« Il n’y a jamais eu tant de personnes malades au Québec et cette augmentation risque de se poursuivre. » C’est l’avertissement que sert la Coalition québécoise pour la réduction de la maladie dans son Plan stratégique de la réduction de la maladie qu’elle a déposé au ministre de la Santé, Christian Dubé. L’association, fondée en 2024 et regroupant 57 représentants du milieu de la santé et des grandes maladies, souhaite l’inciter à prendre des mesures fortes pour inverser ce mouvement.
Une partie de l’augmentation des maladies est inévitable en raison du vieillissement de la population. En 2030, le nombre d’aînés formera 25 % de la province. En outre, la maladie est aussi présente chez un nombre croissant de personnes de moins de 65 ans.
La Coalition rappelle que le système actuel peine à répondre aux besoins, mais que les besoins pourraient être considérablement réduits au chapitre des maladies évitables, comme les problèmes cardiaques, le cancer et le diabète.
Or, un sondage ASPQ-Léger a démontré une méconnaissance des citoyens sur les effets de la prévention : parmi 1 000 personnes interrogées, seulement 26 % savaient que certains cancers sont évitables et 49 % étaient conscientes que les maladies cardiaques peuvent être prévenues.
Il y a donc des campagnes à mener pour faire connaître les effets concrets de la prévention des maladies évitables. Pour l’heure, les signaux d’alarme sont nombreux.
Diminution de l’espérance de vie
Alors qu’elle affichait une augmentation continue, l’espérance de vie à la naissance au Québec progresse en dents de scie depuis quelques années.
Après la diminution observée en 2020 en raison de la pandémie, une nouvelle baisse a été notée en 2022. Elle se situe à 9 mois par rapport à 2021.
« C’est la plus forte diminution enregistrée depuis le début de l’enregistrement des données par le gouvernement du Québec en 1975 », souligne la Coalition.
L’espérance de vie dans la province est redescendue au niveau de 2015-2016, puis elle a connu une très légère hausse. En 2023, elle s’établissait en moyenne à 82,5 ans, soit 84,3 pour les femmes et 80,7 pour les hommes.
Prévalence de certaines maladies
Ce tableau illustre la prévalence des maladies les plus courantes au Québec.
La Coalition souligne que le budget du ministère québécois de la Santé (MSSS) atteint désormais près 60 milliards de dollars (G$) annuellement alors et qu’il était de 22 G$ en 2004.
Les causes principales de la maladie au Canada
L’association identifie cinq principales causes de la maladie au Canada : les modes de vie (tabagisme, sédentarité, alimentation déséquilibrée, stress chronique), les infections, les facteurs génétiques, ainsi que les facteurs environnementaux et socio-économiques.
Les coûts des mauvaises habitudes de vie ou de certaines maladies peuvent être chiffrés :
— Au pays, selon le Conference Board of Canada, en 2013, les coûts associés à six maladies chroniques (dont le cancer du poumon, l’hypertension, le diabète, les maladies cérébrovasculaires et les cardiopathies) étaient estimés à 8,1 G$. Si des efforts ne sont pas investis dans la réduction des facteurs de risques, ces coûts pourraient passer à 13 G$ en 2030.
— Selon une étude canadienne de 2023, la sédentarité coûte à elle seule 2,2 G$ par année.
— La Commission de la santé mentale du Canada évalue que les troubles mentaux et la santé mentale entraînent des coûts évalués à 50 G$ par année.
— Au Québec seulement, le tabagisme entraîne des coûts annuels de 3,8 G$ et il est responsable du décès de 13 000 personnes par an. Les maladies associées au tabac occupent 33 % des lits d’hôpitaux.
— Les coûts excédentaires des soins et de l’invalidité liés à l’obésité étaient estimés à 3 G$. Et ce chiffre date de 2011. Depuis, les cas d’obésité ont beaucoup augmenté dans la province.
Des mesures pour inverser la tendance
Tous ces éléments conjugués font dire à la Coalition qu’il n’y a jamais eu autant de personnes malades au Québec et que cette hausse va se poursuivre si rien n’est fait pour inverser cette tendance.
Elle propose une série de mesures au ministre Dubé pour réduire le fardeau des maladies évitables : réinvestir massivement dans la santé publique et supporter financièrement cette réduction en taxant les produits néfastes à la santé, tels que le tabac et les produits sucrés ; miser sur les données et créer un tableau de bord des maladies, comme le MSSS l’avait fait lors de la pandémie ; gouverner la santé et non la maladie ; innover en prévention et promotion de la santé, notamment en recourant à l’intelligence artificielle.