Avec l’augmentation de l’espérance de vie des Canadiens, les régimes de retraite à prestations déterminées risquent de ne pas suivre. Il s’agit là du fameux risque de longévité, dont les caisses de retraite cherchent à se départir.

À l’occasion de la présentation des perspectives 2019 de Mercer sur les régimes de retraite, F. Hubert Tremblay, conseiller principal, a évoqué trois tendances qui se développent en matière de gestion du risque de longévité. Les voici.

L’assurance longévité

Un employeur peut avoir recours au swap de longévité. Il s’agit d’une action par laquelle il transfère le risque de longévité qui pèse sur son régime de retraite à un assureur. L’employeur verse alors des primes à l’assureur. En contrepartie, l’assureur assume les prestations des retraités du régime qui vivent au-delà d’un seuil fixé au préalable entre l’entreprise et l’assurance.

À ce jour au Canada, la plus grosse transaction de ce type a été conclue en 2015. La Financière Sun Life et un syndicat de réassureurs formé de RGA Canada et SCOR Global Life avaient alors décidé d’assurer le risque de longévité encouru par Bell Canada.

Transfert de la valeur actualisée vers un autre régime

Transfert vers un régime de retraite conjoint

Dans ce cas-là, un gros régime de retraite aspire de plus petits régimes. C’est ce qui s’est passé dans le cadre de l’accord conclu, en Ontario, entre Postmedia et le Régime des CAAT. Ce dernier a absorbé les six régimes de retraite à prestations déterminées du groupe de presse.

Transfert vers un régime de retraite par financement salarial (RRFS)

Ici, l’employeur transfère la gestion du plan de retraite à des employés réunis en groupe. Dans un cadre syndiqué, le syndicat pourrait être chargé de cette gestion. Au Québec, un RRFS des groupes communautaires et des femmes a été créé en 2008, avec l’appui du service aux collectivités de l’UQAM.

Transfert vers un régime de retraite à prestations cibles (RRPC)

Il s’agit là d’une combinaison entre le régime à prestations déterminées et le régime à cotisation déterminée. Les cotisations patronales et salariales, ou la façon de les calculer, sont déterminées à l’avance. Cependant, le montant de la rente peut être ajusté en fonction de la capacité financière du régime. Pour le moment, au Québec, ce type de régime est seulement autorisé pour certaines entreprises du domaine des pâtes et papiers telles que Produits forestiers Résolu.

L’achat de rentes synthétiques

En décembre 2018, Microsoft et BlackRock se sont associés pour développer un concept, encore embryonnaire. Les deux multinationales américaines, l’une spécialisée en informatique et l’autre en gestion d’actifs, s’activent à créer une plateforme numérique qui aidera les Américains à épargner et investir pour leur retraite.

Cette plateforme, qui pourrait être lancée en 2019, sera proposée par les employeurs. Son but sera d’offrir aux employés la possibilité d’acheter des produits à revenu garanti par le biais de leur régime de retraite. En clair, plutôt que d’acheter une rente classique, les employés achètent une « rente synthétique ». C’est-à-dire qu’ils vont acheter des produits financiers qui leur offriront un revenu garanti à la retraite, simulant ainsi le comportement d’une rente normale. À terme, Microsoft et BlackRock espèrent étendre cette technologie à d’autres pays.

Ce type d’outil facilitant l’investissement des employés pourrait fortement réduire les risques financiers qui pèsent sur l’employeur dans le cadre d’un régime à cotisations déterminées.

Série de trois textes

Lisez les autres comptes-rendus de la conférence de Mercer sur les régimes de retraite, publiés lundi et mardi. Le premier traitait des risques financiers des régimes à cotisation déterminée et le second sur le rôle de l'employeur et des conseillers pour aider les femmes à épargner suffisamment pour la retraite.