Un récent rapport de S&P Global Ratings signale que les assureurs de personnes devront retourner à des stratégies défensives en raison du retour des bas taux d’intérêt. Les assureurs de dommages s’en tireront mieux.

C’est fou la différence que peut faire une année, suggère un récent rapport de S&P Global Ratings. Il y a 12 mois, S&P et bien d’autres joueurs de l’industrie affichaient un optimisme prudent, dans la foulée de timides hausses des taux d’intérêt à long terme, aux États-Unis entre autres. La suite a montré combien tous se sont mépris.

Le rapport EMEA Insurers Buckle Down As Low Interest Rates Make An Unwelcome Return tranche avec de nombreux commentaires rassurants émis en fin d’année sur l’économie canadienne. Il ne survole pas le marché de l’assurance au Canada, mais jette en contrepartie un regard éclairant sur 13 autres marchés, réparties à travers l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique (d’où EMEA, pour Europe, Middle-East et Africa).

Le rapport de l’agence de notation mondiale en assurance démontre que ces marchés sont loin d’être immunisés contre les trois baisses de taux de la Fed. En bref, l’agence de notation prévoit que le retour des taux d’intérêt à long terme à un plancher historique ne laisse augurer rien de bon pour l’économie mondiale. Les assureurs en souffriront également.

Effet d’entrainement

S&P Global Ratings anticipe que les assouplissements monétaires des États-Unis et de l’Europe ainsi que les politiques accommodantes des États-Unis et du Japon préviendront une récession mondiale. « Mais le risque est à la hausse », prévient la firme.

« Nous estimons désormais la probabilité d’une récession américaine à 35 %, en hausse par rapport à 20 % en 2018 », dit S&P. L’agence croit que les marchés qui dépendent largement des échanges commerciaux avec les États-Unis en souffriraient, tels le Royaume-Uni et les autres pays d’Europe et plusieurs marchés émergents.

Facteurs nuisibles aux bénéfices des assureurs

La croissance du PIB mondial au ralenti, les courbes de rendements inversées et la perspective de taux d’intérêt bas dans un avenir prévisible sèment le grain d’une prochaine crise financière, croit S&P. Pour les investisseurs partis à la chasse au rendement, les écarts de crédits pourraient mal refléter le risque des actifs et en amener plusieurs à les surévaluer. Une situation qui entrainerait encore plus d’endettement.

Chez les assureurs, les bas taux d’intérêt, les écarts serrés et les courbes inversées nuisent à la rentabilité. Ces facteurs augmentent les écarts d’appariement entre l’actif et le passif, particulièrement en assurance de personnes. Leurs notations financières souffrent des marchés volatils entrainés par une récession, car ils peuvent affecter le bilan des assureurs.

De plus, les bas taux d’intérêt érodent le rendement des assureurs. Selon S&P, le taux moyen sur les coupons des obligations chute d’environ 20 points de base (0,2 %) par année dans plusieurs marchés.

Les assureurs de dommages moins affectés

Bonne nouvelle pour les assureurs de dommages, S&P Global Ratings estime qu’ils demeureront rentables malgré les taux d’intérêt faibles, en raison de leur discipline de souscription qui atténue l’impact des rendements moins élevés.

« Même si les bas taux frappent leurs rendements, les assureurs de dommages n’en ont qu’aiguisé davantage leurs efforts de rentabilisation en souscription des risques », signale le rapport.

Ratio combiné de 95 % en 2020

L’agence constate que les assureurs de dommages ont augmenté leurs prix dans la plupart de leurs segments d’affaires en 2019, une tendance qui devrait selon elle se poursuivre en 2020.

« Nous nous attendons à ce que le ratio combiné des assureurs demeure en dessous de 100 %. En 2020, nous nous attendons à ce qu’il gravite autour de 95 % dans plusieurs marchés, voire moins. »

S&P Global Ratings s’attend également à ce que les profits techniques demeurent très vigoureux en 2020… sauf dans le marché très compétitif du Royaume-Uni.