La rentrée de l’automne 2022 a été associée à un retour progressif des employés dans les tours de bureaux et les entreprises et celui des étudiants dans les établissements d’enseignement. Les locaux qui ont été inoccupés durant un certain temps peuvent causer des soucis à leur gestionnaire, selon les experts d’une firme de restauration après sinistre. 

Valérie Bouchard

Valérie Bouchard est directrice principale du développement des affaires chez Restauration First Onsite au Québec. Son collègue Brendan Murphy est directeur, solutions clients à l’établissement de Toronto. Ils ont accordé un entretien au Portail de l’assurance pour parler des problèmes qui surgissent quand des espaces sont inoccupés et que les immeubles ont manqué d’entretien. 

Dans les grandes entreprises, « les bureaux étaient vides ou presque depuis deux ans et demi. Les systèmes sont fatigués. Parfois, il n’y a pas eu de tournée d’inspection dans les immeubles. Une petite infiltration d’eau peut créer des moisissures si elle n’est pas détectée rapidement. Cela nous est arrivé fréquemment dans les derniers mois », indique-t-elle. 

En Ontario, M. Murphy observe le même phénomène de fuites, de moisissures et de dégâts causés par l’eau. « L’immeuble peut être inoccupé pour différentes raisons, ou encore le propriétaire a subi une baisse de ses revenus parce que les locataires commerciaux ont eux-mêmes de la misère à payer leur loyer. Mais il y a nettement eu un déficit d’entretien durant la pandémie », dit-il. 

Brendan Murphy

Il donne l’exemple de la tuyauterie d’un immeuble autrefois occupé par un restaurant. S’il y a de la graisse qui est restée dans les tuyaux, après un certain temps sans rinçage de la tuyauterie, elle s’est pratiquement calcifiée. « Si le niveau d’occupation revient à la normale et que l’eau recommence à circuler dans les tuyaux, on voit des problèmes apparaître, surtout dans les immeubles où les activités d’entretien auraient été normalement réalisées », note M. Murphy. 

Si de petites fuites se multiplient, dans une tour avec plusieurs centaines de milliers carrés en location, les dégâts peuvent vite devenir considérables. Le constat est le même dans les immeubles locatifs. 

En mode télétravail, « les gens sont à la maison et ils sont en mesure de voir les problèmes tout de suite. S’il y a une fuite ou un bris de plomberie, une toilette qui coule, tu le vois tout de suite, tu es sur place », explique Mme Bouchard.

« On le voit pour les gens qui partent en vacances, c’est généralement en leur absence qu’il y a un dégât causé par l’eau. Le réservoir à eau chaude brise généralement à un moment inopportun », ajoute-t-elle.

Dommage invisible 

Dans les bureaux inoccupés, une infiltration d’eau aux étages supérieurs peut ne pas être découverte avant un moment. « Il y a une fuite, tu es là pour signaler le problème, ça coûte 1 500 $ pour nettoyer et réparer la fuite. Mais le même scénario qui survient dans un espace vacant, ça peut se répercuter sur plusieurs étages inférieurs et les coûts dépassent plusieurs dizaines de milliers de dollars », souligne M. Murphy. 

Dans les immeubles industriels ou dans les édifices où sont logés des parcs informatiques, ils sont conçus pour fonctionner en permanence et leur entretien est généralement bien fait. « C’est davantage dans les édifices multiusages où l’on voit une grande diversité de situation. Si un ou plusieurs locaux ne sont plus occupés, faute de locataires, on le voit, dès qu’un espace n’est pas utilisé, il y a des problèmes », ajoute-t-il.

Valérie Bouchard rappelle qu’en 2022, la région métropolitaine a été frappée par des pluies diluviennes à la mi-juin et encore le 13 septembre dernier. À ces deux occasions, de nombreux clients commerciaux ont fait des appels d’urgence. « Le déficit d’entretien les a rattrapés à ce moment-là, on a vu la différence dans le nombre de réclamations. Il y avait eu du laisser-aller », dit-elle. 

Les situations urgentes causent du stress aux équipes de l’entreprise. « Dans notre domaine, si ce n’est pas bien fait, et si ce n’est pas fait à temps, quand on parle de dommages causés par l’eau en particulier, les conséquences qui suivent sont néfastes », souligne Mme Bouchard. 

« On a pris l’engagement de réaliser le mandat qu’ils nous confient, alors oui, il y a du stress des deux côtés », poursuit-elle. 

Le passage de Fiona 

La veille de notre entretien, Brendan Murphy avait participé à une réunion où des collègues ont fait la mise à jour des interventions menées dans les provinces maritimes à la suite du passage de l’ouragan Fiona

« Nous avons 600 projets de restauration en cours dans le secteur résidentiel, et environ une quarantaine dans l’immobilier commercial, dont certains sont assez substantiels », dit-il. 

Chez First Onsite, la planification préalable à l’arrivée de la tempête a été fort utile. « Nous avions fait préparer le matériel requis juste en dehors de la zone où la tempête devait frapper, dans le Maine, tout près de Bathurst au Nouveau-Brunswick. Nous avions de l’équipement et des biens prêts à être livrés pour alimenter nos équipes sur place », indique M. Murphy.

L’entreprise compte sur une division spécialisée dans les grands sinistres et les réclamations majeures. « Ces gens-là nous permettent aussi de respecter nos autres contrats, parce qu’on ne peut mobiliser tout notre groupe pour répondre à une urgence et négliger le reste de nos projets de reconstruction et de restauration », dit-il.