À compter du 31 mars 2023, les bénéficiaires du Programme de médicaments de l’Ontario à qui un médicament biologique d’origine est prescrit commenceront à passer gratuitement à une version biosimilaire homologuée de ce médicament, a annoncé le gouvernement de l’Ontario.
L’Ontario dit être « la huitième collectivité publique canadienne » à amorcer la transition vers les médicaments biosimilaires, après la Colombie-Britannique, l’Alberta, le Nouveau-Brunswick, le Québec, les Territoires du Nord-Ouest, la Nouvelle-Écosse et la Saskatchewan.
Les patients ontariens couverts pour les médicaments biologiques de marque Copaxone, Enbrel, Humalog, Humira, Lantus, NovoRapid, Remicade et Rituxan devront faire la transition vers la version biosimilaire de ces médicaments d’ici le 29 décembre 2023. Le gouvernement ajoute que certains patients pourront profiter d’exemptions dans certaines circonstances cliniques évaluées au cas par cas en consultation avec leur fournisseur de soins de santé. Un médicament biosimilaire coûte moins cher que le médicament d’origine correspondant, parfois jusqu’à 40 % de moins.
Sécuritaire et efficace
En élargissant l’utilisation de pharmacothérapies biosimilaires pour sa population, la province soutient que la transition vers les produits biosimilaires permettra à la province d’investir dans les médicaments et d’en améliorer l’accès. « L’Ontario rejoint d’autres provinces et territoires du pays en élargissant l’utilisation sécuritaire et efficace des médicaments biosimilaires », a déclaré Sylvia Jones, vice-première ministre et ministre de la Santé.
La ministre de la Santé de l’Ontario assure que les patients continueront à recevoir un traitement de même qualité, et que le gouvernement pourra financer davantage de nouvelles pharmacothérapies. Selon Sylvia Jones, son gouvernement pourra aussi favoriser l’innovation dans le système de santé, et continuer son travail pour prodiguer de meilleurs soins interconnectés aux patients.
Le gouvernement ontarien souligne que les produits biosimilaires subissent le même processus robuste et rigoureux d’homologation par Santé Canada. Pour être homologué au Canada, il faut prouver qu’un produit biosimilaire est fortement semblable au produit d’origine, sans différence clinique significative en matière d’innocuité et d’efficacité, explique-t-il.
Enthousiasme généralisé
L’industrie des médicaments biosimilaires salue l’annonce du gouvernement de l’Ontario. « L’élargissement de l’utilisation de produits biosimilaires favorisera la pérennité du programme de médicaments de l’Ontario en encourageant les entreprises à mettre sur le marché un plus grand nombre de produits, ce qui permettra d’offrir aux patients les traitements de grande qualité et les services de soutiens dont ils ont besoin et qu’ils méritent de recevoir », a signalé Jim Keon, président de Biosimilaires Canada.
L’association et ses entreprises membres disent féliciter le gouvernement d’aller de l’avant avec une politique de passage aux produits biosimilaires. Ils affirment leur détermination à travailler avec le gouvernement, les spécialistes et les intervenants afin d’assurer une transition harmonieuse vers les produits biosimilaires pour la population ontarienne.
Pfizer Canada a figuré parmi les manufacturiers de médicaments biologiques d’origine à réagir positivement au passage de l’Ontario aux médicaments biosimilaires. « Pfizer appuie les efforts du ministère de la Santé pour accroître l’accès aux traitements biosimilaires rentables pour les résidents de l’Ontario », a réagi Frédéric Lavoie, leader des affaires de Pfizer en inflammation et immunologie.
La transition passera mieux
L’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes (ACCAP) a précisé au Portail de l'assurance qu'elle n’a pas publié de communiqué concernant l’annonce de l’Ontario par rapport au passage aux biosimilaires.
Présidente, ACCAP-Québec, et vice-présidente principale, politiques et réglementation des marchés, de l'ACCAP, Lyne Duhaime a toutefois partagé la position de l'association à l'égard de l’adoption des biosimilaires. « Notre industrie n’a pas adopté une approche uniforme en matière de gestion de remboursement des biosimilaires. Chaque compagnie d’assurance développe ses stratégies pour le remboursement des biosimilaires. Cela étant dit, l’ACCAP et ses membres appuient l’adoption des biosimilaires pour plusieurs raisons notamment de concurrence, de gestion des coûts ainsi que le fait qu’ils offrent des alternatives de traitement », a énoncé Mme Duhaime.
Vice-président exécutif et leader, assurance collective, de Beneva, Éric Trudel croit pour sa part que la décision de l’Ontario aidera à faire passer la pilule de la transition. « Du côté de Beneva, notre approche favorisant l’utilisation des biosimilaires est pancanadienne. Ça ne change donc rien pour nos promoteurs de régimes, puisque nous avons fait le virage en même temps que pour les groupes du Québec l’an dernier », explique M. Trudel.
« Toutefois, on vivait à l’occasion de la résistance ou de l’incompréhension de la part d’assurés ou de promoteurs de l’Ontario qui se demandaient pourquoi la province de l’Ontario n’emboîtait pas le pas. La décision de cette semaine de l’Ontario va donc dans le bon sens et va faciliter une adhésion universelle aux biosimilaires partout au pays, que ce soit dans les régimes publics ou les régimes privés », a ajouté Éric Trudel.
Depuis 15 ans en Europe
Lors de son annonce, le gouvernement ontarien a énoncé quelques faits sur les médicaments biosimilaires, par exemple que ces produits sont utilisés dans l’Union européenne depuis plus de 15 ans.
Le gouvernement précise que les médicaments biologiques sont fabriqués à partir d’organismes vivants, plutôt que de façon synthétique. Il peut s’agir de levure ou de cellules animales. Ils sont souvent utilisés pour traiter des patients atteints de problèmes de santé chroniques comme la polyarthrite rhumatoïde, la maladie intestinale inflammatoire et le diabète.
Il ajoute que les produits biosimilaires entrent sur le marché à l’expiration du brevet du produit biologique d’origine. Ils doivent présenter une efficacité, une innocuité et une qualité semblables au produit biologique d’origine. Son utilisation doit avoir été préalablement homologuée par Santé Canada.