Le cabinet Capgemini a publié son plus récent rapport World Report Series 2024, Property and Casualty Insurance : Become an underwriting trailblazer. On y examine l’optimisme des dirigeants du secteur de l’assurance à l’égard de l’intelligence artificielle (IA) et de l’apprentissage automatique, ainsi que la réticence des souscripteurs à accepter systématiquement les recommandations automatisées des outils d’analyse prédictive.
Soulignant les préoccupations concernant la complexité et l’intégrité des données, seulement 43 % des souscripteurs interrogés ont déclaré accepter régulièrement les recommandations automatisées, tandis que 62 % des 294 cadres supérieurs de l’assurance interrogés affirment que l’IA et l’apprentissage automatique améliorent la qualité de la souscription et réduisent les fraudes.
L’enquête a été menée par le cabinet de transformation commerciale et technologique dans le cadre de son enquête annuelle à laquelle ont participé 201 firmes de souscription à l’échelle mondiale.
Des informations basées sur l’IA
Seulement 8 % des entreprises interrogées ont été identifiées comme « pionnières » par le cabinet. Selon les auteurs de l’étude, ces entreprises s’appuient sur l’intelligence artificielle et l’automatisation pour prendre des décisions.
« Ces pionniers du secteur favorisent une plus grande collaboration et une plus grande transparence vis-à-vis des clients en maintenant les souscripteurs au cœur de toutes les décisions », affirment-ils.
L’étude de Capgemini montre que 54 % des cadres du secteur de l’assurance déclarent ne pas disposer de suffisamment de données pour satisfaire les clients, que les systèmes existants ont fait obstacle à cette démarche pour 51 % des personnes interrogées et que le manque de talents qualifiés a été identifié comme un obstacle à la satisfaction des clients par 47 % des personnes interrogées.
Environnement précaire
« L’assureur d’aujourd’hui évolue dans l’un des environnements les plus précaires de mémoire récente. Le secteur doit réagir à cette volatilité en repensant les outils de souscription », déclare Adam Denninger, responsable mondial du secteur de l’assurance chez Capgemini. « L’adoption d’informations et d’automatisations basées sur l’IA est cruciale pour le secteur. »
Parmi les conclusions du rapport, Capgemini indique que 83 % des cadres de l’assurance de dommages estiment que les modèles prédictifs sont essentiels pour l’avenir de la souscription, mais que seulement 27 % d’entre eux affirment que leur entreprise dispose de capacités avancées.
Par exemple, 49 % des souscripteurs apprécient les données d’imagerie des drones, mais très peu d’assureurs sont équipés pour les analyser ; un souscripteur sur deux veut des données provenant d’appareils connectés pour obtenir des informations en temps réel sur les actifs commerciaux, mais seulement 12 % des assureurs capturent ces données de manière efficace.
S’affranchir des modèles existants
« Qu’est-ce que les pionniers font différemment? Ils s’affranchissent des modèles existants, attirent les bons talents et encouragent une culture de l’innovation », indique-t-on dans le rapport.
On ajoute que le secteur a enregistré un ratio combiné mondial de 103 % en 2022, soit la troisième année de pertes en quatre ans. « Cela révèle les limites des modèles obsolètes et suggère que les assureurs ne peuvent pas rivaliser uniquement avec des augmentations de taux de base, mais qu’ils ont également besoin d’une analyse des risques plus sophistiquée. »
Ce manque de « maîtrise des données » peut également nuire au cœur du métier des assureurs : une évaluation incomplète des risques nuit à 77 % des assureurs, 73 % disent qu’ils se débattent avec la tarification et 70 % déclarent que des décisions de souscription incohérentes « sont un casse-tête courant ».
Des données fragmentées
« Sans la capacité de collecter et d’analyser des données variées, les assureurs seront en difficulté, car les fonctions critiques — la sélection des risques, l’intégrité de la tarification et la constitution des réserves — reposent sur des données fragmentées, ce qui favorise la sélection adverse. Les assureurs qui créent un environnement où les données sont gérées, partagées et utilisées de manière éthique, transparente et sécurisée peuvent surmonter les défis de la souscription », écrivent les auteurs.