Le plus important assureur de dommages au Canada, Intact Corporation financière, termine l’année en force avec un bénéfice net en hausse de 26 % au dernier trimestre et de 74 % pour l’ensemble de l’exercice 2024.
Au quatrième trimestre de 2024, le résultat net atteint 667 millions de dollars (M$), comparativement à 531 M$ pour la même période de 2023. Pour l’ensemble de l’exercice, le résultat net se chiffre à 2,3 milliards de dollars (G$), comparativement à 1,3 G$ lors de l’année précédente.
En présentant la revue de la performance aux analystes financiers, le chef de la direction d’Intact, Charles Brindamour, souligne que « tous les secteurs d’activités ont participé à ce résultat, incluant les produits de souscription dans toutes les unités d’affaires, les revenus de placement et de distribution ».
Résultat de souscription
En matière de résultats de souscription, la société rapporte un produit net de 764 M$ au quatrième trimestre de 2024, en hausse de 48 % comparativement à la même période de 2023, alors que ce produit net était de 517 M$.
En 2024, le produit net de souscription a augmenté de 506 M$ ou de 43 % pour atteindre 1,7 G$, comparativement à 1,2 G$ en 2023.
De manière plus détaillée :
- au Canada, le produit net de souscription s’est chiffré à 596 M$ au quatrième trimestre de 2024, comparativement à un produit net de 487 M$ un an plus tôt. Pour l’ensemble de l’année 2024, le produit net de souscription totalise 1,1 G$, alors qu’il était de 773 M$ en 2023;
- au Royaume-Uni et International, le produit net de souscription a atteint 79 M$ au dernier trimestre de 2024, comparativement à une perte nette de 47 M$ pour la même période de 2023. Pour l’ensemble de l’exercice, le produit net de souscription est de 301 M$ en 2024, soit près du double comparativement aux 151 M$ déclarés en 2023;
- aux États-Unis, le produit net de souscription s’est établi à 285 M$ en 2024, alors qu’il était de 239 M$ en 2023. Au quatrième trimestre de 2024, le produit net de souscription atteint 87 M$ alors qu’il atteignait 80 M$ au même trimestre de 2023.
Primes
Pour l’ensemble des unités d’affaires, les primes directes souscrites (PDS) s’établissaient à 5,8 G$ au quatrième trimestre de 2024, en hausse de 5 % comparativement aux 5,4 G$ annoncés un an plus tôt.
Pour l’ensemble de l’exercice 2024, l’augmentation des PDS a aussi été de 5 % pour atteindre 23,7 G$, comparativement à 22,4 G$ pour l’année 2023.
Au Canada, les primes directes souscrites ont atteint près de 4 G$ au quatrième trimestre de 2024, en hausse de 8 % sur la même période en 2023.
Toujours au Canada en 2024, les PDS ont totalisé 16 G$, ce qui représente également une hausse de 8 % comparativement aux 14,9 G$ déclarés pour l’exercice 2023.
De manière plus détaillée pour l’année 2024 comparativement à l’année précédente, Intact rapporte une hausse de 11 % des primes en assurance automobile des particuliers, de 9 % en assurance des biens des particuliers et de 3 % en assurance des entreprises. Dans ce dernier cas, la société souligne une concurrence accrue pour les comptes importants.
L’assurance automobile des particuliers représente 41 % du volume de primes de l’assureur dans le marché canadien, contre 33 % pour l’assurance habitation et 26 % pour l’assurance des entreprises. Quelque 77 % du volume de primes souscrit au Canada provient du réseau de distribution par courtage.
Ratio combiné
Au dernier trimestre de 2024, le ratio combiné s’est établi à 86,5 %, alors qu’il était de 90,1 % à la même période en 2023, soit un écart de 3,6 points de pourcentage.
Pour l’ensemble de l’exercice, le ratio combiné se chiffre à 92,2 %, comparativement à 94,2 % en 2023, soit une différence de 2 points de pourcentage.
De manière plus détaillée :
- au Canada, le ratio combiné a été de 84,9 % au quatrième trimestre et de 92,7 % pour l’ensemble de l’année 2024, comparativement à un ratio combiné de 86,7 % au quatrième trimestre de 2023 et de 94,5 % pour l’exercice 2023;
- aux États-Unis, le ratio combiné est resté stable à 86,1 % au dernier trimestre, alors qu’il était de 86,4 % au quatrième trimestre de 2023. La différence est plus notable pour l’ensemble de l’exercice, avec un ratio combiné de 87,5 % en 2024 alors qu’il atteignait 88,7 % en 2023;
- au Royaume-Uni et International, un progrès senti est observé, avec un ratio combiné de 92,7 % au dernier trimestre de 2024, comparativement à un ratio combiné de 104,6 % à la même période de 2023. Pour l’ensemble de l’exercice, le ratio combiné a été de 87,5 % en 2024 et de 88,7 % en 2023.
Sinistres catastrophiques
L’amélioration du bénéfice a été obtenue malgré les pertes élevées de l’été 2024 liées à plusieurs événements météorologiques extrêmes survenues au Canada. Les sinistres liés aux catastrophes naturelles ont totalisé 1,5 G$ en 2024, ce qui représente une hausse de 200 M$ comparativement à 2023.
Le ratio des sinistres liés aux catastrophes a été de 7,1 % en 2024, comparativement à 6,6 % en 2023. Dans son rapport de gestion, la société précise qu’il s’agit de son ratio le plus élevé depuis 2013, alors qu’il s’était chiffré à 7,3 %.
En 2025, elle prévoit une somme de 1,2 G$ aux sinistres liés aux catastrophes, comparativement à la prévision de 900 M$ faite il y a un an en vue de l’exercice 2024. Le traité de réassurance a été renouvelé en janvier 2025 et la rétention sur les catastrophes au Canada est passée de 250 M$ à 350 M$.
Produit tiré de la distribution
Le rapport de gestion de la société traite du produit tiré de la distribution, qui a totalisé 524 M$ en 2024, en hausse de 12 % sur l’année précédente.
« Notre intention ici était de fournir un peu plus de transparence quant à l’impact d’une activité de distribution très importante sur un bilan financier en assurance de dommages », indique Louis Marcotte, vice-président finances. Lors de la conférence avec les analystes, il a dit prévoir une augmentation de 10 % des surplus tirés de ce portefeuille en 2025.
Quelque 44 % du produit de distribution est attribuable à BrokerLink. La société souligne que 53 % du volume de primes des cabinets membres du réseau de BrokerLink est souscrit chez d’autres assureurs.
Une autre part de 40 % de ce produit est issue des activités de Stratégies Financières Distribution (SFD), qui comprend le portefeuille des investissements faits dans les courtiers partenaires et les agences de distribution, surtout au Québec.
Le reste de ce produit (16 %) découle de la plateforme des cinq courtiers spécialisés qui agissent comme des agents généraux au Canada et aux États-Unis, de même que des activités de la firme On Side Après-Sinistre.
La société dispose de capitaux excédentaires de 2,9 G$, ajoute M. Marcotte, et une partie de cette somme servira aux fusions et acquisitions en 2025. Par l’entremise de BrokerLink, sa filiale exclusive en courtage, plusieurs acquisitions ont été réalisées en 2024, ce qui lui a permis d’ajouter 491 M$ à son volume de primes qui atteignait 4,3 G$ au 31 décembre dernier. L’objectif des 5 G$ de primes est toujours ciblé pour BrokerLink d’ici la fin de 2025.
Placements
Intact annonce un produit net des placements de 1,5 G$ en 2024, ce qui représente une augmentation de 213 M$ ou de 16 % comparativement aux 1,3 G$ déclarés en 2023.
Les surplus des placements se sont établis à 398 M$ pour le quatrième trimestre de 2024, une hausse de 6 % par rapport aux 376 M$ déclarés à la même période en 2023.
En 2025, la société prévoit que le produit net des placements opérationnels atteindra 1,6 G$, et cette donnée reflète déjà la baisse modérée des taux d’intérêt variables au cours des 12 prochains mois.
Discussion avec les analystes
Lors de la conférence téléphonique avec les analystes financiers, tenue le 12 février, plusieurs questions concernaient l’impact inflationniste des mesures tarifaires planifiées par la nouvelle administration américaine sur l’économie canadienne et les dépenses de l’assureur en matière d’indemnisation.
Selon Patrick Barbeau, vice-président à l’exploitation, dans le secteur de l’assurance automobile des particuliers, il pourrait y avoir un impact si le Canada impose ses propres droits douaniers sur les importations américaines. Environ 60 % de la valeur des garanties offertes concernent le véhicule lui-même, et en enlevant les coûts de main-d’œuvre, les dommages physiques représentent 40 % des coûts d’indemnisation.
L’impact d’une guerre commerciale toucherait les véhicules importés au Canada de même que les pièces utilisées pour réparer les véhicules endommagés. Quelque 38 % des véhicules assurés par Intact sont fabriqués aux États-Unis et un peu moins du tiers des pièces utilisées pour les réparer est importé auprès du pays voisin, indique M. Barbeau.
« Nous sommes préoccupés par une guerre commerciale, qui n’est bonne pour personne, mais pour ce qui est de nos résultats en assurance automobile, nous sommes en bonne position », ajoute Charles Brindamour.
Du côté de l’assurance des biens, tant ceux des particuliers que des entreprises, environ le tiers des dépenses d’indemnisation touchent les biens physiques eux-mêmes, note M. Barbeau. Sur cette portion, environ le quart sont des matériaux ou des produits importés des États-Unis.
M. Brindamour souligne que les fournisseurs de l’assureur ont été sensibilisés à la nécessité de rendre leur chaîne d’approvisionnement moins dépendante des produits manufacturés aux États-Unis.
Perspectives en 2025
Dans son rapport de gestion, la société indique que la rentabilité de l’industrie en assurance automobile des particuliers « a été mise à l’épreuve en 2023 et continue de l’être en 2024 », au Canada, surtout en Alberta.
La croissance des primes dans ce segment pour l’industrie devrait être de 10 % à 13 % en 2025. Une croissance du même ordre est prévue en 2025 du côté de l’assurance habitation, toujours pour l’ensemble de l’industrie. En assurance des entreprises, la croissance des primes sera d’environ 5 % pour l’industrie, prévoit Intact.
Pour l’unité Royaume-Uni et International, la société s’attend à une croissance de 5 % des primes en 2025, similaire à celle connue en 2024.
En assurance des entreprises aux États-Unis, « nous prévoyons que la croissance des primes se situera entre 5 % et 9 % au cours des 12 prochains mois ».
Charles Brindamour a souligné la carrière de Louis Marcotte, qui se retire après 11 années comme vice-président aux finances de la société. Durant cette période, la capitalisation boursière a été multipliée par cinq et le rendement annuel moyen aux actionnaires a été de 16 %, note le grand patron d’Intact.
Louis Marcotte demeure vice-président et conseiller de la direction et son principal mandat est relié aux activités européennes de l’équipe de Solutions spécialisées mondiales. Son successeur a été nommé le 20 novembre dernier. Ken Anderson est entré en fonction le 13 février 2025. Il était précédemment vice-président aux finances pour l’unité Royaume-Uni et International et travaille chez Intact depuis 17 ans.