Entre 2011 et 2016, au Québec, le nombre de ménages vivant en copropriété a augmenté de 29 %, selon l’étude L’essor de la copropriété au Québec, publiée en mars 2019 par l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ). Le rapport vise à quantifier l’incidence de la copropriété dans la construction résidentielle au Québec depuis 50 ans.
C’est à la suite de l’adoption du projet de loi 29, en novembre 1969, que le Code civil du Québec a été modifié afin de permettre la copropriété divise. Cinq décennies plus tard, on comptait 329 335 logements en copropriété divise au Québec, et leur valeur foncière était estimée à 88,6 milliards de dollars (G$), souligne Luc Bélanger, président-directeur général de l’APCHQ.
Selon Paul Cardinal, auteur du rapport et directeur du service économique de l’APCHQ, le nombre de nouvelles unités résidentielles en copropriété (13 142) a dépassé, pour la toute première fois en 2014, celui des maisons unifamiliales (11 470).
Logements vieillissants : le poids des réparations
Dans son étude, l’APCHQ a trié les données du Recensement de 2016 de Statistique Canada pour en tirer quelques recommandations. L’âge moyen du parc de copropriétés est de 29 ans au Québec. Quelque 56 % des unités ont été construites avant 2000, dont plus de 100 000 avant 1980.
Quelque 31 % des habitations en copropriété construites avant 2000 nécessitent des réparations. Les syndicats de copropriété ne doivent pas négliger la planification financière et opérationnelle des réparations, estime-t-on dans le rapport. « Les immeubles souffrant de déficit d’entretien et dont les fonds de prévoyance sont insuffisants risquent d’entrainer des cotisations spéciales onéreuses pour leurs copropriétaires », indique l’APCHQ.
Jeunes et moins jeunes y trouvent leur compte
La copropriété est particulièrement populaire auprès de deux types de clientèles. En premier lieu, les jeunes ménages y voient un moyen plus abordable d’accéder à la propriété. Ils conserveront leur copropriété quelques années afin de constituer le capital requis pour ensuite acquérir une résidence unifamiliale. La forte croissance des prix sur le marché immobilier ces dernières années a facilité cette approche, puisque la valeur de revente a rapidement progressé.
L’autre clientèle la plus présente dans ce marché de la copropriété est celle des ménages vieillissants et dont les enfants ont quitté la résidence unifamiliale. Cette croissance du nombre des « nids désertés » expliquerait le développement d’immeubles en copropriété plus haut de gamme dans la première couronne de banlieue, selon l’APCHQ.
Trois tendances lourdes
Le développement du marché de la copropriété va continuer de s’accélérer. C’est la conséquence de trois tendances lourdes : la démographie, l’abordabilité et la densification.
- Démographie. Des ménages plus petits nourrissent la tendance vers des logements plus petits et qui demandent moins d’entretien. « En 1971, le ménage québécois moyen était constitué de 3,7 personnes. En 2016, la taille moyenne des ménages avait diminué à 2,3 personnes. »
- Abordabilité. Pour les plus jeunes ménages, la copropriété offre une solution d’habitation plus abordable. Dans la région de Québec, le prix médian d’une copropriété en 2018 était de 190 000 $, soit 63 500 $ de moins qu’une maison unifamiliale. Cet écart atteignait 88 000 $ à Gatineau et 68 000 $ dans l’ile de Montréal.
- Densification. En raison de la rareté des terrains, la plupart des grandes villes et communautés urbaines privilégient la densification. Elles conçoivent ainsi des plans d’aménagement qui limitent la construction de maisons unifamiliales au profit d’immeubles de plus forte densité, dont des immeubles en copropriété.
Retrouvez l’étude sur le site Web de l’APCHQ.