L’Association canadienne des compagnies d’assurance de personnes (ACCAP) met en garde contre le fait que de nombreux Canadiens perdront l’accès à la couverture médicamenteuse. Le programme universel de médicaments proposé par le gouvernement fédéral coûtera inutilement des milliards, estime l’ACCAP. 

Dans son communiqué du 12 octobre, l’Association réagissait au rapport déposé le même jour par le Bureau du directeur parlementaire du budget (DPB). Le document, intitulé « Coût estimé d’un régime universel à payeur unique pour les médicaments », évalue les différents coûts d’un régime universel à payeur unique pour les médicaments — appelé Pharmacare dans le document — sur la période 2023-2024, avec une projection jusqu’en 2027-2028.

« Le coût estimé reflète une application nationale de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) du Québec », indique le rapport.

L’ACCAP souligne que même si la liste de médicaments de la RAMQ est considérée comme la meilleure parmi tous les régimes publics, elle couvre tout de même 7 000 médicaments de moins que la plupart des régimes privés.

Les coûts additionnels pour le secteur public (gouvernements fédéral et provinciaux combinés) sont estimés à 11,2 milliards de dollars (G$) en 2024 et 2025, pour atteindre 13,4 G$ en 2027 et 2028. Les dépenses totales en médicaments dans le cadre de Pharmacare sont estimées à 33,2 G$ en 2024 et 2025, pour augmenter à 38,9 G$ en 2027 et 2028.

Le rapport du DPB analyse les dépenses actuelles en médicaments au Canada, fournit une répartition provinciale des coûts projetés, examine le pourcentage dépensé pour les médicaments génériques par rapport à leurs homologues de marque et fait des hypothèses sur l’impact de la mise en œuvre de Pharmacare sur les prix des médicaments.

Premièrement, le DPB estime qu’un formulaire commun permettrait d’obtenir un pouvoir de négociation plus fort. « Par conséquent, le prix de tous les médicaments existants pourrait être négocié à la baisse pour atteindre les prix les plus bas actuellement observables au Canada », indique-t-il.

« Deuxièmement, nous supposons qu’un seul payeur public serait en mesure de négocier une réduction supplémentaire, conformément aux rabais confidentiels actuels que les gouvernements provinciaux peuvent actuellement négocier avec les entreprises pharmaceutiques », ajoute le DPB. Les régimes de médicaments en cas de catastrophe et le plan des médicaments essentiels sont également examinés et détaillés.

L’ACCAP affirme dans un communiqué que ces mesures transféreraient plus de 14 G$ de couverture d’assurance privée sur les livres du gouvernement. « Un tel programme entraînera également des millions de Canadiens ayant moins de couverture en médicaments qu’aujourd’hui », déclare l’Association.

« En 2022, les assureurs ont payé 14,3 G$ en coûts de médicaments dans le cadre des régimes d’avantages sociaux en milieu de travail — représentant plus d’un tiers des dépenses en médicaments sur ordonnance au Canada. Dans le cadre d’un régime à payeur unique, l’intégralité de ces coûts — qui ont augmenté de 8 % l’année dernière — passerait dans les livres du gouvernement », affirme l’ACCAP.