Les révisions réglementaires canadiennes en cours sur l’intérêt du client semblent ignorer le conflit d’intérêts que posent les fonds maison des grandes institutions financières, vendus par des représentants qui sont leurs employés.

Ces produits distribués principalement par les banques font l’objet de quotas de vente auprès des représentants, aussi employés des promoteurs, a dit Peter Intraligi, PDG d’Invesco Canada.

« C’est une différence clé unique au Canada : 65 sous de chaque dollar investi dans des fonds vont à des produits maison, soutient M. Intraligi en citant les données d’un rapport d’Investor Economics. Vous n’avez pas ce phénomène aux États-Unis. »

Jason MacKay, vice-président principal directeur des ventes nationales de la compagnie, qualifie ce biais envers les fonds maison de trait culturel canadien. « Les Canadiens font confiance à leurs banques et les régulateurs en font autant », déplore M. MacKay.

Il croit que l’abolition des commissions entrainera une ruée des fonds vers les produits maison. Cela aura pour effet de réduire encore plus les choix des investisseurs.

Peter Intraligi renchérit : la recherche d’un terrain nivelé ne peut tolérer une telle culture. « Nous sommes farouchement indépendants et nous croyons que le conseil doit être indépendant. Me serait-il permis de prescrire un médicament fabriqué par ma propre compagnie ? Si vous voulez créer une infrastructure égale pour tous, elle doit régler tous les problèmes », s’insurge-t-il.

Invesco croit par ailleurs que niveler les commissions plutôt que les abolir réglerait bien mieux tout conflit d’intérêts. « Les régulateurs craignent que payer un conseiller au moment où il vend un produit entraine un potentiel conflit d’intérêts. Nous ne partageons pas ce point de vue. Si nous avions un mode de rémunération nivelé, par exemple une commission de 1 % pour tous les fonds, nous éliminerions ce conflit », soutient le PDG d’Invesco.

Les fonds maisons ont permis aux banques de passer de joueurs modestes en termes de gestion d’actifs de fonds communs au début des années 2000 à une position dominante aujourd’hui, ajoute M. McKay. La tendance s’accentuera avec la ruée vers les fonds négociés en bourse (FNB) et l’émergence des robots-conseillers. « Surtout lorsque vous combinez ces deux phénomènes avec le fait que l’environnement réglementaire continue d’épargner les fonds maison dans leur quête d’une plus grande transparence. »