Les centres d’appels des grandes compagnies d’assurance voyage sont très sollicités par les voyageurs canadiens qui essaient de comprendre leur politique d’annulation de voyage et qui se demandent si leur protection leur procure assez de latitude pour annuler celui-ci en raison des inquiétudes grandissantes suscitées par le coronavirus (COVID-19).
Les assureurs vont fort probablement suivre de près l’évolution de la situation depuis que plusieurs acteurs du marché — Manuvie et TuGo, suivis d’Allianz Global Assistance Canada — ont déclaré qu’ils n’accepteront plus les demandes d’annulation liées au coronavirus. Un seul assureur, Orion Travel Insurance, propriété du CAA, a déclaré ne pas avoir l’intention de modifier sa politique pour exclure expressément le coronavirus. Dans un courriel transmis au Journal de l’assurance, Orion affirme aussi qu’elle fera aussi un peu plus en tenant compte d’une récente recommandation de Santé Canada, en vertu de laquelle il faut éviter tout voyage en croisière. La présence de cet avertissement parmi les Conseils aux voyageurs permet à ceux qui ont acheté une assurance annulation de voyage par l’intermédiaire d’Orion de faire une demande de remboursement si leur croisière part avant le 1er juillet 2020. (À moins qu’un client n’ait souscrit une assurance annulation de type tous risques, il faut habituellement l’émission d’un tel conseil aux voyageurs pour que les demandes d’indemnisation soient acceptées.)
Pour sa part, le directeur général de l’Association canadienne de l’assurance voyage (THIA) du Canada, Will McAleer, estime qu’il est encore trop tôt pour dire quelles seront les conséquences à long terme de ce virus pour les assureurs. On pourrait, dit-il, assister à une certaine innovation en matière de souscription. (Comme on voit d’ailleurs, dans un autre ordre d’idées, certaines polices verser désormais une indemnité advenant un retard de vol.) « On peut en effet s’attendre à ce qu’un souscripteur cherche d’autres façons d’atténuer certains des “inconvénients” — c’est le moins que l’on puisse dire — subis par la personne qui se retrouve dans un bateau de croisière où sévit une épidémie, illustre-t-il. On va peut-être voir des innovations comportant des solutions aptes à mieux répondre aux besoins non traités des personnes les plus touchées. »
La police d’annulation tous risques pourrait faire partie de la solution. Or, une telle police ne rembourse généralement pas la totalité du voyage d’un client et elle est souvent plus coûteuse.
« Nous recommandons vraiment aux voyageurs de magasiner leur assurance », précise-t-il. L’un des aspects positifs qui émergent de la crainte du coronavirus, c’est que de plus en plus de clients prennent enfin conscience de la nécessité de se protéger ; c’est pourtant quelque chose que le secteur de l’assurance voyage essaie de faire depuis des années. « Les gens sont devenus plus conscients de la nécessité de bien connaître la couverture dont ils bénéficient. Assurez-vous de comprendre la couverture procurée par votre assurance et faites qu’elle corresponde bien à ce que vous souhaitez. »
Pour l’instant, il affirme que l’Association n’a pas encore eu vent de changements que la conjoncture actuelle pourrait entraîner en matière de protection médicale d’urgence. Il précise aussi que ses membres n’ont pas encore parlé d’augmenter le prix de l’assurance voyage.
M. McAleer a trois conseils à formuler aux voyageurs : « Vous devez savoir à quoi vous en tenir par rapport à votre santé personnelle, par rapport à votre police et par rapport à votre déplacement », énumère-t-il.
Avez-vous l’intention de vous lancer dans une entreprise téméraire ou risquée ? Qu’il s’agisse de saut à l’élastique (bungee), de deltaplane ou de toute autre activité, il faut s’assurer que ce sera couvert, car les polices peuvent varier d’un programme à l’autre. « Vérifiez quelles activités à haut risque peuvent en être exclues. »
L’Association canadienne des Croix Bleue dit confirmer que la pandémie de coronavirus (COVID-19) est une situation connue, et n’acceptera plus de couvrir l’annulation de voyage en vertu d’une assurance souscrite le 12 mars 2020 ou après, pour cette cause. Au Québec, il s’agit donc de la position de Croix Bleue du Québec.
Cette position ne concerne que l’assurance voyage individuelle. Elle ne touche pas l’assurance voyage incluse dans un régime d’assurance collective. Pour l’assurance voyage individuelle annuelle incluant l’annulation de voyage, seuls les voyages achetés et payés le 11 mars 2020 ou avant seront couverts.
« À compter du 12 mars 2020, la COVID 19 ne sera plus un risque assurable pour les clients qui souscrivent l’assurance annulation avec leur assurance voyage. Les contrats d’assurance incluant l’annulation de voyage souscrits avant cette date continueront de couvrir les annulations liées à la pandémie de COVID-19 pour les destinations qui n’étaient pas déjà exclues, puisqu’il s’agissait d’un risque inconnu au moment de l’achat », signale l’Association.
Les Croix Bleue ajoutent que ceux qui ont souscrit l’assurance et acheté leur voyage « avant que ce virus devienne une situation connue » seront assurés uniquement selon les mêmes paramètres et services d’assistance prévus à leur contrat.
Attention aux régions à risque
L’assurance annulation ou interruption de voyage ne couvre généralement pas les risques liés à une destination visée par un avertissement du gouvernement canadien d’éviter tout voyage ou d’éviter tout voyage non essentiel, au moment d’acheter.
« Cela inclut les avertissements pour des régions distinctes et l’avertissement récent concernant les voyages en croisière. Ainsi, les clients qui ont acheté leur voyage ou qui ont souscrit leur assurance avant la publication de ces avertissements officiels sont couverts, alors que ceux qui ont acheté leur voyage ou qui ont souscrit leur assurance après ne le sont pas », précise l’association.
Si l’assurance est achetée avant le 12 mars, elle continue de couvrir malgré tout avertissement gouvernemental à survenir par la suite. Si elle est achetée à compter du 12 mars, elle ne couvrira pas l’annulation liée à un voyage, même pour lequel le gouvernement canadien n’a émis aucun avertissement. (Alain Thériault)