La Banque Équitable propose des prêts hypothécaires inversés au Québec depuis ce 10 juin. Alors que le marché est grandissant, l’institution financière est la deuxième du pays à proposer un tel produit. « Ça donne une autre option aux Québécois », se félicite Nathalie Cormier, directrice régionale, prêts hypothécaires résidentiels, pour la Banque Équitable Québec.

L’hypothèque inversée est l’une des solutions qui s’offrent aux propriétaires en manque de liquidités à la retraite et qui ne veulent pas avoir à vendre leur logement pour financer leur quotidien.

Une enveloppe

Le prêt hypothécaire inversé de la Banque Équitable est uniquement offert par les courtiers hypothécaires. Il s’adresse aux Québécois de plus de 55 ans propriétaires d’une résidence située dans un grand centre urbain et valant au moins 250 000 $. La somme prêtée peut représenter de 15 à 40 % de la valeur de la propriété. L’avance est non imposable et peut être retirée en une fois ou prendre la forme d’une rente mensuelle.

Quant au taux d’intérêt, il oscille entre 5,59 et 5,74 % selon le terme choisis. Les intérêts peuvent être payés mensuellement ou en une fois, au moment du remboursement de l’emprunt. Le prêt ainsi que les intérêts devront être remboursés dans trois cas : si le propriétaire vend son bien, s’il déménage dans une résidence pour personnes âgées ou s’il meurt.

Selon le simulateur de la Banque Équitable, une personne de 80 ans propriétaire d’une maison montréalaise valant 400 000 $ pourra obtenir un prêt de 140 000 $, soit 35 % de la valeur de son bien. Si elle décède cinq ans après avoir contracté le prêt, ses héritiers devront rembourser les 140 000 $ empruntés ainsi que le montant des intérêts cumulés sur toute la période du prêt, soit 45 845 $. Pour payer, ils pourront vendre la propriété. Celle-ci ayant pris de la valeur en cinq ans, elle pourra se vendre à 463 710 $. Après avoir remboursé la banque, il leur restera donc 277 865 $.

Un marché en expansion

Le prêt hypothécaire vient combler « un besoin » pour les personnes retraitées ou en voie de l’être, dit Nathalie Cormier. Elle rappelle ainsi que 43 % des Canadiens ont moins de 100 000 $ d’économies, selon un rapport de retraite 2019 de Mintel, et que 61 % des Québécois sont propriétaires de leur logement. « Les gens vivent plus vieux et veulent profiter, mais ils n’ont pas assez d’argent. Or, leur plus grande richesse, c’est souvent leur propriété. »

La Banque HomeEquity a été la première institution à offrir un prêt hypothécaire inversé au Canada. Banque Équitable lui a emboité le pas en février 218, lorsqu’elle a lancé son produit d’hypothèque inversée en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique. Elle est ainsi la deuxième institution financière à viser ce marché au Canada. « On y va province par province », indique Mme Cormier.

Selon les données du Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF), la Banque Nationale du Canada (BNC) déclare également un actif lié à ce marché depuis novembre 2017. Interrogée par le Journal de l’assurance, la BNC indique ne pas offrir ce produit ni au Québec, ni au Canada. « Ces données sont issues de notre filiale Credigy, basée aux États-Unis. Celle-ci fait l’acquisition de portefeuilles de prêts à la consommation dans lesquels il peut y avoir des prêts hypothécaires inversés. Elle n’émet pas elle-même ce type de prêts. »

Les trois banques canadiennes cumulaient un actif lié aux hypothèques inversées de près de 3,6 millions de dollars en mars 2019, selon le BSIF. Un chiffre qui a presque doublé en deux ans puisqu’en mars 2017, il s’élevait à 1,9 million de dollars. À ce jour, la Banque HomeEquity concentre à elle seule la grande majorité de l’actif total.