Même si la tendance est plus favorable au Canada et ailleurs dans le monde, le Bureau d’assurance du Canada (BAC) confirme que les secteurs d’activité les moins rentables en assurance de dommages des entreprises continueront à subir des conditions de marché très serrées en 2023.

Le Bureau a rendu public son rapport pour l’hiver 2022 sur les perspectives en assurance commerciale à la fin de février. On y cite les évaluations faites par les grandes firmes spécialisées dans le courtage d’assurance.

Ainsi, Aon prévoit des conditions de renouvellement modérées, malgré le contexte géopolitique difficile. Les souscripteurs continueront de faire preuve de discipline, indiquait Aon dans son rapport « Q3 Global Market Insights ».

De son côté, Applied constatait qu’au troisième trimestre de 2022, la hausse moyenne de la tarification atteignait 8,46 %, comparativement à 8,76 % au même trimestre en 2021.

D’une année à l’autre, Applied notait que la hausse moyenne des primes était inférieure en 2022 pour les secteurs des services professionnels et de la propriété immobilière.

Par contre, Applied rapportait que les hausses moyennes demeuraient plus élevées au troisième trimestre de 2022, comparativement au même trimestre en 2021, pour les secteurs de la construction, du commerce de détail et de l’hébergement ou de la restauration.

La réassurance

Par ailleurs, dans son rapport de janvier 2023, Gallagher Canada soulignait les tendances du marché de la réassurance, où les capacités étaient maintenues pour les clients existants. Les réassureurs montraient cependant peu d’appétit pour les nouvelles affaires.

Les secteurs les moins rentables subissent davantage la mauvaise humeur des réassureurs et les conditions de renouvellement varient énormément selon le secteur. De manière générale, Gallagher constate que le marché canadien n’a pas subi les mêmes pressions au renouvellement que celles imposées ailleurs, même si les hausses de tarifs sont importantes.

Selon le courtier Howden Re, les conditions de renouvellement offertes en janvier 2023 ont été les plus dures depuis une génération, avec une hausse moyenne de 37 % des coûts de réassurance pour les dommages causés par les grandes catastrophes. Plus de la moitié des contrats de réassurance sont renouvelés durant le mois de janvier.

Dans son rapport intitulé « The Great Realignment », Howden Re constate qu’avec les dégâts majeurs causés par l’ouragan Ian et les pressions inflationnistes découlant de la guerre qui se poursuit en Ukraine, les réassureurs ont grandement réduit leur offre à la fin de 2022.

Les capacités de réassurance ont ainsi été réduites de 421 milliards de dollars américains (G$ US) à la fin de 2021 à 355 G$ US, une baisse de presque 16 %. Il s’agit du plus grand resserrement des capacités depuis 2008, toujours selon Howden Re.

L’inflation

Cette pression inflationniste est ressentie aussi en assurance de dommages des particuliers. Le BAC souligne que sur une base annualisée, les primes d’assurance automobile ont grimpé de 3,9 % en novembre 2022, tandis que les coûts de réparation ont grimpé de 7,4 % en 12 mois.

La remontée de la fréquence des réclamations les force donc à revoir les primes en 2023, sinon leur stabilité financière en souffrira, ajoute le Bureau.

Les dommages en hausse reliés aux catastrophes naturelles contribuent à l’inflation générale des coûts d’assurance, note le BAC. On constate aussi que le nombre d’actions collectives intentées par des groupes contre des entreprises était en hausse en 2022, comparativement à l’année précédente. Ces litiges pèsent aussi sur les coûts de réclamations.

Plusieurs mois

Dans son rapport, le BAC suggère aux entreprises de prévoir le renouvellement de leur contrat d’assurance avec quatre à six mois d’avance. Le dossier de l’entreprise doit être très détaillé et doit contenir les données les plus à jour.

Les entrepreneurs doivent s’attendre à des questions supplémentaires de la part des souscripteurs, particulièrement pour des risques spécialisés, comme la cybersécurité.

Le Bureau recommande aux entreprises de développer des relations étroites avec leur courtier et les souscripteurs de l’industrie. Le BAC offre un programme de gestion de risques aux entreprises qui éprouvent des difficultés à couvrir leurs besoins.

Des progrès

En mai 2021, le Bureau d’assurance du Canada publiait son rapport sur l’état du marché en assurance aux entreprises. Plusieurs secteurs difficiles avaient été ciblés. Selon le rapport de suivi qui a été publié en février, le BAC rapporte que si certains segments d’affaires éprouvent encore des problèmes à obtenir de l’assurance à des coûts abordables, il ne semble plus y avoir de problèmes d’accessibilité à l’assurance.

Au dernier trimestre de 2020, on observait des hausses moyennes supérieures à 10 % en assurance de dommages des entreprises, tous secteurs confondus. La tendance actuelle montre que les primes augmentent à peu près au même rythme que le taux d’inflation.