La situation du vol automobile est différente au Québec qu’ailleurs au pays. Et il faut s’y adapter, affirme Freddy Marcantonio, de Tag Tracking.
Le vice-président, développement des affaires et distribution, de Tag a tenu ses propos plus tôt au printemps, alors que l’entreprise dévoilait son nouveau système Tag Iris. Il en a profité pour partager ses vues sur l’évolution du vol automobile. Le Journal de l’assurance y a assisté.
M. Marcantonio rappelle qu’au Québec, un véhicule est volé aux 15 minutes. Soit plus de 20 000 vols par année. Les assureurs ont ainsi totalisé des pertes totalisant 400 millions de dollars (M$) au cours des 12 derniers mois en lien avec le vol auto.
« Un grand nombre de ces véhicules n’est pas retrouvé. Le taux d’indemnités versées a augmenté de 27 % en une décennie », dit le vice-président de Tag.
Ce qui inquiète particulièrement M. Marcantonio est la disproportion des véhicules retrouvés au Québec par rapport aux autres provinces. Au Québec, moins de 20 % des véhicules sont retrouvés, alors que plus de 75 % le sont en Ontario.
Et il ajoute que le cout moyen du vol au Québec augmente encore. « En nombre absolu, c’est au Québec qu’il y a le plus de vols. Il y en a même plus qu’en Ontario. Montréal ne gagne plus la Coupe Stanley au hockey, mais on demeure les champions du vol auto », dit-il.
Ainsi, même si la fréquence baisse, le vol auto coute plus cher aux assureurs compte tenu du faible taux de recouvrement et de l’augmentation du cout moyen d’un sinistre, dit M. Marcantonio. En 2007, 32 450 véhicules ont été volés au Québec. 64 % d’entre eux ont été retrouvés. La facture a été de 151 M$ pour les assureurs. En 2015, 22 591 véhicules ont été volés. Moins de 20 % ont été retrouvés. Les assureurs ont dû débourser 467 M$ pour couvrir le tout.
M. Marcantonio déplore que le taux de recouvrement des véhicules volés au Québec soit si bas. À Montréal, il est de 15 %. À Ottawa et à Toronto, il est de 75 %. Ce taux est encore meilleur à l’Ouest : 87 % à Calgary, 90 % à Edmonton, 90 % à Vancouver et 93 % à Winnipeg.
Le vice-président de Tag rappelle que le crime organisé est responsable de 85 % des vols au Québec. Il ajoute que 35 % de ceux-ci sont des cas de fraude. « On voit même des véhicules utilisés par l’État islamique au Moyen-Orient avec des plaques d’immatriculation du Québec. »
Et le fléau du vol ne se limite pas aux voitures de tourisme. L’Estrie est aux prises avec une vague de vols de machinerie agricole. M. Marcantonio dit aussi observer une hausse de ces cas. Il l’explique par l’embargo qui existe dans certains pays qui ne peuvent se procurer certains types de machinerie, comme ceux conçus par John Deere.
Tag a aussi peaufiné sa technique pour retrouver des véhicules volés. L’entreprise utilise un drone avec une caméra embarquée dessus, a révélé M. Marcantonio.