Comment la Coalition pour une relève en assurance de dommages compte-t-elle soutenir l’industrie pour combler les 6 000 postes qu’elle devra pourvoir d’ici l’automne 2023 ?

En entrevue au Portail de l’assurance, Robert LaGarde, président de la Coalition, a ciblé deux grandes actions. Tout d’abord, maintenir les partenariats que l’organisme a bâtis au fil des ans. Notamment avec les 30 maisons d’enseignements qui offrent la formation aux métiers en assurance de dommages.

Devenir un promoteur collectif de la Commission des partenaires du marché du travail lui a permis de toucher une subvention de 600 000 $ pour faciliter la formation de personnel certifié en milieu de travail. Un premier projet a ainsi permis de retourner 325 000 $ à des entreprises de l’industrie pour permettre à leur personnel non certifié de se faire reconnaitre des acquis de formation et aller chercher ceux qui leur manquent pour obtenir cette certification. L’investissement représente environ 13 050 $ par candidat. La première cohorte en comptait 28, dont 14 candidats externes, et M. LaGarde souhaite que d’autres suivent.

Cette mesure a aussi fait prendre conscience à la Coalition qu’elle devait voir plus grand pour combler les besoins de main-d’œuvre de l’industrie, dit M. LaGarde. Car ceux-ci ne se limitent pas aux professions certifiées d’agents, de courtiers et d’experts en sinistre. La pénurie de souscripteurs est bien documentée et la Coalition s’y est attaquée.

Le hic, c’est que l’industrie a aussi besoin de main-d’œuvre dans d’autres fonctions, notamment pour réussir son virage numérique, mais aussi dans d’autres tâches connexes, comme le markéting, les communications ou encore la comptabilité pour n’en nommer que quelques-unes. M. LaGarde estime que ce sont plus de 80 professions qui sont en demande dans l’industrie au Québec.

D’où le changement de nom de l’organisme fait il y a quelques semaines, qui a délaissé la promotion des professions en assurance de dommages pour faire place à la notion de relève dans l’industrie, souligne M. LaGarde. Le tout donne aussi suite à la volonté du conseil d’administration de la Coalition de pousser à faire carrière dans l’industrie, plutôt que de simplement la joindre via une profession donnée.

La logique implacable des chiffres

Le plus récent sondage de la Coalition sur les besoins de main-d’œuvre lui a fait prendre conscience d’un constat important en y analysant ses chiffres. L’industrie emploie maintenant 32 075 personnes au Québec, une croissance annuelle de 4 % par rapport à 2016, où l’industrie donnait un travail à 27 554 personnes.

La Coalition a aussi découvert que le taux de roulement annuel de l’industrie est d’environ 8 %. La moyenne québécoise est de 24,4 % selon le Baromètre RH de l’Ordre des conseillers en RH.

Oui, l’industrie de l’assurance de dommages fait mieux que d’autres, consent M. LaGarde. Mais un taux de roulement de 8 % signifie que plus de 2 500 personnes quittent leur emploi dans l’industrie chaque année.

Sur deux ans, cela signifie que 5 000 personnes quitteront leur employeur en assurance de dommages. Comme l’industrie recherche près de 6 000 personnes d’ici deux ans, la rétention devient un enjeu très important, dit M. LaGarde.

La Coalition a d’ailleurs ventilé les raisons des départs dans l’industrie. Pour 30 % d’entre eux, ils trouvent une opportunité chez un employeur concurrent dans l’industrie. Une autre proportion de 23 % correspond à des départs à la retraite, alors qu’une autre proportion semblable est relative aux congédiements.

Vient ensuite une proportion de 14 % des départs qui se font vers une autre industrie. « Il faut identifier pour chacune de ces catégories les raisons du départ et établir des stratégies pour combler leurs besoins pour éviter qu’ils s’en aillent », dit M. LaGarde.

Alliance avec LARAQ

La Coalition s’allie d’ailleurs à l’Association de la relève en assurance du Québec (LARAQ), qui travaillera pour sa part avec Academos, pour mieux faire connaitre les carrières dans l’industrie, a révélé M. LaGarde. Ce n’est pas la première collaboration entre ces organismes, car la Coalition avait épaulé LARAQ dans la mise en place d’un programme de mentorat.

« Si on travaille avec LARAQ pour préserver les gens qui sont venus dans notre industrie, ça représente des milliers de personnes que nous pouvons y conserver. Academos pourra aider LARAQ à bien cibler leurs publics. Nous travaillerons donc à trois à améliorer la rétention dans l’industrie », souligne M. LaGarde.

Il rappelle que l’industrie, notamment de par ses investissements dans la Coalition, paie cher pour amener des gens dans l’industrie. Beaucoup de ces ressources sont investies pour bâtir des ressources avec les maisons d’enseignement qui offrent des programmes en assurance de dommages.

« On nourrit 30 maisons d’enseignement. On les assoit avec les décideurs de l’industrie. Il nous faut être prêts et voir loin pour prévenir la pénurie de main-d’œuvre. On se veut un facilitateur en la matière », dit M. LaGarde, en donnant l’exemple des capsules conçues de concert avec l’Institut d’assurance de dommages du Québec au bénéfice des collèges sur des sujets pointus tels que le cannabis ou encore le cyberrisque.