Guy Parent fait un retour discret dans le courtage d’assurance. Depuis avril 2021, après avoir obtenu son permis, il travaille comme courtier en assurance de dommages des entreprises au sein du cabinet Accent Solutions d’assurances

Le président de ce cabinet est Ted Harman, qui a été secrétaire-trésorier du Regroupement des cabinets de courtage d’assurance du Québec (RCCAQ) durant la période où M. Parent en était le directeur général, de septembre 2013 à décembre 2017. 

Ted Harman a été l’une des premières personnes avec laquelle il a voyagé après son entrée en fonction au RCCAQ. Les deux hommes ont créé des liens d’amitié qu’ils ont maintenus après le départ de M. Parent du Regroupement. 

Joint par le Portail de l’assurance, M. Parent dit avoir hésité à nous accorder une entrevue. « Je suis au bas de la chaîne alimentaire dans l’assurance », lance-t-il.

À la suite de son départ du RCCAQ, M. Parent travaillait comme directeur général pour un club de vin à Montréal. L’établissement a changé de mains et les nouveaux actionnaires ont décidé de gérer l’entreprise eux-mêmes. Guy Parent a perdu son emploi le 17 février 2020. Un mois plus tard, la pandémie plombait l’économie. 

Chez Accent 

Ted Harman a rapidement proposé de l’embaucher comme courtier d’assurance. « Nous nous sommes courtisés pendant quelques mois. J’ai fait mes examens, j’ai obtenu mes permis. Et je travaille chez Accent depuis avril 2021 », raconte-t-il. 

Accent avait deux établissements dans la région de Montréal. Celui de LaSalle réunissait les courtiers spécialisés en assurance des particuliers, tandis que les collègues en assurances des entreprises occupaient le bureau du boulevard de Maisonneuve dans Westmount. Depuis novembre 2021, le cabinet exploite un seul bureau situé au coin de la rue Metcalfe et du boulevard de Maisonneuve dans le centre-ville.

« Je n’y ai pas encore mis les pieds », précise Guy Parent. S’il s’y présente, il fera comme les autres courtiers : il branchera son portable et travaillera là où il y a de l’espace.

M. Parent n’a même pas eu l’occasion de rencontrer ses collègues qui s’occupent de l’assurance des particuliers, car la réunion de Noël a été annulée à la fin de 2021 par la cinquième vague du virus. 

Le marché dur 

Durant son mandat au RCCAQ, Guy Parent a maintes fois entendu les récriminations des courtiers concernant les difficultés de souscription en assurance des entreprises. « Le marché est vraiment difficile. Les primes augmentent, il y a l’inflation, les dommages par l’eau représentent une majorité des réclamations. Dans certains dossiers, il faut vraiment travailler fort pour trouver de l’assurance », dit-il. 

La clientèle du cabinet est composée d’un grand nombre de PME. Les entrepreneurs mésestiment la difficulté de lancer une entreprise dans ce contexte où les assureurs boudent certains marchés.

Il donne l’exemple des immeubles commerciaux pour lesquels des assureurs refusent même d’évaluer la proposition s’il y a un restaurant, un bar, voire un simple café au rez-de-chaussée.

Le quotidien 

Guy Parent constate que la numérisation progresse de manière inégale dans l’industrie. Un assureur vient de créer une plateforme de souscription pour les PME. Les courtiers ne peuvent même pas y transférer les données déjà inscrites dans Policy Works et doivent tout saisir une deuxième fois. « Tout le monde leur enverrait des clients s’ils avaient juste investi un peu plus pour permettre de faire cela », dit-il. 

Durant ses quatre ans au RCCAQ, Guy Parent était bien informé des grands enjeux de l’industrie, mais il admet que ce bagage le sert assez peu dans son travail de courtier. « Il y a tellement d’ouvrage au début de la chaîne », dit-il. 

Ce qui lui manque le plus est l’occasion de rencontrer les clients en personne. Les contrats sont désormais réglés au téléphone, rarement en visioconférence, jamais en présence du client. Il y a environ 5 % des clients qui n’ont même pas de courrier électronique. Il faut leur imprimer et poster la police et les documents annexes. 

« On peut travailler à distance, mais la qualité de la relation entre le courtier et son client en souffre un peu », dit-il.

Les contacts avec les autres courtiers lui manquent. Guy Parent s’est rendu sur place au dernier congrès du RCCAQ tenu en novembre. Toutes les connaissances qui venaient l’aborder à cette occasion ne savaient même pas qu’il était désormais courtier.

« Je ne voulais pas en faire un plat. J’ai voulu faire mon retour discrètement, je n’étais même pas certain de vouloir vous parler. Je fais mes classes », dit-il. 

Durant son mandat au RCCAQ, il a pu rencontrer de nombreux courtiers passionnés par leur métier. « Je comprends mieux leur passion maintenant », dit-il. 

Chez Accent, son directeur en assurance des entreprises lui sert de mentor et il apprend son métier. « Je suis très content d’être revenu dans l’industrie, c’est un milieu que j’apprécie beaucoup. Mais je ne décide plus rien, je suis courtier, je repars de zéro. »