Jean-François Desautels a été pressé de questions lors du panel des dirigeants du congrès du Regroupement des cabinets de courtage d’assurance du Québec (RCCAQ) quant à savoir pourquoi Intact Assurance faisait cavalier seul dans le développement technologique de solutions au bénéfice du courtage.
Le premier vice-président d’Intact Assurance au Québec a réitéré que l’assureur n’a pas l’intention d’attendre le développement d’une solution technologique intégrée, permettant aux courtiers de travailler dans de mêmes normes auprès de tous les assureurs, notamment. L’assureur n’a pas le luxe d’attendre cet accomplissement, dit M. Desautels, vu la rapidité des changements technologiques dans la société.
Il se dit néanmoins content de voir bon nombre de courtiers accélérer leurs propres investissements technologiques. Être en retard d’un point de vue technologique est la plus grande menace qui guette le courtage, a affirmé M. Desautels.
Il en donne pour exemple le fait que Desjardins Assurances possède les adresses courriel de la majorité de ses clients, selon des chiffres qu’il a avancés lors du panel. Chez belairdirect, filiale à distribution directe qu’Intact possède, ce taux est de 75 %. La moyenne des assureurs directs est à plus de 80 % selon lui. Le courtage n’est pas là, a-t-il affirmé.
« Plusieurs courtiers me disent qu'environ 20 % des appels avec leurs clients se font pour changer la date d'un prélèvement bancaire. Ça accapare leurs ressources, car c'est quelque chose que le client peut faire lui-même. De plus, il faut compter en moyenne 54 jours pour avoir l’information d’un client après l’émission d’une nouvelle affaire en assurance des entreprises lorsqu'une inspection est requise. Ça vient avec des couts d’opération. Ça a aussi un impact sur la rentabilité du portefeuille. »
Ainsi, attendre une solution parfaitement intégrée pour le courtage risque de prendre énormément de temps, affirme M. Desautels. « Nous avons choisi d’accélérer le développement de solutions pour les courtiers pour mieux concurrencer. Une PME qui est pénalisée parce qu’elle n’a pas les bons outils, c’est dramatique ! C’est le plus gros défi. On veut jouer un rôle essentiel auprès du courtage pour qu’ils aient des solutions, que ce soit une solution d’industrie ou pas. »
Comment développer la technologie ?
Il y a toutefois un cout qui vient à ce développement technologique, reconnait M. Desautels. Il y voit même l’un des grands défis de la distribution à travers le monde. C’est pourquoi l’assureur doit prendre une part assez importante de ce développement, dit-il.
« Nous avons une responsabilité très forte de la développer, puis de l’offrir au courtier pour qu’il puisse ensuite en tirer profit. On ne peut pas penser qu’un courtier puisse bâtir un site transactionnel par ses propres moyens. Si on arrive à combiner les deux, le courtage sera redoutable. »
M. Desautels se dit ainsi convaincu que la combinaison de la technologie avec le courtier au moment critique où celui-ci parle à son client lui permettra justement de passer l’essentiel de son temps à ajouter de la valeur et à être meilleur qu’à ce que font les assureurs directs.
« Nous ne sommes pas fermés aux solutions externes, dit le premier vice-président d’Intact au Québec, en donnant l’exemple de l’espace client. Nous considérons toutefois plus bénéfique de consacrer nos énergies à développer notre solution. Il ne faut pas oublier à quelle vitesse le changement se produit. »
M. Desautels a réitéré que les courtiers qui ne souhaitent pas utiliser les solutions technologiques d’Intact pourront le faire, notamment au niveau de l’espace client. « Nous voulons toutefois donner du fil à retordre à ceux qui développent des solutions, car nous croyons être capables de livrer quelque chose de supérieur aux assureurs directs. »
Il dit aussi croire que colliger des données aidera les cabinets de courtage à surmonter le redressement de marché en assurance des entreprises. Il a d’ailleurs salué le fait que des courtiers de grande envergure aient aidé de plus petits cabinets de courtage à trouver des solutions pour des clients vivant des difficultés à s'assurer.
M. Desautels dit voir de l’espoir en ce qui a trait à la fin de la crise de souscription en assurance des entreprises. « La situation va s’améliorer, même s’il reste beaucoup de travail à faire », a-t-il commenté.
La distribution par courtage n’est pas remise en question chez Intact
Le lancement d’un réseau d’agences au Québec laisse-t-il entendre qu’Intact requestionne sa position dans le courtage ? Non, affirme M. Desautels.
« Dès le début des consultations publiques en 2017 et qui ont mené à l’adoption du projet de loi 141, nous avons milité pour que l’évolution et la concentration du marché viennent avec une plus grande transparence pour permettre aux courtiers qui le souhaitent d’avoir une plus grande proximité avec les assureurs. Plusieurs solutions ont été mises sur la table, dont certaines ont été rejetées. Nous avons présentement un environnement législatif avec lequel on doit s’adapter », a dit M. Desautels.
Il d’ailleurs profité du panel du RCCAQ pour saluer de nouveau le sérieux de l’Autorité des marchés financiers dans ses démarches de consultation. « Pour certains entrepreneurs et distributeurs, on se devait d’offrir un choix, puisqu’ils étaient contraints dans leurs libertés. Nous avons toujours été proactifs à dire que nous offririons un nouveau modèle. Il ne faut toutefois pas oublier que le courtage, c’est 90 % de nos affaires », dit M. Desautels.