Au vu des propositions de l’Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles (AEAPP), la révision de Solvabilité II en 2020 pourrait perturber le ratio de solvabilité des assureurs.
Au départ, l’agence de notation de portée mondiale établie à Londres, S&P Global Ratings, salue les propositions de l’AEAPP parce qu’elles reflètent davantage la dimension économique du marché des taux d’intérêt. Selon S&P, leur application rehausserait ainsi la transparence.
Mais les fleurs s’arrêtent là. L’agence de notation dit s’attendre à ce qu’elles aient aussi un impact négatif sur le ratio de solvabilité des assureurs établi en vertu du cadre de portée internationale Solvabilité II, particulièrement ceux qui offrent des garanties à long terme.
L’Europe sous tension
Initiative européenne lancée en 2016, Solvabilité II retient néanmoins l’attention des pays situés sur d’autres continents, notamment le Canada où les régulateurs s’inspirent de ses principes.
En Europe, les assureurs sont sur les dents, en attente de la révision, observe S&P. L’agence dit que l’impact variera selon les pays, et estime qu’il atteindra en moyenne de 30 à 70 points de pourcentage. « Nous croyons que les assureurs de pays qui offrent des garanties à long terme seront les plus affectés, tels l’Allemagne la Hollande et les pays nordiques », précise-t-elle. Pour certains assureurs, l’impact pourrait atteindre plus de 100 points de pourcentage.
Dans un premier temps, S&P Global Ratings signale que les notes qu’il attribue aux assureurs européens ne seront pas directement affecté. L’agence dit évaluer l’adéquation du capital selon son propre modèle fondé sur le risque. « Nous ne pouvons toutefois écarter la possibilité d’effets secondaires », ajoute-t-elle.
Problème exacerbé par les taux
S&P Global Ratings croit que les assureurs devront mettre à jour leurs plans de gestion de capital, pour tenir compte des changements que pourrait entrainer la nouvelle mouture de Solvabilité II dans les ratios règlementaires.
L’impact de la révision sera d’ailleurs exacerbé par la faiblesse des taux d’intérêt, qui ont encore baissé en 2019, observe l’agence. Elle croit toutefois que certaines propositions bénéficieront à l’industrie, notamment celle d’une provision en cas de catastrophe et de risques liés à la propriété.
Loin de la coupe aux lèvres
Créer un cadre de solvabilité harmonisé à travers l’Europe est un processus de longue haleine, souligne S&P Global Ratings. « L’AEAPP fera ses recommandations à la Commission européenne. C’est la Commission et les parlements nationaux qui auront le dernier mot », explique l’agence de notation.