Sun Life a annoncé avoir été choisie pour fournir des services administratifs à l’égard du Régime de retraite de l’Université McGill (RRUM).
L’assureur a ajouté qu’il s’acquittera de son rôle en collaboration avec la firme de services actuariels Normandin Beaudry. Selon des recherches menées par le Portail de l’assurance, Morneau Shepell en était l’administrateur au préalable.
Le régime couvre 10 000 participants, ce qui en fait l’un des plus importants régimes administrés par Sun Life. Dans un communiqué publié le 4 novembre pour annoncer ses résultats du troisième trimestre de 2020, l'assureur révèle que l'actif de ce régime, l'un des plus importants dans le secteur de l'éducation selon lui, se chiffre à 1,7 milliard de dollars (G$).
« En termes d’actifs, c’est notre plus important régime au Québec et un des 5 plus importants dans notre bloc d’affaires au Canada. Nous avons une bonne présence dans le milieu universitaire et administrons pour une autre université un régime qui est dans notre top 5 », a précisé en entrevue avec le Portail de l’assurance, Jean-Michel Lavoie, vice-président régional, développement des affaires, régimes collectifs de retraite de Sun Life.
L’assureur dit avoir commencé à gérer le RRUM, ainsi que les programmes volontaires d’épargne et l’option de prestation variable de l’Université McGill, le 1er septembre 2020. C’est aussi le second régime de retraite de l’Université McGill dont la Sun Life s’occupe. L’institution lui avait confié le régime de l’Union des employés de service en 1996. La Sun Life dit être l’un des principaux fournisseurs de régimes de retraite pour les établissements d’enseignement au Canada, et couvrir des dizaines de milliers de participants dans plus d’une centaine de ces établissements.
Simplifier l’administration
Appelée par le Portail de l’assurance à expliquer sa décision d’aller vers Sun Life, l’institution d’enseignement a répondu par courriel. « La bonne administration du régime de retraite de l’Université McGill et le soutien aux participants dans l’atteinte de leurs objectifs de retraite à long terme font partie de nos principales priorités, et je suis heureux que nous puissions continuer à le faire », a dit le directeur des régimes de retraite et avantages sociaux, ressources humaines de l’université, John D’Agata.
Les documents disponibles sur le site de l’Université McGill indiquent que Morneau Sheppell était l’unique fournisseur de ce régime avant la transaction. Dans une lettre adressée aux employés, M. D’Agata dit avoir choisi Sun Life pour simplifier l’administration et offrir aux participants de nouvelles ressources pour les aider dans leur planification financière.
Régime hybride
Il s’agit d’un régime qui n’est pas fréquemment rencontré dans le marché, expliquent les deux parties chargées du RRUM : soit un régime hybride d’un type particulier où deux composantes s’activent en parallèle. L’une est à cotisations déterminées et l’autre à prestations déterminées. Normandin Beaudry fournit les services actuariels pour la partie à prestations déterminées du régime, dont le calcul des droits acquis par les participants.
Tant Sun Life que Normandin Beaudry conviennent que les assureurs sont mieux structurés pour administrer les régimes à cotisations déterminées, et les firmes d’actuaires pour prendre en charge les régimes à prestations déterminées.
« Ni l’un ni l’autre de nous deux ne pouvaient prendre seuls le régime de retraite des employés de l’Université McGill », a expliqué au Portail de l’assurance Martin Cyrenne, associé principal de Normandin Beaudry. « C’est la première fois que nous collaborons avec un assureur dans ce genre de régime très particulier. Nous amenons une expertise complémentaire. Nous nous occupons d’administrer la portion à prestations déterminées du régime. »
Cette portion à prestations déterminées du régime hybride concerne quelque 5 000 participants, révèle Martin Cyrenne. « Ils conservent leur droit à une prestation minimale en proportion de leurs années de service. Nous devons faire des calculs actuariels pour la déterminer », ajoute-t-il. M. Cyrenne précise que les employés embauchés après 2009 ont uniquement accès à un régime à cotisations déterminées. Les autres continuent de bénéficier de la partie prestation déterminée du régime.
Dans un régime à cotisations déterminées, la prestation de retraite des employés dépend de leurs cotisations, de celle des employeurs et du rendement obtenu par l’ensemble des cotisations.
Centraliser l’administration
Jean-Michel Lavoie signale le désir qu’avait l’Université de centraliser l’administration de son régime. « Des employés de McGill ont accès uniquement à un régime à cotisations déterminées; d’autres ont accès à ce régime et à un régime à prestations déterminées. Notre force est en régimes à cotisations déterminées. C’est très rare que nous sommes impliqués dans un régime à prestations déterminées. L’Université McGill cherchait quelqu’un qui pouvait faire les deux. »
Sun Life fournit son expérience en investissement et sa technologie, ajoute M. Lavoie. Sa plateforme permet d’intégrer les deux parties du régime dans ses services aux participants. Les participants peuvent voir leurs soldes, verser des cotisations et gérer leurs placements, dit l’assureur. Ils disposent également d’outils technologiques axés sur l’intelligence artificielle, dont le coach numérique Ella.
Nouveau créneau
Jean-Michel Lavoie croit que ce mandat ouvre la porte à servir d’autres clients qui ont des régimes similaires. « Le régime hybride est un nouveau créneau pour nous », a-t-il dit. Il ne s’agit toutefois pas d’un créneau en croissance, aux dires de M. Lavoie. Selon les experts de Sun Life qu’il a consultés à ce sujet, il n’existe pas non plus d’inventaire officiel de ce type de régime.
Leur constat, ces régimes sont rares. « Ce type de régime hybride complexe est plus fréquemment retrouvé en milieux académique, industriel, minier ou dans le secteur de la santé. Nous estimons qu’il y en aurait peut-être quelques douzaines au Canada, couvrant entre 50 000 et peut être un maximum de 100 000 participants », relate M. Lavoie
Plus fréquent sont les régimes à prestations déterminées qui sont fermés à une date précise, et où un régime à cotisation est mis en place pour prendre le relais. En ce qui touche les régimes hybrides classiques, soit ceux où la composante à prestations déterminées est gelée et celle à cotisations demeure ouverte, il y en aurait entre 500 et 1 000 au Canada pour un peu moins d’un million de participants, estime Jean-Michel Lavoie.