L’agence de notation AM Best signale que la capacité du marché canadien de l’assurance à absorber la volatilité causée par la pandémie l’a amenée à relever ses pronostics pour l’assurance vie et les rentes, qui passe de négatives à stables. Le segment de l’assurance de dommages maintient sa note « stable ».

Dans son dernier rapport sur les segments du marché intitulé Canada Insurance: P/C Segment Remains Resilient, L/A Segment Outlook Turns to Stable (traduction libre : L’assurance au Canada : l’assurance dommages reste résiliente ; le secteur vie-rentes devient stable), AM Best brosse un tableau détaillé de l’économie canadienne, des transactions de la Banque du Canada et du climat de consommation. La firme se penche également sur le marché du travail, le prix du logement et l’inflation, avant de recentrer son analyse sur les secteurs de l’assurance dommages et de l’assurance vie et rentes au Canada. 

Un rendement opérationnel rentable

Pour ce qui est de l’assurance dommages, les analystes déclarent que l’agence continue d’entrevoir une stabilité en raison du redressement de la capitalisation de l’industrie en fonction du risque, de la rentabilité, de l’amélioration de la souscription en 2020 et du maintien — voire de l’élargissement — de ses principes de gestion du risque.

Ils précisent que l’exercice 2020 a procuré de bons résultats financiers. Le capital de base de l’industrie a augmenté de 11 %, soit de près de 5 milliards de dollars comparativement à la fin de l’exercice 2019. Le ratio mixte du secteur s’est en outre amélioré de près de quatre points en 2020, atteignant 96,6. Par ailleurs, le fonds de primes du secteur a augmenté de plus de 8 % en 2020, et ce, après avoir affiché une croissance de plus de 10 % en 2019.

La plupart des grands secteurs de produits ont enregistré une croissance modérée à élevée de leurs primes, similaire à celle de 2019 — la plupart à plus de 8 %. En ce qui concerne les secteurs comme l’immobilier commercial et la responsabilité civile, les augmentations sont plutôt dans les 10 % et au-delà, explique-t-on. Selon Best, la croissance de la plupart des secteurs a été principalement stimulée par des programmes touchant la tarification et la souscription.

Diminution des demandes d’indemnisation

Selon les indications préliminaires, le premier trimestre 2021 aura été le meilleur des premiers trimestres depuis de nombreuses années, estiment les analystes, en raison d’une diminution des demandes d’indemnisation du côté de l’automobile et de l’habitation. Ceci s’explique notamment par la fermeté des taux, le maintien des restrictions liées à la COVID-19 et le fait que les conditions climatiques plus clémentes n’ont pas entraîné de grands sinistres.

Les analystes notent également que les primes automobiles sont en forte hausse et que la souscription en habitation affiche une amélioration notable. Les revenus de placement ont diminué de 7 % en 2020. Poussant encore plus dans les détails, le rapport aborde également le risque d’incendies de forêt en Colombie-Britannique, la pénurie de bois d’œuvre en Amérique du Nord et les développements de la technologie des chaînes de blocs.

Rendement des assureurs vie

Relativement au secteur de l’assurance vie et des rentes, AM Best affirme que son analyse reflète les redressements des assureurs. C’est le cas pour leur risque hors bilan suffisamment bien pour grandement atténuer l’effet des tensions du marché financier et du contexte actuel, car leur capital réglementaire a de tout temps été solide.

La situation actuelle reste très changeante, la plupart des grands pays se hâtant de prendre des mesures devant les nouveaux variants de COVID-19. S’il survenait davantage de défaillances de crédit chez les entreprises moins solides qui misent plus sur l’endettement et qui disposent de peu de liquidités, cela pourrait encore avoir un impact sur le rendement des investissements. Ces risques sont cependant moindres qu’il y a un an, calculent-ils.

Atténuation des risques touchant le bilan

Les incidences de la pandémie sur les marchés financiers ont été beaucoup moins fortes et de plus courte durée que ce que l’on prévoyait il y a un an ; ce constat a joué un rôle particulier dans l’exercice de notation. La diversification des revenus des assureurs canadiens et la solidité de leurs bilans leur ont également permis de tolérer la volatilité des marchés. De plus, ils ont maintenu leur solide capitalisation tout au long de la crise économique, car ils ont pu réduire les risques liés à leurs bilans globaux au cours de la dernière décennie.

Les sociétés d’assurance vie et maladie canadiennes ont touché davantage de primes directes en 2020, grâce à la croissance en Asie. Du côté des États-Unis et en Europe, elles sont cependant restées stables et elles affichent une baisse sur le marché canadien. La répartition des investissements des assureurs n’a pas changé au cours de l’exercice ; les bilans restent solides. On remarque aussi que les pratiques en matière de souscription se sont améliorées et que les transferts de risques liés aux rentes continuent de croître.