Un tremblement de terre dévastateur au Québec aurait autant d’impacts qu’en Colombie-Britannique pour l’industrie canadienne de l’assurance de dommages.

C’est l’hypothèse que défend la Société d’indemnisation en matière d’assurances IARD (PACICC) dans un rapport intitulé How Big is Yoo Big? Update to the PACICC P&C Industry Model - The Tipping Point for Systemic Failure.

L’organisme y écrit que selon des experts dans le domaine de la modélisation des catastrophes, les probabilités qu’un tremblement de terre se produise au cours d’une seule année sont plus élevées en Colombie-Britannique qu’un évènement de même ampleur se produisant au Québec. Toutefois, la capacité de l’industrie de l’assurance du Canada est la même pour ces deux juridictions exposées à un large séisme.

En revanche, pour une catastrophe de même ampleur, l’industrie canadienne de l’assurance de dommages aurait plus de difficultés à tenir ses obligations au Québec qu’en Colombie-Britannique. La société en détaille son raisonnement dans son rapport.

Si un tremblement de terre ou une autre catastrophe causait des dommages assurés de plus de 35 milliards de dollars (G$) en Colombie-Britannique, les assureurs auraient besoin d’une injonction de fonds de 4,2 G$ pour couvrir toutes les réclamations. Au Québec, il faudrait une injonction de 6,1 G$.

Advenant une catastrophe causant 45 G$, il faudrait alors une injonction de fonds de 15 G$ en Colombie-Britannique et de 21,3 G$ au Québec.

Comment expliquer ces différences ? Elle vient du fait qu’un plus grand nombre d’assureurs en sol québécois se retrouverait en défaut de paiement qu’en Colombie-Britannique, selon les modèles mathématiques de la Société d’indemnisation en matière d’assurances IARD. Ces modèles prennent en compte les capacités de réassurance des assureurs, le niveau de solvabilité de chaque compagnie en fonction du Test de capital minimum édicté par le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF), ainsi que des capacités de la société elle-même à couvrir les réclamations.

Des millions d’assurés laissés en plan

Plus loin dans son rapport, la Société d’indemnisation en matière d’assurances IARD détaille combien de Canadiens seraient laissés en plan par leur assureur advenant une catastrophe de grande envergure, sans toutefois faire de distinction entre les provinces.

Advenant une catastrophe causant des dommages assurés de 35 G$, il y aurait 1,9 million de Canadiens dont l’assureur ne serait pas en mesure de remplir ses obligations. Ce chiffre passe à 4,3 millions de Canadiens advenant une catastrophe de 40 G$ et à 10,3 millions de Canadiens si les dommages assurés atteignent la barre des 45 G$.

« Une telle absence de réponse en temps voulu aux besoins des assurés serait catastrophique, peut-on lire dans le rapport de la Société d’indemnisation en matière d’assurances IARD. La confiance des consommateurs dans le secteur de l’assurance au Canada serait gravement, et probablement définitivement, secouée. »

La société croit que, advenant un tel scénario, les consommateurs d’assurance feraient probablement appel aux représentants du gouvernement et aux organismes de réglementation, qui seraient obligés de répondre en temps réel dans des circonstances de crise. Et ce, malgré le manque de systèmes ou mécanismes pour traiter ces types, ou cette échelle, de réclamations.

« En plus du grand nombre d’assurés chez les assureurs en faillite, ces sociétés détiennent une part de marché importante à travers le Canada. Il y aurait des problèmes importants avec la disponibilité et l’abordabilité de l’assurance partout au Canada. Une grande perte catastrophique sur une partie du pays aurait un impact sur chaque province et territoire du Canada », indique l’organisme dans son rapport.