L’Association canadienne des agents généraux (CAMGA) en assurance de dommages continue d’améliorer le contenu de sa nouvelle plateforme dédiée aux courtiers. Ceux-ci peuvent désormais consulter le portail Bridge.Camga.ca pour mieux connaître l’appétit des grossistes et les risques qu’ils sont en mesure de souscrire. 

Steve Masnyk

À l’occasion du récent congrès du Regroupement des cabinets de courtage d’assurance du Québec (RCCAQ), Steve Masnyk, directeur général de CAMGA, était présent pour expliquer la nécessité de cette plateforme. Il dirige l’association depuis octobre 2020. 

Son échange avec le directeur général du RCCAQ, Éric Manseau, suivait le forum organisé avec six dirigeants de grossistes actifs au Québec. « Je suis d’accord avec tous les propos qu’ils ont dits, et ça comprend les deux représentants des compagnies qui ne sont pas membres de la CAMGA », dit-il. 

M. Masnyk confirme que la situation au Québec décrite lors du forum correspond à ce qu’il se passe ailleurs dans les autres provinces. « C’est pareil partout, qu’on travaille à Québec, Montréal, Toronto, Calgary ou Vancouver », dit-il. 

Les grossistes en assurance de dommages constatent, depuis trois ans, une augmentation importante de la demande de la part des courtiers, qui va de 25 à 150 % par année selon le cas.

Or, ils sont eux aussi frappés par la rareté de la main-d’œuvre. En conséquence, les employeurs se disputent les bons souscripteurs, car ils veulent répondre à la demande croissante des courtiers, explique Steve Masnyk. 

Fondée en 2019, CAMGA représente les agents généraux (MGA) en assurance de dommages. M. Masnyk estime à 72 le nombre d’entreprises qui servent ainsi d’intermédiaires en souscription au pays, dont 65 sont déjà membres de l’association. 

Le but de l’association est de créer plus d’encadrement pour l’industrie. « Le courtage est un secteur bien structuré, les cabinets suivent des normes bien établies et c’est la même chose pour les assureurs. Mais il n’y en a pas vraiment pour encadrer le fonctionnement des MGA en assurance de dommages », dit-il. 

Les grossistes exploitaient dans l’ombre selon des standards variables. La CAMGA a ainsi créé un guide déontologique auquel les membres doivent adhérer et s’astreindre à en respecter la douzaine de principes. 

Impartition 

L’augmentation du volume de primes souscrites par les grossistes ne correspond pas à la croissance normale des affaires, mais plutôt la tendance à l’impartition en sous-traitance de la souscription par les assureurs. « L’assureur peut décider de garder la souscription de risques à l’interne, ou il la confie à un MGA. Les assureurs reconnaissent que la sous-traitance de l’activité de souscription leur est très profitable », indique Steve Masnyk. 

Si l’on compare le ratio combiné des grossistes à celui des assureurs, selon l’entreprise, il est généralement de 5 à 25 points plus bas chez les intermédiaires comparativement à celui des assureurs. « C’est très profitable, les assureurs le savent, particulièrement pour les lignes d’affaires où ils écrivent un volume plus limité de polices », dit-il. 

Le fait de confier la souscription en sous-traitance permet aux assureurs de libérer leurs capitaux pour les utiliser du côté des réclamations, qui est la valeur réelle du produit vendu, selon M. Masnyk. Les assureurs n’ont plus à gérer les ressources humaines et à leur allouer de l’espace de bureau. En plus, leur ratio combiné prend du mieux.

La plateforme 

Lors de l’échange entre les grossistes et les courtiers, l’un de ces derniers a souligné qu’il serait utile de trouver une plateforme où les capacités des grossistes seraient répertoriées selon les différents types de risque qu’ils sont prêts à souscrire.

Dans le sondage mené par le RCCAQ, les courtiers donnent une note de 6,5/10 à la question de la facilité des échanges avec les grossistes. « On veut avoir une note de 10 sur 10 », souligne M. Masnyk. 

La plateforme est conçue pour que, par une simple requête en ligne, le courtier puisse savoir auprès de quel grossiste il peut souscrire un risque, en fournissant la valeur de la couverture, la ligne d’affaires et la localisation du client.

Steve Masnyk donne l’exemplaire d’un fauteuil brun sur lequel il est assis. « On pourrait vous suggérer cinq grossistes qui couvrent cela. Pour les fauteuils rouges, il se peut que le grossiste le plus proche soit à Toronto, mais on vous le dira », dit-il.

Une fois la liste des MGA établie en fonction avec le besoin d’assurance qu’il veut couvrir, le courtier pourra téléverser les documents pertinents à sa demande de soumission et les grossistes énumérés recevront les renseignements dont ils ont besoin. La conversation se poursuivra entre le courtier et le souscripteur du grossiste, comme ça se passe en temps normal avec les assureurs. 

« Le but de la plateforme n’est pas de numériser tout le processus, mais de vous aider à trouver lequel, parmi nos membres, est capable de recevoir votre proposition », ajoute-t-il. Le courtier saura quel grossiste souscrit tel type de risque et il y aura moins de perte de temps pour les parties concernées. 

La plateforme Bridge est fonctionnelle depuis le 1er septembre 2022. Son accès est gratuit pour les courtiers. Au moment du congrès du RCCAQ tenu en novembre dernier, plus de 450 cabinets étaient déjà inscrits à la plateforme et une quarantaine de membres de la CAMGA ont énuméré la liste des risques qu’ils sont capables de souscrire. « C’est un processus assez long à démarrer », reconnaît M. Masnyk. 

L’organisme travaille à établir des interfaces de programmation (API) pour intégrer les systèmes de gestion de courtage (BMS) les plus couramment utilisés par les courtiers aux plateformes de souscription des grossistes afin de faciliter les échanges. « On a un squelette, on ajoute des options au fil des mois. Amazon n’a pas été bâtie en deux mois, alors nous devons prendre le temps de bien faire les choses », conclut Steve Masnyk. 

Mise à jour 

Joint à la mi-janvier, Steve Masnyk confirme que la version française de la plateforme Bridge n’était pas encore complétée, contrairement au souhait exprimé à l’occasion du congrès du RCCAQ. « La traduction devrait être terminée tôt en février », indique-t-il par courriel. 

Plus de 500 cabinets utilisaient la plateforme pour acheminer des demandes aux grossistes. Environ la moitié des membres de CAMGA étaient en mesure d’y téléverser les documents de souscription associés aux différents produits. « Ça prend plus de temps qu’on le pensait, car les paramètres des produits doivent être très détaillés », ajoute-t-il.

Sur les quelque 1 000 produits d’assurance aux entreprises et de risques spécialisés, environ la moitié des codes reconnus par le Bureau d’assurance du Canada apparaissent dans la plateforme. « On en ajoute quelques-uns tous les jours, alors ce nombre augmente de manière constante », conclut M. Masnyk. 

Cet article est un Complément au magazine de l'édition de février 2023 du Journal de l'assurance.