Un cabinet est vendu et trois entreprises de la Montérégie se regroupent

Depuis le 1er novembre 2024, le cabinet M2 Assurance s’est associé à l'équipe du cabinet Assurancia Leduc DeCelles Dubuc. Le Portail de l’assurance a pu s’entretenir avec la présidente de l’entreprise qui prend de l’expansion et le courtier qui a vendu son entreprise. 

Catherine Dubuc, présidente d’Assurancia Leduc DeCelles Dubuc (LDD) explique que les deux entreprises, de même qu’Assurancia Campeau de Beauharnois, acquise en février 2022, seront fusionnées d’ici la fin de 2025 et seront exploitées sous un seul et même nom.

Réunis, les cabinets forment une firme comptant 75 employés, dont 61 courtiers, confirme-t-elle. Le volume de primes cumulé est de 64,5 millions de dollars (M$). Entre 37 % et 40 % du volume de primes est en assurance aux entreprises, indique Mme Dubuc.

L’entreprise devrait ainsi apparaître quelque part du 28e rang de notre Classement des leaders en distribution d’assurance au Québec lors de la mise à jour au 31 décembre 2024, à paraître en juin 2025 dans le Portail de l’assurance. 

Déjà des liens 

La mère de Mme Dubuc, Lucie DeCelles, fondatrice d’Assurancia LDD, avait elle-même acheté un bureau de Salaberry-de-Valleyfield vendu par Matthieu Préfontaine en 2005, quand ce dernier s’est établi à L’Île-Perrot. 

Au printemps 2023, Matthieu Préfontaine a fait part de son intention de vendre son entreprise. Auparavant, il avait déjà commencé à vendre des parts à un collègue du cabinet, le courtier Jean-Sébastien Larocque.

Après avoir acheté le cabinet plus tôt que prévu, M. Larocque, qui travaille chez M2 Assurance depuis 2014, a cherché des partenaires qui avaient la même approche.

Après un an et demi de discussions entre les parties, avec les exigences légales qui viennent avec la fusion de trois sociétés, l’entente a été conclue. Avec Myriam Parent, sa partenaire chez Assurancia LDD, Catherine Dubuc et Jean-Sébastien Larocque dirigeront désormais la nouvelle entreprise. « Pour l’instant, on va mettre toute notre énergie sur les employés, nos ressources humaines. On veut rassurer nos courtiers », indique Mme Dubuc. 

Déjà présent à Châteauguay, Beauharnois et Salaberry-de-Valleyfield, la nouvelle entreprise sera aussi présente à Vaudreuil-Dorion, ce qui lui permet de couvrir la majeure partit de la Rive-Sud de Montréal, en Montérégie. 

Comme 90 % du personnel des établissements travaillent sur place dans les bureaux, la direction du cabinet acquéreur entend conserver les établissements actuels, même après le changement de nom, ajoute Catherine Dubuc. 

Le cabinet M2 Assurance concentrait la majeure partie de son volume en assurance des particuliers chez Intact Assurance. Chez Assurancia LDD, le même assureur est aussi présent dans les lignes personnelles, mais pas en majorité, insiste-t-elle.

Catherine Dubuc demeure présidente de la nouvelle entreprise. Myriam Parent devient vice-présidente, assurance des particuliers, et Jean-Sébastien Larocque occupe la fonction de vice-président, assurance aux entreprises.

Le cabinet nouvellement formé conservera son affiliation à la bannière Assurancia. « On croit que la bannière va pouvoir nous emmener plus loin dans l’avenir », poursuit Catherine Dubuc. 

L’établissement de Vaudreuil-Dorion, à proximité de la frontière avec l’Ontario, offre l’occasion au cabinet de développer encore plus son expertise en assurance aux entreprises. L’expertise des collègues venus de M2 Assurance dans le secteur du camionnage sera mise à profit, conclut-elle. 

Au Registre des entreprises du Québec, on note la présence de la société 3662578 Canada inc., une filiale d’Intact Corporation financière, en tant que troisième actionnaire de la société de portefeuille qui détient les trois cabinets. 

De gauche à droite : Myriam Parent, Catherine Dubuc, Jean-Sébastien Larocque, Lucie DeCelles et Matthieu Préfontaine.

Un vendeur proche aidant 

Joint par le Portail de l’assurance, Matthieu Préfontaine n’a aucune gêne à expliquer la raison de la vente de son entreprise à Jean-Sébastien Larocque. Il a d’ailleurs raconté sa situation à La Presse en mars 2023, en réaction à une chronique qui soulignait les trois ans de la pandémie de COVID-19. 

Sa conjointe Julie Pinard souffre des séquelles de la COVID longue. M. Préfontaine a vu sa carrière entrepreneuriale être bouleversée par son statut de proche aidant. Rima Elkouri a d’ailleurs consacré une chronique à leur sujet, parue le 19 mars 2023, intitulée « Sa belle Julie, avant et après ». 

Matthieu Préfontaine a dû se rendre à l’évidence. « À mes yeux, je n’étais plus dans la situation d’être le bon entrepreneur que j’étais. » En conséquence, au printemps 2023, il s’est assis avec son associé Jean-Sébastien Larocque pour lui exprimer son désir de vendre l’entreprise.

« Ce n’était pas le plan au départ, quand il a acquis des parts. J’avais l’intention de continuer pour au moins cinq années », dit-il. La maladie de sa partenaire de vie l’a incité à revoir ses perspectives comme chef d’entreprise. 

Entretemps, Lucie DeCelles, qui venait elle aussi de confier à sa relève la direction d’Assurancia LDD, a entendu parler de la possible vente de M2 Assurance. 

M. Larocque connaissait déjà ses futures associées chez Assurancia LDD, et le trio a donc profité de la période de transition pour s’assurer de la qualité de leur partenariat. « Si je m’étais associé avec Catherine et Myriam, j’aurais été prêt à viser les 100 M$ demain matin », lance M. Préfontaine. 

Les employés de M2 Assurance ont été rapidement prévenus de son intention de vendre l’entreprise. Toute l’équipe demeure en place. « À une croissance du volume de 9 à 10 % par année, ça veut dire 6 M$ en primes de plus, donc ça fait bien des clients dont il faut s’occuper. Ils ont besoin de tous les bras disponibles », dit-il. 

Jean-Sébastien Larocque s’occupait déjà de la clientèle de M. Préfontaine dans le transport routier depuis bientôt deux ans, précise ce dernier.

« La transition s’est très bien passée, mes clients étaient au courant de ma situation familiale. Jean-Sébastien a renouvelé tous les contrats. C’est important et cela a pesé dans la balance, car on ne veut pas perdre notre spécialité dans le camionnage », poursuit-il. 

« Nous sommes l’un des rares bureaux à avoir un contrat pour assurer les flottes de transport avec Échelon Assurance. Il ne faut pas perdre ça, ça vaut de l’or », note-t-il. 

Au lieu de cela, comme jeune retraité de 51 ans, Matthieu Préfontaine entend profiter de la vie tout en prenant soin de sa Julie. Il entend se promener avec son tracteur sur la terre qu’il possède et profiter des plaisirs de la chasse. Au moment de notre entretien, il revenait tout juste d’un séjour sur l’île d’Anticosti. 

Le couple a deux enfants et il n’y avait pas de possibilité de relève dans la famille. M. Larocque est le fils d’un très bon ami de Matthieu Préfontaine qui est décédé à l’âge de 58 ans. La même année où Julie est tombée malade, il a perdu deux amis âgés de 58 ans. « Ça a aussi pesé dans la balance », explique-t-il.

« J’aurais aimé quitter la direction rendu à un volume de 100 M$, je ne m’en cache pas. Mais quand même, arriver à faire partie du top 45 au Québec, c’est un bel accomplissement pour moi », poursuit-il.

Le rôle du mentor 

La pandémie a quand même eu un impact sur l’organisation de travail au sein de son cabinet. La moitié de ses employés a conservé l’habitude de travailler au bureau, et les autres exercent leurs activités à partir du domicile. « J’ai eu beaucoup de misère à m’adapter à cette nouvelle réalité, reconnaît-il. Jean-Sébastien est mieux outillé que moi pour gérer ce nouveau contexte dans les relations de travail. » 

« J’aurais pu être un patron absent qui joue au golf et s’occupe de sa blonde. Je ne suis pas fait comme ça, je veux être présent, et là, je ne pouvais plus le faire », dit-il.

La vente demeure quand même une période fertile en émotions, notamment avec les collègues de longue date au sein de son cabinet. « Ça faisait 24 ans que j’avais acheté mon premier bureau d’assurance », ajoute-t-il.

Matthieu Préfontaine a commencé sa carrière en travaillant avec son père dans un bureau de L’Île-Bizard. « Mais on était meilleur chacun dans notre bureau plutôt qu’en travaillant dans le même bureau », relate-t-il.

C’est Yvon Lareau qui lui avait permis de se lancer ainsi seul dans l’entrepreneuriat en lui vendant un bureau à Salaberry-de-Valleyfield, le 20 octobre 2000. « Cela a été une relation d’amitié instantanée. Yvon a pris soin de me téléphoner aux deux semaines pendant 24 ans, il a été un mentor exceptionnel », raconte-t-il. 

M. Préfontaine n’a que de bons mots pour son mentor. « J’ai toujours aimé apprendre de gens plus expérimentés que moi. Quand je l’ai connu, le groupe Lareau avait un volume de 20 M$, et là, ils sont rendus à 150 M$. » 

« Yvon Lareau m’a vendu un bureau à Salaberry-de-Valleyfield, que j’ai vendu à Lucie DeCelles par la suite. Et aujourd’hui, Jean-Sébastien Larocque en redevient l’un des propriétaires. L’assurance, c’est un cycle de vie, un petit milieu » où tout le monde se connaît, dit-il. 

Sa plus grande joie est d’avoir eu la conviction que le cabinet acquéreur partage des valeurs similaires à celles qui animaient son entreprise. « Assurancia LDD, c’est un miroir de M2 Assurance. C’est la même attitude, la même gentillesse, la même proximité entre la direction et les employés, c’est hallucinant d’avoir pu trouver ces gens-là dans la même région. C’est très rassurant pour nos employés », conclut-il.