Dans ses résultats financiers les plus récents, Intact Corporation financière déclare un résultat net de 163 millions de dollars (M$) pour le troisième trimestre de 2023. Au même trimestre de 2022, le résultat net atteignait 375 M$, ce qui représente une diminution de 57 %. 

Les nombreuses catastrophes naturelles survenues au Canada expliquent cette performance, indique l’entreprise dans les différents documents publiés le 7 novembre dernier.

Lors de la discussion avec les analystes financiers tenue le lendemain, le président et chef de la direction de l’entreprise, Charles Brindamour, a commenté le caractère inhabituel de ce trimestre en matière de catastrophes naturelles. « Du côté du climat, nous avons affiché une solide performance depuis une décennie, avec un ratio combiné moyen sous les 90 % en assurance des biens des particuliers, qui est notre segment le plus exposé au risque de catastrophe », dit-il. 

L’entreprise a mis à jour ses prévisions actuarielles en utilisant les données scientifiques les plus récentes. Elle a modélisé les impacts d’un réchauffement climatique supérieur à 3 degrés celsius, soit deux fois plus élevé que ce qui est prévu par les pays signataires de l’Accord de Paris de 2015. « J’ai confiance en notre capacité à maintenir une forte croissance et de bons résultats de souscription durant la prochaine décennie », ajoute M. Brindamour. 

Ratio combiné 

Le ratio combiné non actualisé a atteint 98,3 % au 30 septembre 2023, alors qu’il était de 91,7 % un an plus tôt. Cet écart est attribuable au nombre de sinistres liés aux catastrophes plus élevé que prévu, dont la valeur est estimée à 8 points. 

Le ratio combiné non actualisé a évolué de la manière suivante entre le troisième trimestre de 2023 et la même période de 2022 pour les différents marchés de l’assureur : 

  • Canada : glissement de 9,3 points pour atteindre 101,8 % en 2023, contre 92,5 % en 2022. En assurance des biens des particuliers au pays, le ratio combiné a atteint 123,7 % pour ce seul trimestre ; 
  • RSA (Royaume-Uni et International) : glissement de 2,2 points pour atteindre 92,5 % en 2023, contre 90,3 % en 2022. Ce résultat est attribuable à « l’évolution défavorable des sinistres des années antérieures dans les deux secteurs d’activité, en partie contrebalancée par l’avantage découlant de l’absence de sinistres liés aux catastrophes au cours du trimestre » ;
  • États-Unis : variation de 0,8 point pour atteindre 88,5 % en 2023, contre 89,3 % en 2022.

« Nos équipes travaillent sans relâche pour remettre nos clients sur la bonne voie après plusieurs mois de conditions météorologiques difficiles », indique Charles Brindamour dans le communiqué de l’entreprise. 

Souscription 

Le résultat net de souscription a par ailleurs régressé de 28 % au troisième trimestre de 2023, atteignant 340 M$ comparativement aux 472 M$ déclarés au même trimestre en 2022, chiffre retraité en fonction de la norme IFRS 17. 

De manière plus détaillée, Intact rapporte les résultats nets de souscription suivants au troisième trimestre en 2023 à comparer à la même période de 2022 : 

  • Canada : le résultat net de souscription a été négatif à 66 M$ en 2023, contre un surplus de 257 M$ en 2022 ; 
  • États-Unis : le résultat net de souscription a été de 62 M$ en 2023, comparativement à 51 M$ en 2022 ; 
  • RSA (Royaume-Uni et International) : le résultat net de souscription a atteint 82 M$ en 2024, contre 96 M$ en 2022 ; 
  • Siège social et autres : le résultat net de souscription a été de 262 M$ en 2023, contre 68 M$ en 2022. 
Les primes 

Les primes directes souscrites (PDS) ont augmenté de 6 % au troisième trimestre de 2023, pour atteindre 5,9 milliards de dollars (G$), comparativement à 5,4 G$ un an plus tôt. 

Au Canada, les primes directes souscrites ont progressé de 8 % sur un an pour atteindre 3,9 G$. Les PDS en assurance automobile des particuliers ont progressé de 9 % pour atteindre 1,7 G$. En assurance des biens des particuliers au Canada, les primes directes souscrites ont progressé de 7 % et se sont chiffrées à 1,1 G$.

Du côté de l’assurance des entreprises au Canada, les PDS s’établissent à 1,2 G$ au dernier trimestre, en hausse de 7 % comparativement à la même période de 2022. Dans son rapport de gestion, l’assureur explique ce résultat par les hausses de tarif continues et des niveaux de rétention élevés. 

Au secteur Royaume-Uni et international, les PDS ont grimpé de 9 % pour atteindre 1,2 G$ au dernier trimestre. Les revenus de primes ont cependant baissé de 2 % en devises constantes.

Aux États-Unis, les primes directes souscrites ont grimpé de 17 % sur 12 mois pour atteindre 825 M$ au troisième trimestre. En devises constantes, la croissance réelle des PDS est de 13 % sur le marché des É.-U.

Catastrophes et réassurance 

Selon la transcription des échanges de la haute direction avec les analystes financiers, qui a eu lieu le 8 novembre dernier, le vice-président aux finances, Louis Marcotte, rappelle que les sinistres catastrophiques ont représenté un coût de 611 M$ au dernier trimestre, en raison de la combinaison des feux de forêt, de la grêle et des inondations au Canada. 

Après neuf mois, malgré le volume élevé de réclamations, le ratio des frais de sinistre atteint 33,7 %, ajoute M. Marcotte. Il précise que l’assureur vise à maintenir ce ratio entre 33 % et 34 %. 

La compagnie rapporte que les sept transactions réalisées au troisième trimestre ajoutent 200 M$ en revenus de primes. Avec la plus récente acquisition faite par BrokerLink en Alberta le 1er octobre, la plus importante à ce jour dans la province, M. Marcotte affirme que la croissance des revenus de distribution devrait être de 10 % au quatrième trimestre de 2023. 

Le ratio des sinistres liés aux catastrophes s’est établi à 42,4 % au Canada au troisième trimestre, soit environ 34 points de plus que prévu. Pour les 10 événements rapportés, aucun n’a atteint le seuil de réassurance, précise Intact dans le rapport de gestion. Après 9 mois, ce ratio des sinistres liés aux catastrophes s’est établi à 24,5 %, soit près de 16 points de plus que prévu. On rapporte plus de 20 sinistres liés aux catastrophes qui étaient tous inférieurs au seuil de réassurance. 

Paul David Holden, analyste de CIBC Marchés des capitaux, souligne qu’en 10 ans, seulement 4 événements ont ainsi dépassé le seuil de réassurance. Pourquoi ne pas abaisser ce seuil, ce qui limiterait la volatilité des résultats attribuable aux catastrophes ? 

Charles Brindamour rétorque que l’assureur préfère utiliser la tarification du risque, même si la réassurance demeure une solution adéquate pour limiter la volatilité. En assurance des biens des particuliers, Intact a pu maintenir un ratio combiné sous la barre des 90 % et entend continuer de le faire. En agissant ainsi, cette performance contribue au rendement sur le capital. « Nous devrons expliquer la volatilité d’un trimestre à l’autre, mais nous avons fait d’excellentes affaires durant la dernière décennie », dit-il. 

Le vice-président principal de l’assurance des particuliers, Guillaume Lamy, note que 40 % des réclamations faites à l’assureur sont reliés à des événements météorologiques. Il souligne que l’assureur a fait des projections jusqu’en 2040 avec les ajustements appropriés à la tarification. Même dans le scénario d’un réchauffement de la température de 3 à 5 degrés, l’assureur estime que la part des événements climatiques dans les sinistres ne dépasserait pas 50 %.

Sur un horizon de 15 ans, cette progression demeure gérable, selon M. Lamy. « Cela ne représente pas une menace existentielle pour nous ni pour l’assurance des biens des particuliers », dit-il. 

Auto en Alberta 

Il a aussi été question du marché de l’assurance automobile en Alberta, où le gouvernement a imposé un gel des hausses de tarifs en 2023 et imposera une limite à leur indexation en 2024.

Guillaume Lamy rappelle que l’Alberta représente 5 % des revenus d’Intact Corporation financière. « Notre portefeuille est toujours très solide », dit-il. La mesure gouvernementale demeure temporaire et « c’est une bonne chose ».

Quand les assureurs sont contraints de subventionner les primes, cela n’est pas souhaitable pour les consommateurs, ajoute M. Lamy. L’industrie n’a pas fait de profits dans ce marché depuis une décennie et la décision du gouvernement albertain a déjà incité certains assureurs à réduire leur offre en assurance automobile. 

Charles Brindamour rappelle que l’entreprise emploie près de 3 000 personnes dans cette province. Il ajoute qu’Intact continuera de collaborer avec le gouvernement afin de trouver une solution acceptable pour les consommateurs qui ne réduira pas la capacité des assureurs à y faire croître leurs affaires.