact comme chez d’autres assureurs, les assurés peuvent recevoir une somme en argent pour faire déneiger leur toiture quand le risque est important. « Il en coute moins cher de prévenir que d’indemniser et de réparer pour les assureurs, souligne Vincent Gaudreau, vice-président du cabinet de courtage Gaudreau Assurances. En cas d’effondrement, il faut considérer le cout du bâtiment en soi, qu’il faut généralement rebâtir, le contenu à l’intérieur ; la valeur des véhicules qui s’y trouvent lorsqu’il s’agit d’un garage, la perte de bénéfice et de revenus dans le cas d’une usine ou d’une manufacture. La prévention est la clé. D’une manière comme d’une autre, les gens doivent être proactifs dans ce genre de situation. »

Les effondrements de toiture demeurent rares

Bien qu’ils aient été plus nombreux cette année et que certains ont fait les manchettes, les effondrements de toits résidentiels sont très rares. Il est encore plus rare que les résidents ne soient pas assurés pour ce type de dommage, selon les trois assureurs interrogés par le Journal de l’assurance. En temps normal, les résidences sont couvertes par l’assurance habitation qui comprend l’assurance tous risques.

« Le risque désigné est présent quand le bâtiment est âgé, mal entretenu, en mauvais état, que le genre d’activité au sein du bâtiment est suspicieux, ou que le profil du client est problématique, notamment au niveau de l’historique des réclamations », mentionne Vincent Gaudreau.

Règle générale, les réclamations les plus spectaculaires pour les assureurs proviennent des entreprises, dit Pierre Duchesne. « Les toits sont généralement plats et vastes, alors qu’au résidentiel, les toits sont arqués, en pente et plus concis, ce qui les rend plus résistants. »

Le pire à venir ?

L’hiver tire tranquillement sa révérence, mais le mois de mars ne laisse pas sa place non plus. C’est le chevauchement entre les dernières bordées de neige et le début de la fonte. « Ce n’est pas parce que le toit ne s’effondre pas qu’il n’y aura pas de réclamations », rappelle Pierre Duchesne.

Les infiltrations d’eau sont communes au moment du dégel et peuvent faire autant de dommage financier que matériel. « On sait qu’avec la fonte de la neige, il va y avoir des barrages de glace, ce qui est une prédisposition à l’infiltration d’eau par le toit », ajoute-t-il.

« Il commence à faire chaud certes, mais on n’est pas sortis du bois pour autant. La fonte et la neige transformée en pluie vont mettre une charge supplémentaire sur les toitures. Il y a aussi un risque pour la vie humaine à prendre en considération », note Arnaud Collinet, d’Intact.