Dans son édition de novembre 2024, le Journal de l’assurance a révélé que les assureurs de personnes ont augmenté leurs revenus de 8,3 % en 2023, par rapport à 2022, pour les porter à 88,3 milliards de dollars (G$). 

Premier du marché en termes de revenus, Manuvie détient une part de 27,1 %, suivi de Sun Life (24,2 %), Canada Vie (22,9 %) et iA Groupe financier (6,1 %).

« Les quatre plus grands assureurs vie canadiens devraient clôturer l’année 2024 en force », avance pour sa part Morningstar DBRS, dans un bulletin publié le 13 décembre. 

Ceux que l’agence de notation appelle les Big 4 auront profité en 2024 de marchés boursiers robustes, croit-elle. Ils auront aussi tiré parti d’une demande soutenue envers les services financiers, tant en Amérique du Nord qu’en Asie, poursuit l’agence. « À l’avenir, ces conditions favorables devraient perdurer dans notre scénario de base », peut-on lire.

Vieillissement et classe moyenne 

Dans son bulletin, Morningstar DBRS cite deux tendances favorables aux assureurs canadiens : le vieillissement démographique à l’échelle mondiale et la croissance de la classe moyenne en Asie. Ils pourraient selon elle jouer un rôle pour combler le manque de financement des systèmes publics de retraite et de santé.

L’agence de notation s’attend à ce que Sun Life continue de développer son secteur de l’assurance santé aux États-Unis, et que Great-West Lifeco (société mère de la marque Canada Vie) mise sur l’administration de régimes de retraite dans cette région. Elle estime que Manuvie accroîtra encore ses revenus en Asie. Morningstar DBRS ajoute qu’iA Groupe financier pourrait explorer le sentier des acquisitions, particulièrement aux États-Unis, grâce à de solides résultats financiers et un ratio d’endettement inférieur à celui de ses concurrents. 

Les assureurs ciblent directement les individus fortunés en proposant des produits d’assurance traditionnels combinés à des services bancaires – McKinsey & Company 

Dans Global Insurance Report 2025 : Growth and relevance in life and beyond, McKinsey & Company estime que les assureurs tireront aussi leur épingle du jeu en Europe. La firme de consultation rappelle que le Vieux continent a su marier assurance et services bancaires. « En Europe, les produits d’assurance vie sont depuis longtemps intégrés à des canaux de distribution axés sur la gestion de patrimoine », soulignent les auteurs du rapport de McKinsey.

Le consultant ajoute que « les assureurs ciblent directement les individus fortunés en proposant des produits d’assurance traditionnels combinés à des services bancaires ». Le consultant remarque qu’en intégrant des capacités bancaires, les assureurs peuvent offrir une gestion de patrimoine personnalisée, des opportunités d’investissement et des solutions financières sur mesure, adaptées aux besoins complexes de cette clientèle. 

Risques géopolitiques… 

Morningstar DBRS ajoute toutefois que la valorisation élevée des actions américaines et les tensions géopolitiques demeureront des risques baissiers bien présents en 2025.

Manuvie et Sun Life pourraient subir des répercussions négatives en cas de détérioration des relations commerciales entre la Chine et les États-Unis - Morningstar DBRS 

Au sujet des risques géopolitiques, l’agence de notation fait valoir que les assureurs de personnes canadiens exercent des activités à l’échelle mondiale. Ils ont donc des expositions importantes aux États-Unis, en Asie et en Europe, signale-t-elle dans son bulletin. Elle précise que Manuvie et Sun Life sont particulièrement exposées à l’Asie, et Great-West Lifeco à l’Europe. 

« Bien qu’il n’y ait aucun signe indiquant que des tarifs ou d’autres barrières aux opérations internationales seront appliqués aux institutions financières, Manuvie et Sun Life opèrent par l’entremise de coentreprises dans certains marchés asiatiques, notamment en Chine continentale, et pourraient subir des répercussions négatives en cas de détérioration des relations commerciales entre la Chine et les États-Unis », analyse Morningstar DBRS.

Les divergences croissantes entre les régions seront probablement accentuées par les orientations politiques du prochain gouvernement américain – Swiss Re Institute 

Dans son étude sigma no 5 de 2024, Swiss Re Institute observe de son côté que « la répartition des risques penche vers le côté négatif », en raison de facteurs géopolitiques, de la possibilité de changements politiques perturbateurs et de vulnérabilités sur les marchés financiers. « Les divergences croissantes entre les régions seront probablement accentuées par les orientations politiques du prochain gouvernement américain », peut-on lire.

… Et réglementaires 

Plus près de chez nous, le risque réglementaire sera un autre vent de face à surveiller. Surtout pour le réseau de distribution d’assurance indépendant, qui pourrait voir le fardeau de conformité s’accroître en 2025. 

En juin 2024, plusieurs régulateurs d’assurance canadiens se sont rendus au congrès de l’Association canadienne des agences indépendantes de courtage d’assurance vie (CAILBA), à Whistler en Colombie-Britannique, pour dire qu’ils exigeront que les agents généraux supervisent davantage leurs conseillers.

Lors d’un panel réglementaire qui s’est déroulé à ce Congrès, des représentants de l’Alberta Insurance Council, du Insurance Councils of Saskatchewan, du Insurance Council of British Columbia et de la Commission des services financiers et des services aux consommateurs du Nouveau-Brunswick ont uni leurs voix pour formuler leurs exigences envers les agents généraux.

Au Québec, les décisions de la Chambre de la sécurité financière alimentent régulièrement les pages du Journal de l’assurance. Le Portail de l’assurance continuera d’ailleurs de suivre l’évolution de la situation au bureau du syndic de la Chambre de la sécurité financière

Les problèmes de rétention de personnel et le départ de la syndique Claude Baril ont fait les manchettes au début de l’automne dernier. La syndique adjointe Julie Dagenais occupe le poste de manière intérimaire, mais le prochain titulaire du poste n’est pas encore connu. Les problèmes de rétention et de recrutement avaient été notés par l’Autorité des marchés financiers, lors d’une précédente inspection menée à la Chambre. 

Par Alain Thériault, avec la collaboration d’Alain Castonguay