La saga continue.

Alors que Aon et Willis Towers Watson (WTW) tentent depuis des mois de faire approuver leur fusion par diverses autorités réglementaires frileuses, l’une d’entre elles entend officiellement leur barrer la route : le département de la Justice des États-Unis.

Ce dernier a annoncé le 16 juin avoir déposé une poursuite civile antitrust auprès du tribunal américain du District de Columbia. Il estime en effet que les deux compagnies opèrent « dans un oligopole » et qu’une fusion leur permettrait d’avoir un « effet de levier encore plus important ».

Son but est clair : « bloquer le projet d’acquisition de 30 milliards de dollars proposé par Aon, une opération qui réunirait deux des “trois grands” courtiers d’assurance mondiaux » et « éliminerait une concurrence importante dans cinq marchés », dit le ministère de la Justice américain.

Baisse de la concurrence, hausse des prix ?

« L’action d’aujourd’hui démontre l’engagement du ministère de la Justice à mettre fin aux regroupements nuisibles et à préserver la concurrence qui profite directement et indirectement aux Américains à travers le pays », a dit le procureur général Merrick B. Garland, dans le cadre de cette annonce.

« Les entreprises et les consommateurs américains comptent sur la concurrence entre Aon et Willis Towers Watson pour faire baisser les prix des services essentiels, tels que les conseils en matière de santé et de retraite », poursuit-il, soulignant que permettre cette fusion « réduirait cette concurrence vitale et laisserait aux clients américains moins de choix, des prix plus élevés et des services de moindre qualité ».

Les cessions proposées ne suffisent pas

Dans les dernières semaines, Aon et Willis Towers Watson se sont engagés à vendre plusieurs de leurs activités pour rassurer les autorités. Ces démarches ne suffisent toutefois pas au département de la Justice américain.

« La plainte allègue que ces mesures correctives proposées sont insuffisantes pour protéger les consommateurs aux États-Unis. La plainte allègue également que les cessions axées sur les États-Unis dans les prestations de santé et le courtage des risques commerciaux, en particulier, sont totalement insuffisantes pour résoudre les préoccupations importantes du département », souligne celui-ci.

Aon et WTW « pas d’accord »

Dans un communiqué commun publié dans la foulée, Aon et Willis Towers Watson lui répondent.

« Nous ne sommes pas d’accord avec l’action du ministère américain de la Justice, qui reflète un manque de compréhension de notre activité, des clients que nous servons et des marchés sur lesquels nous opérons », affirment les deux géants du courtage.

Nous opérons « dans des domaines vastes, concurrentiels de l’économie et notre combinaison proposée accélérera l’innovation au nom des clients, créant plus de choix dans un marché déjà dynamique et concurrentiel », ajoutent-ils.

Aon et WTW indiquent continuer à « faire des progrès » avec d’autres régulateurs ailleurs dans le monde et disent rester attachés aux bénéfices qu’apporterait leur fusion.