Claude Di Stasio, vice-présidente aux affaires québécoises de l’Association canadienne des compagnies d’assurance de personnes (ACCAP), rappelle qu’une étude de Buffet & Company rapportait récemment que seulement 15 % des entreprises canadiennes ont des programmes de santé et mieux-être au travail. Une autre de l'Université de Harvard révélait que pour chaque dollar investi dans un tel programme, on observe un RCI de 3,27 $ en couts de médicaments et de 2,73 $ en réduction de couts d'absentéisme.
Elle prévient toutefois de prendre les chiffres des études américaines avec un grain de sel. Le rendement qu’elles révèlent reflète la moins grande générosité des programmes publics des États-Unis, par rapport au Canada. Les investissements auront donc un impact plus grand chez nos voisins.
Plus près de chez nous, Mme Di Stasio avait rapporté les résultats d’une étude du Canadian Policy Network et de l'Institut canadien d’information sur la santé (ICIS), intitulée Return on Investment: Mental health Promotion and Mental Illness Prevention. Selon l’étude réalisée en mars 2011, une réduction de l'absentéisme de 50% chez les infirmières, sur un horizon de 3 ans, équivaut à 7 000 emplois à temps plein, pour une économie de 500 millions de dollars en salaire. « Même si ce n'était que 12 à 9 jours… C'est tout de même 3 jours par employé. Pour une entreprise de 100 employés, cela représente plus d'un employé à temps plein », avait-elle commenté.
Pour dépeindre l’urgence d’agir, elle rappelle aussi les conclusions d’un sondage Ipso Reid, réalisé en octobre 2012, auprès de 6 624 Canadiens, soit 4 307 employés et 2 317 cadres. Premier constat : un Canadien sur cinq souffre de dépression (soit un cout estimé à 51 milliard de dollars par année pour l’ensemble de la population).
Les programmes peuvent ainsi avoir un impact sur le milieu de travail et, par la bande, sur la vie personnelle des employés. L’impact des habitudes de vie est d’ailleurs crucial. Mme Di Stasio a ainsi rappelé que 70% des couts de santé sont liés au tabagisme, à l’inactivité physique, aux choix nutritifs et au stress.
Lors du Congrès de l’assurance et de l’investissement 2012, Louise Chénier, chargée de recherche, leadeurship et recherche en gestion des ressources humaines au Conference Board du Canada, avait aussi rapporté des chiffres probants. L’évaluation sur le retour sur le capital investi (RCI) en est encore à ses débuts, avait-elle toutefois fait remarquer. « Un tiers des employeurs mesurent les résultats de ces programmes, mais très peu analysent leur rendement de façon rigoureuse, avait-elle souligné. Ils se soucient davantage de faire la preuve des effets favorables des programmes que d’en démontrer le rendement positif. »
Dans un exemple hypothétique de programme de renoncement au tabac, Mme Chénier avait démontré qu’un employeur pouvait récupérer plus de 56 $ pour chaque dollar investi dans le programme. « Il convient de calculer le RCI global pour le programme de santé et de mieux-être, avait précisé Mme Chénier. Sinon, on peut manquer des couts et des économies importantes. »