L’assouplissement des exigences de capitalisation apporté par les autorités du Québec et de l’Ontario amortit le choc de la pandémie de COVID-19 sur le niveau de solvabilité des régimes de retraite à prestations déterminées, signale l’indice Mercer de la santé financière des régimes de retraite.
Mars a été un dur mois pour les régimes à prestations déterminées, dit le cabinet d’actuaires conseils. L’indice qui reflète le ratio de solvabilité d’un régime de retraite à prestations déterminées hypothétique est passé de 112 % à la fin de 2019 à 103 % à la fin février avant de terminer le mois de mars à 93 %. Le ratio de solvabilité médian des régimes de retraite des clients de Mercer s’est pour sa part établi à 84 % au 31 mars, en baisse par rapport au niveau de 98 % enregistré le 31 décembre, et de 93 % observé le 29 février.
Mercer observe qu’en mars 2020, les niveaux de capitalisation ont atteint leur pire creux depuis 2013; ils ont toutefois légèrement rebondi depuis grâce à la hausse du rendement obligataire à long terme, un peu avant la fin du trimestre.
Assouplissements salutaires
De nombreux promoteurs de ces régimes pourraient toutefois ne pas ressentir les effets de la COVID-19 sur leurs finances, s’ils sont touchés par la réforme récente qui a assoupli les exigences de capitalisation, notamment au Québec et en Ontario, signale F. Hubert Tremblay, conseiller principal au sein du domaine avoirs de Mercer Canada.
Par exemple, les exigences de capitalisation ont été réduites en Ontario en 2018, pour la plupart des régimes de retraite à prestations déterminées moins bien capitalisés. Au Québec, de nombreux changements ont été apportés par la Loi modifiant la Loi sur les régimes complémentaires de retraite principalement quant au financement des régimes de retraite à prestations déterminées, entrée en vigueur en 2016. Des assouplissements sont entrés en vigueur en Colombie-Britannique le 31 décembre 2019, signale pour sa part dans un communiqué le cabinet d’actuaires Eckler.
« Le fait que les marchés ont été secoués au tout début de l'année laisse aux promoteurs la flexibilité nécessaire pour décider des mesures à prendre d'ici la fin de 2020 », ajoute M. Tremblay. L’actuaire croit qu’une évaluation actuarielle des régimes au 31 décembre 2019 permettra aux promoteurs de s'assurer d'un niveau de cotisations fixes allant jusqu'en 2022. « Ce qui, nous l'espérons, laissera le temps aux marchés de s'en remettre. »
Mesures d’exception demandées
Mercer et bon nombre d’autres joueurs du secteur militent actuellement pour l’adoption de plusieurs formes d’allègements administratifs et de financement pour les promoteurs de régimes de retraite et leurs participants. « Ces mesures visent à s’assurer que le système de retraite canadien puisse faire face aux défis que pose la COVID-19, en stabilisant la sécurité de la retraite des Canadiens en ces temps incertains », dit Mercer.
La prudence est de mise
Peu importe les mesures prises, les régimes ne sortiront pas indemnes de la tourmente actuelle. « Manifestement, les niveaux de capitalisation ont diminué et presque tous les régimes PD souffriront de cette crise économique et de santé publique. Néanmoins, nous croyons que les promoteurs peuvent éviter que la crise se propage à leurs régimes en prenant des décisions judicieuses et stratégiques », explique F. Hubert Tremblay.
Parmi les autres effets sur les marchés, M. Tremblay note un écart de rendement accru pour les obligations provinciales et celles d’entreprises, au même moment où le rendement des obligations à long terme du gouvernement du Canada a chuté. « Ce phénomène sera probablement temporaire, mais une incertitude à court terme plane désormais au-dessus de l’évaluation du passif des régimes de retraite PD », ajoute l’actuaire.
« Les récents événements sur les parquets ont entraîné diverses répercussions sur les finances des régimes PD, reprend M. Tremblay. Il faut garder en tête que la volatilité amènera d’étonnants résultats d’un jour à l’autre. Les promoteurs de régimes doivent garder leur calme pendant que les marchés se ressaisissent, tout en restant à l’affût des occasions qui pourraient se présenter. »
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