Mise en place il y a un an, l’assurance de remplacement a remporté un vif succès au chapitre des ventes. Elles atteignent déjà les dizaines de millions de dollars. Les assureurs directs et les concessionnaires automobiles raflent la manne.
Au terme de 2010, l’Autorité des marchés financiers a publié les chiffres de vente du nouveau produit dans le Rapport sur la tarification automobile. Entre le 1er octobre 2010, date d’entrée en vigueur de la nouvelle règlementation, et le 31 décembre 2010, les primes directes souscrites atteignaient 16 857 117 $. Les concessionnaires automobiles s’accaparaient 14 768 751 $ des primes, et ce, même si la prime moyenne qu’ils vendaient était 600 $ supérieure à celle des courtiers. La prime moyenne des concessionnaires automobiles est de 1 538 $, contre 923 $ pour les courtiers.
La vague se poursuit
La vague ne s’est pas arrêtée en 2011. Bien au contraire! Le Journal de l’assurance a fait une tournée des joueurs présents dans ce marché. Peu ont dévoilé leurs chiffes de ventes, mais tous s’entendent pour dire que les ventes sont très bonnes.
Suzanne Michaud, vice-présidente, expérience-client chez Industrielle Alliance, Assurance auto et habitation, estime que sa compagnie est le leader dans ce marché. Son volume de primes directes souscrites dépasse les 30 millions de dollars (M$).
« Le produit mis en place par l’Autorité a généré un intérêt grandissant de la part des consommateurs et des concessionnaires. Ils sont plus à l’aise. Ils savent qu’il est solidement encadré. Il y a une belle demande pour le produit. Il y a même des concessionnaires qui nous appellent parce qu’ils sont intéressés à le vendre. Ce n’était pas le cas avant », dit-elle.
Yvon Charest, PDG d’Industrielle Alliance, Assurance et services financiers, dont Industrielle Alliance, Assurance auto et habitation est une filiale, vante aussi ce produit. Il en a donné quelques indications supplémentaires lors du Sommet des institutions financières de Scotia Capital, tenu le 8 septembre dernier. « L’assurance de remplacement est une bulle qui devrait grossir pour nous dans le futur. En 2007, ce produit représentait 12 % de nos ventes en assurance de dommages. Il en représente maintenant 20 %. Il est aussi rentable que notre produit pour créanciers. Il devrait contribuer significativement à notre rentabilité », a-t-il dit.
Du côté de SSQ Auto, on a mis la main sur le volume d’assurance créancier et d’assurance de remplacement de la bannière Assur-Experts, commercialisé sous la marque Groupe Finance & Indemnisation (Groupe F&I). Son volume totalisait 20 M$. Il faut dire que l’assureur effectue un retour rapide dans ce marché. Son distributeur principal était Vision Avant-Garde (VAG), qui s’est vendu à l’Industrielle Alliance. Selon Marie Lamontagne, première vice-présidente aux communications et marketing institutionnel, le volume de SSQ en assurance de remplacement était de 7 M$ à la mi-juin.
Le produit se vend beaucoup
Deux autres assureurs directs commercialisent leur produit par l’entremise des concessionnaires automobiles. On retrouve tout d’abord Canassurance. Guy Papillon, vice-président ventes et projets spéciaux chez Croix Bleue du Québec et de l’Ontario, dont Canassurance est une filiale, n’a pas voulu dévoiler ses chiffres de vente.
Il a toutefois mentionné que le produit d’assurance de remplacement « se vend beaucoup ». Son principal distributeur est le Groupe PPP, une filiale de Voyer Marketing.
La Capitale assurances générales distribue aussi son produit d’assurance de remplacement par l’entremise du Groupe PPP. L’assureur n’a toutefois pas voulu donner de détails sur ses ventes.
Puisque les concessionnaires automobiles semblent s’approprier ce marché, reste-t-il de la place pour les courtiers? Mario Lortie, président de CIME, affirme que oui.
Il souligne aussi que le courtier a l’obligation de proposer deux produits, ce que le concessionnaire n’a pas à faire. Outre l’assurance de remplacement, il peut proposer la valeur à neuf, qu’il offre d’ailleurs depuis longtemps.
M. Lortie qualifie ses ventes d’excellentes en assurance de remplacement. Sans dévoiler de chiffres, il souligne que pour certains mois, ses ventes en unités sont supérieures de 20 % à 30 % à celles des mêmes mois un an plus tôt. Il y a même eu un mois où ses ventes étaient supérieures de 50 %.
CIME est le distributeur exclusif d’un produit manufacturé par Intact Assurance. L’assureur n’a pas voulu dévoilé ses chiffres de vente, mais se dit très satisfait des résultats. « Ça répond à un besoin des consommateurs », a ajouté Alexandre Royer, porte-parole d’Intact.
Aviva Élite est le seul autre assureur à courtage à manufacturer le produit. L’un de ses distributeurs, Courtier en service automobile (CSA), est toutefois en faillite.
AXA Assurances manufacturait aussi un produit pour AssurExperts. Toutefois, avec la vente du Groupe F&I et l’acquisition d’AXA par Intact, la présence de l’assureur dans ce segment est maintenant marginale, a fait savoir Anne Pedicelli, porte-parole d’AXA.
Plusieurs disparus
Des dix assureurs autorisés à distribuer le produit à l’été 2010, on n’en retrouve plus que sept. Et encore, AXA fait partie des sept assureurs pouvant distribuer le produit. Les disparus sont L’Union Canadienne, Trisura Garantie et BélairDirect.